Publié il y a 7 ans - Mise à jour le 08.03.2017 - coralie-mollaret - 3 min  - vu 248 fois

FAIT DU JOUR Les femmes n'ont pas gagné la guerre

L'affiche de la campagne de sensibilisation 2017 du Département contre les violences faites aux femmes. En 2015, dans le Gard, ont été déposées 103 plaintes pour viol et 177 plaintes pour agressions sexuelles.

À l’occasion de la journée des droits des femmes, le Département a présenté un vaste programme d’actions. L’occasion de rappeler que rien n’est acquis et que tout n'est pas gagné…

Assis dans la salle de l’auditorium du Département, responsables politiques et associatifs sont unanimes : « si nous organisons ces manifestations, c’est que le combat pour l’égalité homme-femme est loin d'être gagné ». Recoiffant ses longs cheveux bruns, Sophie Bellon trépigne. L’actrice de la conférence théâtralisée « 55 minutes dans la tête d’une femme » est tombée de l’armoire, en découvrant récemment une étude « qui atteste qu’il faudra encore attendre 170 ans pour arriver à l’égalité entre les sexes. Ma fille ne la connaîtra jamais ! ». Nous non plus. 

Instaurée en France sous François Mitterrand, la journée des droits des femmes n’est pas prise à la légère (enfin pas trop) au Département. En 2015, l’avènement du socialiste Denis Bouad à la tête de la collectivité a marqué la création d’une délégation (sans budget) pour lutter contre les discriminations. Elle est conduite par l’ex-journaliste et communiste, Isabelle Fardoux-Jouve. À l’heure où certains, et même certaines, « ringardisent les féministes », Mme Fardoux-Jouve martèle l’importance de ce combat, parce que « rien n’est acquis ».

Des acquis sans cesse remis en cause

Alors certes, depuis 1944 les femmes ont le droit de vote. Certes, elles sont autorisées depuis 1965 à exercer un métier sans l’aval de leur mari et peuvent ouvrir un compte en banque... Mais la route est longue. Par ailleurs, aucune loi ne peut faire taire les rétrogrades dont les bas instincts cautionnent la plus vieille discrimination de notre Histoire. Et à Mme Fardoux-Jouve d'honnir le discours d'un député polonais d’extrême-droite. Le 2 mars au Parlement, Janusz Korwin-Mikke a soutenu que les femmes devaient être moins payées que les hommes parce qu’elles « sont plus faibles et moins intelligentes ». « On aurait presque envie d’en rire. Malheureusement, il a des gens qui votent pour de tels individus, aujourd’hui, en 2017 », poursuit l'élue.

Inutile d’aller en Pologne pour s'offusquer de tels discours. En France, les récentes déclarations sur l’IVG de responsables politiques en campagne font froid dans le dos. Candidate aux Régionales de 2015, Marion Maréchal Le Pen (FN) a remis en question le remboursement de l’interruption volontaire de grossesse. Le candidat à la Présidentielle, François Fillon (Les Républicains), nous a fait part de sa « foi personnelle » qui l'empêchait « d'approuver l’avortement ». À ces déclarations s'ajoutent les faits, comme par exemple, les inégalités salariales. Dans le Gard, selon un rapport du Département, les femmes gagnent en moyenne 25% de moins que les hommes dans le privé. À situation comparable, elles gagnent 9% de moins que les hommes dans la fonction publique. Dommage que les campagnes de sensibilisation fassent l'impasse sur ce type de discrimination. Si on payait moins un homme qu'un autre pour des raisons d'appartenance ethnique ou de faciès, on n'ose imaginer le tollé que cela provoquerait dans l'opinion publique. La discrimination salariale vis-à-vis des femmes perdure dans une indifférence quasi totale. 

Violence, discrimination, délinquance banalisée

Pour contribuer à changer les mentalités, le Département propose des manifestations sur dix jours, touchant à la fois le grand public et les collégiens, citoyens de demain. Deux thèmes sont ciblés : la place des filles dans les musiques actuelles (sic) et les violences faites aux femmes, corollaire de l’infériorisation d’un individu. Isabelle Fardoux Jouve cite des chiffres alarmants : « en 2015, police et gendarmerie ont enregistré 103 plaintes pour viol, 177 plaintes pour agressions sexuelles, 922 plaintes pour violences dans le couple, 705 procès-verbaux et mains courantes. Combien en plus n’ont rien dit ? ».

Si l’égalité demeure un combat, chacun doit y prendre part. Un autre élu communiste, Jean-Michel Suau, n’a pas manqué de faire entendre la voix des hommes et conseillers départementaux, présents eux-aussi dans la salle de l’auditorium. La clef de la réussite passe par l’implication de tous. Une journée et plus pour méditer ce que Simone de Beauvoir affirmait : « N'oubliez jamais qu'il suffira d'une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis. Vous devrez rester vigilantes votre  vie durant ».

Pour consulter l'agenda des actions du Département : cliquez ici.

Coralie Mollaret

coralie.mollaret@objectifgard.com

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