Publié il y a 3 ans - Mise à jour le 17.07.2021 - anthony-maurin - 5 min  - vu 580 fois

FAIT DU JOUR Le livre de l'été sera le roman romain d'Éric Teyssier

Voici une lecture estivale parfaite pour toute la famille. La prophétie des aigles et ses surprises vous attendent.
Éric Teyssier (Photo Anthony Maurin) - Anthony MAURIN

Éric Teyssier (Photo Anthony Maurin) • Anthony MAURIN

Éric Teyssier est un historien, prof d’histoire et reconstituteur bien connu des Gardois. Il écrit les scénarios des Grands Jeux Romains et vient de sortir son premier roman romain à lire aux éditions Alcide. Interview avec l’auteur de La prophétie des aigles.

Objectif Gard : Nous vous retrouvons dans un genre un peu nouveau, celui du roman romain. Pourquoi avoir choisi cette thématique ?

Éric Teyssier : J’ai cédé à d’amicales pressions, celles de mon éditeur, d’abord, puis de ma femme. Chez Alcide, j’ai publié dix bouquins en moins de dix ans car le premier est sorti en 2014. Yann Cruvellier, le patron, croyait en ce roman romain, mais j’ai déjà fait deux romans qui ne sont pas romains. Là, c’était vraiment une récréation pour moi et, comme je vous l’ai dit, ma femme attendait cela depuis longtemps. N'oubliez pas que c’est ma première lectrice…

Comment s’est passée cette création pure ?

Le premier confinement m’a vraiment cassé les pattes car nous étions en plein préparatifs des Grands Jeux Romains, c’était le moment le plus important, au cœur des répétitions. Quand on a fait rebelote avec le confinement et que Yann Cruvellier me reparlait du roman romain, je lui ai dit que j’allais le faire et j’ai consacré mon temps à l’écriture. J’ai commencé en février, fini mi-mai et il est sorti le 1er juillet. C’est parti tout seul !

Le titre, énigmatique, a-t-il un sens particulier ?

Les anciens étaient très attentifs aux présages, notamment à ceux des oiseaux. Un signe va apparaître, il sera interprété comme une prophétie. C’est l’esprit romain ! C’est un voyage dans la vie des romains de 96 après JC, époque importante car c’est la fin du règne de Domitien. Il y a aussi la construction de l’amphithéâtre qui est un des personnages principaux du livre car on voit tout ce qui s’y passe… C’est aussi le cas de la Maison Carrée, très importante elle aussi. J’essaie de donner de la chair à tous les monuments dont nous ne voyons plus que les pierres.

Écrire un livre peut être un processus long. Pas chez vous, pourquoi ?

Il était mûr dans ma tête, j’avais déjà travaillé sur la question, j’avais effectué des recherches, j'ai mûri réflexions, donné des cours à l’université depuis 30 ans et j’ai aussi l’expérience des Grands Jeux Romains. J’ai mis beaucoup d’ingrédients, j’ai pu piocher dans toute cette expérience. La structure du roman varie d’un univers à un autre, il y a des histoires dans l’histoire, plusieurs générations se croisent… Je me laisse parfois surprendre par l’évolution de mes personnages et de l’intrigue, j’aime ça !

Le lecteur sera donc propulsé dans un autre monde...

Je traite l’aspect politique en local, j’évoque les différences sociales, je parle des esclaves qui sont très présents, des femmes qui jouent un rôle important. On voit la tyrannie, mais aussi la démocratie car à cette époque on vote encore ! Nîmes a une réelle autonomie par rapport à la lointaine Rome. Je reste au plus proche de la vérité historique. Tout cela est le fruit de mon expérience d’historien, je rentre dans les détails de ce qui est important pour eux.

Ce qui est important pour eux, certes, mais il faut aussi que le lecteur moderne y trouve son compte. Comment avez-vous fait ?

On voyage un peu à Rome, à Arles mais surtout à la frontière germanique. Mes personnages ont tellement existé. Par exemple, Macrinus, le général, c’est aussi celui que j’incarne lors des Grands Jeux Romains mais là, il est jeune et au début de sa carrière. Je n’ai pas lu "Les mémoires d’Hadrien" car je ne voulais pas être influencé, mais on m’a dit que c’était différent. Dans "La prophétie des aigles", je parle de la Nîmoise qui sera impératrice, Plotine (épouse de l’empereur Trajan) ou encore d’Antonin qui est à l’origine de la dynastie éponyme. Je noue une trame d’intrigue autour de sujets historiques, il y a de la violence et du sexe, le point de vue est purement romain. La société romaine est très proche de la nôtre, mais elle est aussi très exotique sur divers aspects dont la violence et le sexe. Je n’ai pas peiné à trouver une intrigue… Plusieurs même !

Il est rare de voir des romans romains, surtout à Nîmes. C’est une sorte de grande première !

Il y a déjà des romans romains, Quo vadis en est le meilleur exemple. Avec le mien, nous sommes à Nîmes, une ville autonome mais qui a un intérêt religieux extrêmement fort à l'époque. Cela me permet aussi de décrire les monuments qui ne sont plus visibles de nos jours. Tout est authentique et plausible, mais je n’explique dans les moindres détails afin de ne pas barber les lecteurs. On apprend des choses tout en restant sur un roman facile à lire. Je n’ai pas voulu faire de « Goudinettes », des explications à la Christian Goudineau, un de mes maîtres. J’ai voulu faire un roman d’aventures avec plusieurs niveaux d’intrigues.

Où et comment conseillez-vous de lire ce livre ?

On peut parfaitement lire ce livre sur une terrasse qui donne sur la Maison Carrée ou les Arènes ! On est ainsi plongé dedans, on peut voir la scène qui se déroule sous nos yeux il y a 1 900 ans. Mais on peut aussi lire ce roman romain partout car cette histoire aurait pu se passer dans n’importe quelle ville romaine. Je ne mets aucun chauvinisme dans l’écriture, Nîmes a son rôle important et je m’y tiens. Rome, en réalité, n’était faite que de provinciaux et Nîmes prouve très bien cela avec Plotine et Antonin par exemple.

Peut-on s’attendre à une suite ? À plusieurs ?

J’ai mis quelques petits cailloux… Il y aura certainement quatre livres ! Enfin, je peux les écrire. J’imagine déjà ce qui se passe du temps de César et d’Auguste où Nîmes est encore plus importante, je peux aussi faire évoluer les personnages de ce premier roman afin que nous les retrouvions vingt ou trente ans plus tard. Enfin, j’aime bien l’idée de revenir plus loin dans le temps et de faire un roman avec nos gaulois. J’ai vraiment pris beaucoup de plaisir, je n’ai aucun calendrier et il faut d’abord que le premier plaise aux lecteurs avant de faire les suivants.

Pour finir, carte blanche. Qu’avez-vous à dire de plus ?

Un site Internet sera entièrement dédié au livre. On y verra des dessins, j’y répondrai aux questions des lecteurs… On a de la chance, à Nîmes, d’avoir une telle maison d’édition. C’est un petit éditeur, mais Yann Cruvellier fait avec Alcide un boulot incroyable. Ce samedi 17 juillet, de 14h30 à 15h30, je donne aussi une conférence à l’auditorium du Musée de la Romanité (entrée libre et sans réservation dans la limite des places disponibles, Ndlr). Elle sera suivie d’une séance de dédicace.

Anthony Maurin

La prophétie des aigles, 604 pages au format 14X22,5 cm au prix de 23 euros.

Synopsis : À Nemausus, les richissimes Solutus et Kareus s’affrontent dans une lutte sans merci pour le contrôle de la ville. Une mort tragique vient cependant bouleverser leurs plans. Est-ce un accident ? Un assassinat qui masque un complot aux ramifications insoupçonnées ? La construction des plus belles arènes de Gaule du Sud promet d’épiques combats de gladiateurs, mais autour de l’amphithéâtre les jeux de pouvoirs se révèlent bientôt dramatiques. L’énergie de Macrinus, fils de Solutus et officier de la XVe légion revenu à Nemausus, est mise à rude épreuve. Accompagné de ses amis, dont le prince maure Quietus, il compte sur sa femme Marcella et la troublante Felina face à l’ambitieuse Flavilla… Nous sommes en 96 après J.-C. L’empereur Domitien est devenu paranoïaque. Entre menaces, trahisons, séductions et poisons, l’Empire est en danger.

Le livre d'Éric Teyssier (Photo Anthony Maurin)

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Anthony Maurin

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