Publié il y a 3 ans - Mise à jour le 06.04.2021 - boris-de-la-cruz - 4 min  - vu 10219 fois

FAIT DU SOIR Assises du Gard : "Il m'a dit maman a fait une connerie, elle a étranglé papa"

Premier jour d'audience dans un procès concernant l'assassinat d'un père de famille.
Photo Corentin Corger / Objectif Gard

Photo Badre Fakir, assassiné. Sa femme et ses fils sont accusés du crime

Catarina Castro, 49 ans, est accusée de l’assassinat de son compagnon et père de ses quatre enfants. Deux fils du couple, âgés de 30 ans et 24 ans, sont également renvoyés pour cet assassinat devant les assises du Gard.

Le cadavre de Badre Fakir avait été découvert partiellement carbonisé sous un pont SNCF de Nîmes le 1er août 2015. Voici les principaux éléments à retenir de ce premier jour de procès débuté ce mardi 6 avril.

L’autre compagne, battue et en pleurs

Lorsque Lila arrive à la barre pour témoigner on la sent fragile, dépassée pas les évènements et l’enjeu d’un procès d’assises. Elle vient raconter celui qu’elle aimait. « Je voudrais comprendre pourquoi on a tué mon mari », glisse en pleurant celle qui était considérée comme la maîtresse de la victime Badre Fakir, un homme « qui avait une double vie ». Un père de famille qui vivait avec la mère de ses enfants le week-end et avec sa maîtresse et les enfants de celle-ci le reste du temps.

« Vous considériez monsieur Fakir comme votre mari », s’étonne le président de la cour d’assises. « Oui. J’ai fait un mariage religieux. Il aimait beaucoup mes enfants ».

« Vous avez dit deux ans après les faits et devant le juge d’instruction, qu’il vous battait et battait vos enfants », complète le président Éric Emmanuelidis qui essaie de la relancer dans son récit saccadé. « Non il faisait ça pour les éduquer », insiste cette femme qui s’exprime difficilement et toujours entre deux sanglots.

« Il a été violent ou pas ? », questionne le président de la cour. « Des fois oui, des fois non », répond-elle, toujours aussi évasive. Il me frappait mais après il regrettait ! »

La victime considérée comme le caïd du quartier

Côté défense, on se réjouit de ce témoignage d’une partie civile qui accrédite des violences exercées par la victime Badre Fakir. D’ailleurs maître Aoudia qui défend Catarina Castro, la mère de famille accusée d’avoir drogué et étranglé son compagnon, se lève et met en avant un épisode survenu six mois avant le décès brutal du père de famille. « Le 26 décembre 2014, vous avez été hospitalisée aux urgences traumatologiques suite à une agression. Qui vous a frappé ? », interroge la pénaliste nîmoise. « C’était Badre, mais il n’était pas bien ce jour-là », l'excuse presque la maîtresse.

Un bien curieux procès pour cette première journée d’audience ou la mère et les deux fils accusés d’assassinat restent silencieux et ne sont pas interrogés pour le moment. On a l’impression que tout tourne autour de la victime. « Ce n’est pas monsieur Fakir que l’on juge aujourd’hui », est obligé de rappeler le président Emmanuelidis.

L’enquêteur de personnalité, chargé par le magistrat instructeur de mieux connaître la vie de la victime, enfonce le clou à plusieurs reprises. « Monsieur Fakir était le caïd du quartier. Violent, il n’hésitait pas à extorquer et à se battre, indique-t-il. Juste avant les faits il n’était plus le caïd. Il était dans une sorte de dépression. Il était reclus dans le garage de sa compagne et il était transformé par l’alcool et la drogue. Il y avait une sorte d’écroulement de sa personnalité. »

« Il était impliqué dans des affaires », ajoute le patron de l’antenne nîmoise de la police judiciaire. « Mais il n’a jamais été condamné », réplique maître El Bouroumi pour la famille de la victime.

Des violences conjugales mais aucune plainte

Si les deux femmes de la victime évoquent des violences, elles n’auraient jamais déposé des plaintes et d'ailleurs un coup de théâtre va survenir pendant l'audience puisque le médecin qui avait constaté les violences conjugales sur Catarino Castro "se rétracte en direct je n'avais jamais vu cela. Un médecin qui était pourtant jusqu'à aujourd'hui dans la procédure un témoin écris de ces violences conjugales ", note pour sa part l'avocat des deux frères de la victime, maître Jean-Marc Darrigade.

Photo Corentin Corger / Objectif Gard

Depuis le début de la procédure, Catarina Castro affirme qu'elle a drogué et étranglé le père de ses enfants. Ses fils auraient transporté et brûlé, pour l'un deux, le corps de leur papa. Catarina Castro a évoqué dès sa garde à vue qu’elle était frappée régulièrement et depuis de longues années par Fakir Badre, bien qu'elle n’ait jamais déposé plainte.

"Maman a fait une connerie elle a étranglé papa"

Un peu plus tard, en soirée de mardi, le frère de Catarina Castro fige l'assistance en pointant du doigt son neveu Mickaël qui serait venu le voir entre le soir du crime et le soir où les deux enfants du couple ont abandonné leur père dans la garrigue: "Il m'a dit maman a fait une connerie. Elle a étranglé papa. Je lui dit appelle la police. Je n'étais pas bien, je ne savais pas quoi faire", se remémore le frère de l'accusée principale.

Mercredi matin, les témoins vont continuer à défiler à la barre, les experts aussi sont attendus notamment les médecins légistes pour essayer de comprendre les circonstances du décès. Les accusés doivent être interrogés, en soirée, sur leur participation au crime…

Boris De la Cruz

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