Publié il y a 3 ans - Mise à jour le 08.04.2021 - anthony-maurin - 4 min  - vu 707 fois

FAIT DU JOUR En avril ne te découvre pas d'un fil !

(Photo Archives Anthony Maurin).

Avant d'avoir les fruits... Il faut passer la saison des basses températures (Photo Archives Anthony Maurin).

Le Gard connaît depuis quelques jours une vaguelette de fraîcheur après une belle semaine de chaleur. Un froid insidieux qui s'immisce au mauvais endroit au mauvais moment. Les bourgeons sont sortis et les cultures risquent gros...

On connaît bien le proverbe, en avril ne te découvre pas d'un fil mais en mai fais ce qu'il te plaît ! Nous aurions tout de même pu nous douter de cette vague de fraîcheur si, comme nos aînés, nous écoutions plus attentivement les adages d'antan comme, un autre exemple, Noël au balcon, Pâques au tison !

Pour l'élevage, visiblement, aucun souci n'est à craindre pour le moment. " Nos bêtes sont robustes et ne craignent pas trop ce genre d'intempérie. Nous avons encore du bon foin, je ne m'inquiète pas car j'ai l'impression que ces phénomènes sont fréquents. Je suis sûr qu'en avril, si l'on s'en réfère aux proverbes, nous aurons droit aux cavaliers de glace voire aux saints de glaces en mai ! On oublie trop souvent ce que les anciens disaient. Ils connaissaient mieux la nature et ses coups de Trafalgar que nous malgré nos prévisions météo sur dix jours ! " avoue un ganadero, un éleveur de toros de combat.

Dans les vignes, la dégringolade du thermomètre fait grimper les craintes pour la récolte à venir. " Oui, il y a une grosse inquiétude ", confirme le vigneron Mathieu Rivier, de l’exploitation familiale du même nom basée à Chusclan, près de Bagnols. " Depuis quelques jours nous sommes en alerte totale, on prie ", poursuit le vigneron.

" Le problème, c’est que les bourgeons et les feuilles sont sortis, et si ça gèle maintenant c’est mort, ça ne repartira pas ", souffle-t-il. Alors le vigneron, avec son père et son grand-père, scrute les données des trois stations météo disposées aux extrêmes des terres familiales. " On guette les données des stations toute la journée et on consulte le site Météo Ciel ", détaille-t-il, tout en indiquant que depuis que le froid a fait son retour, " nous avons arrêté de travailler les sols pour ne pas faire remonter l’humidité. " Il n’y a malheureusement pas grand chose de plus à faire. Disposer des bougies, comme on le fait en Bourgogne en pareil cas ? " Nous avons 70 hectares répartis sur cinq communes, il en faudrait des bougies ", balaie-t-il. Sans compter le vent.

Le vent, justement. Dans cette froide période, le mistral est un allié. " Le vent empêche un peu de geler, mais ça reste pas bon à partir de zéro degré ", précise Mathieu Rivier. Il sait de quoi il parle : l’année dernière, une gelée tardive fin mars avait provoqué une perte de 30 % de la récolte.

(Photo Archives Anthony Maurin).

Le Gard est un terrain de jeu pour les arboriculteurs. Les fruitiers, ici, sont appréciés et cultivés à grande échelle. Que l'on parle de froid au début du mois d'avril cela n'étonne personne mais... " On surveille, ça peut geler !, affirme Alexis Bois, producteur de pèches, nectarines, abricots et kiwis à Saint-Gilles. On allume des bougies, on a des tours anti-gel et des thermomètres à alarme car nous sommes sur 70 hectares de vergers. "

C'est ainsi que les noctambules pourront voir s'illuminer les campagnes gardoises s'ils observent un peu les champs voisins. Mais cela, même si c'est peu habituel, semble normal. " Nous les allumons tous les trois ans. La bougie coûte environ dix euros et on doit en allumer 300 par hectare pour que cela soit efficace. Je vous laisse compter mais actuellement nous faisons des nuits à 50 000 euros de bougies ! " Ce montant faramineux se répercute forcément sur le prix de vente final. Alexis Bois travaille surtout avec la grande distribution, donc il ne s'inquiète pas trop : " Si on arrive à sauver la récolte, ces prix seront amortis, on n'allume pas par plaisir ! " Toutefois, comme notre vigneron, Alexis Bois redoute que son allié, le vent, ne déserte. " Cette nuit, le vent va s'arrêter et pour nous aussi c'est le pire car il garde l'atmosphère sèche. L'humidité va donc retomber et c'est là que le gel peut prendre. L'humidité rend toujours la température plus basse. "

Comme c'est la nuit qu'il faut craindre, Alexis Bois veille, surveille. " Nous nous réveillons toutes les deux heures... On va approcher le 0°C cette nuit mais honnêtement c'est presque comme ça tous les ans de la mi-février à la mi-avril. On travaille beaucoup, les gens ne le voient pas mais j'espère qu'ils s'en souviendront et penseront à nous lors de l'acte d'achat... Nous sommes présents au Mas des Agrictulteurs et nous essayons de développer la vente locale dans quelques magasins. " À bons entendeurs...

Créateur de Météo Gard, Julien Sugier est quant à lui un peu surpris. " Le froid n'a pas épargné le Gard ce mercredi matin. Il n'avait même jamais fait aussi froid durant un mois d'avril sur deux stations météo du département : celle de Nîmes-Garons et celle de Saint-Sauveur-Camprieu. Pour la station de Nîmes-Garons, le thermomètre s’est abaissé jusqu’à 0,2 degrés, battant ainsi un record vieux de 1998 (NDLR 0,3 degrés le 14/04). Les Bleus n’avaient même pas encore leur première étoile ! En ce qui concerne la station de Saint-Sauveur-Camprieu, le record de -5,8 degrés en date du 07/04/2008 a été également battu d’un dixième, avec -5,9 degrés relevés ce mercredi matin. D'autres records pourraient être battus ce jeudi matin, notamment en raison de l’atténuation du mistral. Des gelées plus généralisées sont ainsi à prévoir jusqu’en plaines gardoises. Une pensée pour les agriculteurs et viticulteurs... "

Anthony Maurin et Thierry Allard

Anthony Maurin

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