Ils s'appelaient Maria, Albert, Alfred, Bernard, René, Marcel, Jean, et Maurice, et avaient entre 6 et 18 ans. Ils ont vécu à Alès et ses environs, et entre 1942 et 1944, ils furent victimes de la politique génocidaire de l'État nazi avec la complicité du régime de Vichy, et déportés vers le centre d'Auschwitz-Birkenau. En leur hommage, une plaque commémorative a été inaugurée au lycée Jean-Baptiste-Dumas.

L’événement a eu lieu au lendemain des commémorations nationales marquant le 80ᵉ anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale, et en cette année 2025 qui coïncide également avec les 80 ans de la libération du camp d’Auschwitz-Birkenau. Ce projet est l’aboutissement d’un travail pédagogique ambitieux mené tout au long de l’année scolaire 2023-2024 par les élèves de la classe de 1re ASSP (Assistance soins services à la personne). Encadrés par leurs enseignants, ils ont mené des recherches historiques sur le thème : « Le parcours et la déportation des enfants juifs résidant dans le Gard entre 1942 et 1944 ».

Un long périple pour retracer les parcours

En partenariat avec le mémorial de la Shoah et plusieurs associations engagées dans la mémoire de la Shoah, les élèves ont effectué un parcours mémoriel de trois jours. Ils ont visité des lieux chargés d’histoire : le mémorial de Rivesaltes, le musée de la Résistance de Castelnau-le-Lez, et enfin, le camp d’Auschwitz-Birkenau en Pologne. Ces visites ont profondément marqué les participants et donné un visage humain aux victimes qu’ils ont étudiées.

La cérémonie d’inauguration de la plaque a réuni de nombreuses personnalités comme les représentants de l’Éducation nationale et les élus locaux. Ce moment solennel a été marqué par les témoignages poignants de six élèves, qui ont partagé les résultats de leurs recherches, les histoires tragiques d’enfants juifs déportés et les émotions ressenties tout au long du projet. « On ne voulait pas simplement apprendre, on voulait comprendre, raconter, transmettre », a déclaré une élève lors de la cérémonie. Une autre a souligné : « On n’imaginait pas à quel point ce travail allait nous bouleverser. »

Garder en mémoire pour ne pas reproduire

Réalisée dans les ateliers du lycée, la plaque commémorative rend hommage à neuf enfants dont les noms, les âges et les lieux de vie ont été retrouvés grâce à un travail rigoureux de recherche à partir d’archives, de témoignages familiaux et de documents historiques.

« Cette plaque est une lutte contre l’oubli », a rappelé Christophe Rivenq, qui en s'adressant aux jeunes, a souhaité les responsabiliser. "il y a mémoire et garder mémoire, c'est faire en sorte que les choses les plus atroces ne se renouvellent pas et en 2025. À travers cette plaque qui va nous permettre de ne pas oublier qu'il y a moins de 100 ans, des êtres humains, des hommes avaient décidé non loin de notre pays de mettre en place la solution finale." Chaque jour, des générations d’élèves passeront désormais devant ce témoignage gravé. Et grâce aux voix de ces jeunes, la mémoire des enfants juifs déportés d’Alès ne s’éteindra pas.