Publié il y a 8 ans - Mise à jour le 20.10.2016 - eloise-levesque - 3 min  - vu 1582 fois

FAIT DU JOUR Sécurité, nuisances sonores : les bémols de l'aérodrome de Deaux

EL/OG

Un vent de discorde souffle sur le village. L'Association de défense des riverains de l'aérodrome d'Alès dénonce des nuisances sonores et des problèmes de sécurité liés aux activités de la structure. Le maire de Deaux veut la fermeture du site.

Tout commence au printemps 2015. L'école de parachustisme de Nîmes s'installe alors à l'aérodrome d'Alès. "Il y avait un beau potentiel et il fallait développer le lieu", se souvient David Dobski, directeur et gérant de Azurxtrem.

Mais rapidement, l'activité se multiplie et le voisinage se plaint. "Pendant tout l'été et au-delà, les avions tournent sans arrêts. Quand les gens sautent et que les appareils montent et descendent, c'est un bruit incessant. J'ai reçu une quarantaine de réclamations de plusieurs communes", assure le maire de droite Laurent Brunel. La gêne est telle que l'association de défense des riverains de l'aérodrome d'Alès renaît de ses cendres et élit un nouveau bureau en septembre. Une trentaine de personnes rejoignent le mouvement. "Les parachutistes tournent le week-end du lever au coucher du soleil, quand on a besoin de notre tranquillité. On aimerait au moins qu'ils diminuent leur amplitude horaire", renchérit Jean-Marie Luitaud, secrétaire de l'Association de défense des riverains de l'aérodrome d'Alès et ancien adversaire du premier magistrat aux municipales de 2014.

Visée, l'école dit "comprendre" les résidents et se défend : "L'idée n'est pas d'aller contre eux. On a rencontré plusieurs fois le maire avant d'arriver. On réfléchit régulièrement à changer nos circuits pour limiter ces contraintes. Après, quand on habite à côté d'un aérodrome, on sait à quoi on s'expose. S'il y avait une école de pilotage, ce serait bien pire".

Des vols trop bas et trop dangereux ?

Carte d'approche officielle de Deaux. Le survol des villages est interdit. DR

Plus problématique, les réboussiers dénoncent également des problèmes de sécurité liés aux avions privés qui ont l'obligation de respecter un plan de vol précis. "Une à deux fois par semaine, j'observe des vols bas au-dessus du village pour éviter les aéronefs. C'est contraire à la loi. L'altitude réglementaire est de 300 m. Certains sont clairement en-dessous", martèlent en chœur l'association et la municipalité. Des plaintes ont été déposées dans ce sens mais aucune n'a à ce jour abouti. "On nous demande de relever les plaques des avions mais on n'arrive pas forcément à les voir", justifie Jean-Marie Luitaud.

Interpellé par Objectif Gard sur cette question, le président de la CCI, propriétaire de la structure, est embarrassé et renvoie la balle à l'Etat : "Je n'y suis pas chaque jour pour mesurer les hauteurs, il faut qu'ils prennent des photos. De toute façon, cela relève de la gendarmerie et pas de nous. Si une infraction intervient sur une route départementale, ce n'est pas le Département qui est responsable !". Le sous-préfet répond : "J'ai saisi la Direction générale de l'aviation civile (DGAC) pour avoir un compte rendu des mouvements de l'aérodrome. Ensuite, je ferai le point avec le maire".

Un site ouvert à tous, sans contrôle

Pour se faire entendre, trente militants ne suffiront pas. L'association a donc besoin de recruter des particuliers mécontents, ainsi que des élus des communes alentours. Une réunion publique aura lieu dans ce sens le 7 novembre au foyer de Deaux. "Ensuite, on décidera de la conduite à adopter et on demandera un rendez-vous à la CCI. On aura notamment besoin d'un agent de surveillance". Objectif : vérifier les allers et venues du site aujourd'hui ouvert à tous, sans aucun contrôle. Une liberté qui fait peur à certains en période d'état d'urgence.

De son côté, le maire va beaucoup plus loin. Il souhaite que l'aérodrome "disparaisse", pour y construire un champ photovoltaïque à la hauteur du besoin en électricité du territoire. "Cet aérodrome n'est pas aux normes et il est déficitaire. Quelques emplois ont été créés et l'école génère 14000 sauts par an, mais je ne mesure pas d'impact pour la commune. J'ai moi-même un gîte et je ne loue pas aux parachutistes. Cette infrastructure est inutile". Un vœu surement pieux. Sauf si - éventuellement - la CCI du Gard change de camp.

Eloïse Levesque

Edité : Suite à la parution de l'article, le maire de Deaux a souhaité un rectificatif : "on ne peut pas dire que je souhaite la disparition de l’Aérodrome, il me semble plutôt important qu’une table ronde soit organisée entre les pouvoirs publics, les mairies alentours, le président d’Alès Agglomération et la CCI, de façon à envisager l’avenir du site et effectivement, pourquoi pas, le transformer en champ photovoltaïque".

Eloïse Levesque

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