L'INTERVIEW Stéphane Krasniewski, directeur des Suds à Arles : "C'est fondamental d’amener ces musiques dans l’espace public"

Stéphane Krasniewski, directeur des Suds d'Arles.
- S.MaLa 30e édition du festival Les Suds se déroulera à Arles du 14 au 20 juillet 2025. Stéphane Krasniewski, le directeur des Suds, explique les nouveautés mises en place pour cette édition anniversaire.
ObjectifGard : Lors du bilan de la 29e édition du festival, vous disiez qu'il était important pour le 30e anniversaire d'inviter les artistes qui ont accompagné Les Suds. Qui le public va-t-il retrouver ?
Stéphane Krasniewski : Une édition anniversaire, c'est à la fois une occasion de célébrer le chemin parcouru et de se projeter dans l’avenir. Pour cela, on va inviter des compagnons de route du festival, des artistes qui ont marqué et que l’on a marqués, je pense (rires). Cela va être le cas du Trio Joubran qu’on a accueilli pour la première fois en 2009 et qu’on a reçu depuis régulièrement. Il y a également Piers Faccini, qui est, lui aussi, un habitué des Suds, dont on a suivi la carrière et qu’on a accueilli à plusieurs reprises. Donc il y a des artistes emblématiques de l’histoire du festival qui sont invités, et puis on se projette en accompagnant des artistes dans des créations.
Quelles sont les trois coproductions Suds ?
Il y a Walid Ben Selim et Refree qui ont une création originale qui sera présentée le 15 juillet dans le cadre des "Moments précieux", il y aura également la création de Mandy Lerouge, autour de la femme d’Atahuelpa Yupanqui un grand musicien Argentin internationalement reconnu, dont les textes étaient signés ou co-signés par un mystérieux Pablo Del Cerro, dont il s’avère que c’était sa femme. Mandy Lerouge a remonté ses traces et en a fait un spectacle dont on a accompagné la production. On l’accueillera dans le cadre des "Moments précieux", le lundi 14 juillet. On a aussi le plaisir d’accueillir Rebecca Roger Cruz qui est déjà venue au festival. Elle explore ses musiques entre Colombie et Venezuela. Elle a un parcours assez atypique parce qu’elle avait commencé dans le lyrique et puis là elle s’est lancée dans un projet personnel qu’on accompagne et qu’on aura aux Alyscamps le samedi 19 juillet.
Vous avez l'habitude d'accueillir des inédits, mais c'est la première fois que vous coproduisez des spectacles. Est-ce quelque chose que vous souhaitez pérenniser ?
Oui, la nouveauté, c'est qu’on accompagne la création. Ce sont des artistes qui sont venus nous voir il y a un an, deux ans, trois ans, ou alors des artistes que nous avons sollicités. C'est nous qui avons par exemple été à l'initiative de la création avec Walid Ben Selim et Refree. Mais nous accueillons chaque fois des inédits, et cette année il y en aura encore, des spectacles qui ne sont pas encore joués en France ou même ailleurs. On souhaite pérenniser cela car en accompagnant les artistes, on joue un rôle de structuration qui est très important et dont les artistes ont besoin. Cela crée un environnement sécurisant et c’est aussi une manière de garantir la vie du projet.
Parmi les nouveautés pensées pour cet anniversaire, il y a également l'ouverture du festival par un bal le 14 juillet. Pourquoi avez-vous choisi ce format ?
Il va se faire sur la place Voltaire et c’est ouvert à tous puisque c’est sur l’espace public. Il se trouve que c'est le 14 juillet en plus, donc ça tombe bien, on renoue avec une tradition séculaire du bal populaire de la fête nationale. La gratuité et l’investissement de la place publique, ce sont deux choses auxquelles on tient énormément. C'est fondamental d’amener ces musiques dans l’espace public parce que c’est l’endroit où on arrive à amener des gens à se rencontrer. C'est quelque chose qui me semble utile et plus que jamais indispensable en ce moment. Cela permet également d'offrir la possibilité de découvrir et de se laisser emporter, ou pas, à des gens qui n’auraient pas forcément fait la démarche de venir. Et cela aussi, j'aimerais le pérenniser.
Cette soirée va se dérouler en trois parties.
Oui, il va y avoir le mange-ball avec lequel on va explorer les régions de France. Cela va vraiment être la tradition du bal folk un peu à la sauce électro, mais on est sur des airs de bourrées qui viennent de Bretagne, d'Occitanie, de Provence. On enchaîne avec un bal qui vient de Martinique avec Bégui Bègui Bang! qui invite Dédé Saint-Prix, et on finit sur un bal tropical avec Émile Omar Dj Set le créateur de la tropical discoteq.
Vous annoncez ensuite une fin en fanfare le samedi 19 juillet.
Oui, le 19 sera la soirée de conclusion en fanfare et on invite vraiment tous ceux qui ont fait Les Suds, c'est-à-dire tous ceux qui ont été bénévoles, tous ceux qui ont été stagiaires, tous ceux qui ont été salariés, techniciens etc. Ils sont invités pour qu’on célèbre tous ensemble cette 30ᵉ édition. C’est une manière pour nous de rappeler que cette histoire a été menée grâce à l’apport de tous.
À part ces nouveautés, vous conservez une programmation éclectique comme les autres années ?
Oui, c'est important de garder l’ADN du festival qui est de montrer les musiques du monde dans toute leur diversité. On y tient. Tous les continents sont représentés, le Brésil, la Corée, le Mali, l’Arménie. On y tient à ce multiculturalisme, à cet équilibre entre ces continents, entre ces musiques qui s’écoutent assis et celles qui se dansent. C'est cette diversité qui nous permet d’entretenir ce lien si particulier avec le public. Il nous reste encore à sortir la programmation de la partie gratuite. Car le festival est payant à partir de 19h30 tous les jours jusqu'à 3h du matin, mais tout ce qui se passe le lundi et en journée, c'est gratuit.