Publié il y a 12 ans - Mise à jour le 17.12.2011 - stephanie-marin - 4 min  - vu 271 fois

EXCLUSIF : MELOX OUVRE SES PORTES À OBJECTIF GARD

Stéphanie Marin

Stéphanie Marin
Stéphanie Marin

Derrière les murs confinés, se cachent de drôles de machines automatisées et protégées par des boîtes à gants isolantes. Dans les différentes salles, des hommes et des femmes s'affairent, vêtus d'une combinaison blanche marquée du logo d'Areva, chaussés de sabots plastifiés, portant un casque rouge et des gants blancs. Bienvenue dans l'usine Melox, plantée au cœur du site nucléaire de Marcoule.

C'est là qu'est fabriqué le fameux Mox (abréviation de mélange d'oxydes), un combustible recyclé contenant du plutonium et de l'uranium appauvri, qui alimente à 70% les réacteurs à eau légère d'EDF dont la production a commencé en 1995, puis à 30% les réacteurs d'électriciens allemands et japonais. Acheminées depuis l'usine AREVA La Hague, qui assure la première étape du recyclage des combustibles nucléaires usés -- soit la séparation des matières qui vont pouvoir être réutilisées pour la production d'électricité (95 % d’uranium et 1 % de plutonium) et les déchets (4%) -- les matières recyclables réduites en poudre vont pouvoir être traitées à Melox pour donner du Mox.

Cinq étapes seront nécessaires pour arriver à ce résultat. Le mélange des poudres, le frittage (le mélange obtenu est compacté sous forme de pastilles. Celles-ci sont cuites dans un four à haute température pour être converties en céramique), la rectification (les pastilles sont rectifiées entre deux meules afin d'obtenir le diamètre requis, au micron près), le gainage (les pastilles sont ensuite insérées dans des tubes en alliage de zirconium appelés "crayons"), l’assemblage (cette dernière étape consiste à insérer les crayons dans une structure métallique pour former un assemblage qui sera livré au client). Bon à savoir, un assemblage Mox permet d'alimenter en électricité une ville de 100 000 habitants pendant un an. Gardez ces informations en tête, elles pourraient vous servir à l'occasion d'une partie de Trivial Poursuite.

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Sous haute sécurité

Dans cette usine, où tout au long de l'année, 7j/7 et 24h/24, les 900 salariés manipulent de l'uranium et du plutonium, il faut montrer patte blanche. Après avoir passé sans encombre plusieurs sas de sécurité, les opérateurs peuvent se diriger vers leur atelier dans l'une des nombreuses salles de l'usine. Une fois les sas franchis, inutile de chercher les fenêtres, il n'y en a pas. De même que les indications pour trouver son chemin dans le labyrinthe de couloirs. Avis aux claustrophobes.

Là fourmillent les salariés qui surveillent le bon déroulement des opérations. À la moindre anomalie, ils n'hésitent pas à intervenir en passant les mains dans les gants des boîtes isolantes. Leur exposition aux matières nucléaires est contrôlée via un capteur accroché à leur combinaison. Précisons que les salariés de Melox reçoivent une dose comprise entre 0 et 2 mSv (mesure de l'irradiation). Pour rappel, en France, l’exposition naturelle moyenne annuelle aux rayonnements ionisants est de l’ordre de 2,4 mSv. Autre chiffre qui a son importance sur un point de vue environnemental, pour l'année 2010, l'impact des rejets d'effluents radioactifs liquides et gazeux de l'usine Melox est de l'ordre de 0, 00000056 mSv, alors que le maximum autorisé est de 0, 0017 mSv par an.

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Ainsi, même si on sait que l'on se trouve dans une usine qui traite des matières nucléaires, on a du mal à ne pas se sentir en sécurité. Il faut dire que la société Melox gérée à 100% par AREVA, ne fait pas ce qu'elle veut. EURATOM, le gendarme européen de l'énergie nucléaire et l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) veillent au grain. EURATOM a établi un système de contrôle qui a pour objectif la "vérification d'inventaire en continu". Et attention au moindre faux pas, "les caméras de surveillance" d'EURATOM enregistrent tout.

Une technologie enviée par les États-Unis

Il y a quelques semaines, l'Accord PS-Verts a semé le doute chez les salariés de l'usine Melox. Le Mox va-t-il survivre à cet accord ? "Nous sommes des acteurs industriels et non politiques. Lors du plan d'actions stratégiques, nous avons maintenu nos investissements récurrents à hauteur de 20 millions d'euros. Nous avons suspendu, et j'insiste sur le mot, des investissements mais qui eux étaient complémentaires.  50 millions d'euros (au lieu de 100 millions) vont tout de même être investis pour l'extension de nos capacités, dont le dédoublement d'une des lignes d'équipement, sur 2011-2013", explique Nathalie Bonnefoy, responsable communication AREVA-Melox, précisant que toutefois "les emplois étaient eux maintenus."

Et puis, malgré la menace de cet Accord, Melox continue à faire des projets et notamment aux États-Unis où une usine de fabrication de Mox, grande de 500 salariés, devrait pousser de terre en 2016. Une équipe de Melox a été sollicitée pour partager son savoir-faire. Un savoir-faire que 90 stagiaires américains pourront aussi découvrir sur le site de Marcoule, d'ici 2013.  Ce projet s’inscrit dans le cadre du transfert de technologie signé entre AREVA et le Département américain de l’énergie (DOE).

Le Royaume-Uni voudrait aussi s'inspirer de Melox pour renouveler ses sites nucléaires. La Chine aussi serait intéressée. Et puis, il y a aussi le Japon qui verrait bien sur ses terres une usine similaire à celle de La Hague.

"À ce jour, nous sommes tournés vers une politique de développement durable, d'avenir", conclut la responsable de communication.

Stéphanie Marin

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