Publié il y a 2 ans - Mise à jour le 14.03.2022 - marie-meunier - 5 min  - vu 788 fois

FAIT DU SOIR La ministre de l'Industrie Agnès Pannier-Runacher en visite : "Relever ce combat de transition environnementale"

ORANO MELOX (Photo Yannick Pons) - Yannick Pons

Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée chargée de l'Industrie, était en visite dans le Gard rhodanien, ce lundi 14 mars. (Marie Meunier / Objectif Gard)

"La grande aventure du nucléaire redémarre en France", annonçait fièrement Agnès Pannier-Runacher. La ministre déléguée chargée de l'Industrie était en visite dans le Gard rhodanien ce lundi 14 mars. Pour relever les défis nucléaires de demain, le Gouvernement mise sur la jeunesse et met le paquet sur l'attractivité des formations et des métiers de l'industrie qui pâtissent encore "d'une image vieillotte". 

Une image erronée aux yeux de la ministre qui égrène les avantages à travailler dans l'industrie : horaires, salaires, conditions de travail, sécurité de l'emploi... "Une statistique de la chambre de commerce et d'industrie indique que les personnes travaillant dans des métiers industriels gagnent en moyenne 25% de plus que les autres métiers", avance-t-elle.

Pourtant, ce secteur d'activités souffre d'un manque d'attrait et cela se ressent dans les recrutements parfois difficiles. "La filière nucléaire a particulièrement besoin de techniciens industriels, de chaudronniers, de soudeurs, de tuyauteurs...", liste Élisabeth Terrail, présidente de l'Université des métiers du nucléaire, créée en avril 2021.

Durant la pause méridienne, la ministre a échangé avec les élèves du lycée Einstein, en compagnie du député de la circonscription, Anthony Cellier, la préfète Marie-Françoise Lecaillon, et la présidente de l'Université des métiers du nucléaire, Élisabeth Terrail. (Marie Meunier / Objectif Gard)

Ce sont ces métiers en tension que le Gouvernement, les acteurs politiques et économiques et les établissements de formation veulent favoriser. C'est pourquoi dix lycées français ont été désignés comme lycées pilotes dans le déploiement de bourses d'étude nucléaire. En Occitanie, c'est le lycée Einstein à Bagnols-sur-Cèze qui a été choisi car il propose déjà un éventail de formations dans ce domaine. Élisabeth Terrail, Thierry Feutry, le proviseur du lycée Einstein à Bagnols-sur-Cèze, Sophie Béjean, rectrice du Gard, et la ministre ont signé une convention pour officialiser le partenariat ce lundi.

200 élèves bénéficiaires dès l'année scolaire prochaine

Le déploiement de ce dispositif est rendu possible grâce au soutien du plan "France relance". Ces bourses d'études de 600€ par mois seront attribuées aux élèves motivés suivant des formations (BTS, bac pro ou CAP) répondant aux besoins des métiers en tension. "Elles seront versées aux élèves méritants pour qui il n'est pas facile de poursuivre leurs études. 600 € par mois, cela rassure, cela évite de prendre un job étudiant en trop. Cette année, 50 élèves sont sélectionnés dans toute la France. L'objectif est d'étendre à 200 l'année suivante", détaille Agnès Pannier-Runacher. Chaque élève boursier sera accompagné par une marraine ou un parrain "entreprise".

La convention a été signée pour le déploiement du dispositif de bourses d'étude nucléaire de 600€ par mois. (Marie Meunier / Objectif Gard)

Au-delà du dispositif de bourses, cette convention permettra de "mettre en oeuvre auprès des jeunes et des professeurs des actions d'informations, de découverte mutuelle des métiers et formations, des visites sur site, de l'aide à l'orientation...", poursuit la présidente de l'Université des métiers du nucléaire. La nouvelle structure a lancé aussi de son côté un portail web "Mon avenir dans le nucléaire" et s'est rapprochée de l'association Women in nuclear pour donner envie aux femmes de rejoindre ces métiers. "Le lycée Einstein sera même porteur d'un séminaire pour les autres établissements proposant des formations dans le domaine du nucléaire au mois de septembre autour du démantèlement et gestion des déchets", complète Thierry Feutry, proviseur du lycée Einstein.

Une neutralité carbone qui passera par "une relocalisation de la production en France"

Mais quels enjeux motivent tant d'investissements en direction des jeunes dans l'industrie ? Ce sont eux qui parviendront à restituer "la souveraineté énergétique" de la France, selon la ministre. Celle-ci vise un basculement vers des énergies plus propres : "On fait tout le contraire de ce qu'il s'est passé entre 1995 et 2015 où l'empreinte carbone française a augmenté de 17%. On a fermé les usines pour mieux importer les produits qui sont fabriqués en produisant beaucoup de gaz à effet de serre. [...] Plus d'un million d'emplois industriels ont été supprimés sur cette période. On veut aujourd'hui renverser la vapeur : réindustrialiser pays, décarboner l'activité, fabriquer des matériaux qui permettent de se chauffer en recourant à moins d'énergie..."

Pour la ministre Agnès Pannier-Runacher, le travail de l'industrie aujourd'hui est "de trouver des solutions innovantes et les mettre à disposition de millions de personnes pour relever ce combat de transition environnementale." (Marie Meunier / Objectif Gard)

Agnès Pannier-Runacher considère que le travail de l'industrie aujourd'hui est "de trouver des solutions innovantes et les mettre à disposition de millions de personnes pour relever ce combat de transition environnementale". D'autant que l'État a inscrit dans sa loi la neutralité carbone à l'horizon 2050 (l'Agglomération du Gard rhodanien s'y engage pour 2040, ndlr). Cette neutralité, elle passera par "une relocalisation de la production en France". Il faut donc de la main d'oeuvre qualifiée pour relever le défi. Le président de la République a d'ailleurs annoncé la construction de six EPR nouvelle génération dans les prochaines années. Leur construction mobiliserait 3 000 professionnels dès la première année.

C'est pour toutes ces raisons que le Gouvernement investit dans l'industrie. Une enveloppe globale d'un demi-milliard d'euros a été injectée à travers le plan de relance depuis son lancement, dont 30 millions rien que pour renforcer les compétences dans les métiers en tension. Ce fonds, il a aussi bénéficié à plus de 40 entreprises qui ont été soutenues. L'entreprise Orano Melox, implantée à Chusclan, fait d'ailleurs partie de la dernière salve des lauréats du plan de relance.

Une formation dans le nucléaire orientée recyclage des déchets

En effet, le projet du Campus des métiers du recyclage sur le site d’Orano Melox vient d’obtenir le soutien de France relance. L’État lâche 4,6 millions sur un investissement total de 18,7 millions d’euros sur trois ans pour ce site exceptionnel qui fabrique le MOX.

Fabriqué à partir d’un mélange de déchets d’oxyde d’uranium et de plutonium provenant des centrales nucléaires, les pastilles de MOX sont fabriquées à partir de poudres d'uranium et de plutonium dans des enceintes étanches (boîtes à gants). Après cuisson dans un four à 1 700° pendant 24 heures, les pastilles sont empilées dans des crayons en métal insérés dans un squelette pour constituer l’assemblage combustible Mox. Il alimente les réacteurs des centrales nucléaires en France, Allemagne, Pays-Bas et Japon, afin de produire de l’électricité. Un assemblage combustible qui permet d’alimenter en électricité une ville de 100 000 habitants pendant un an. En France, le MOX représente 10% de l’électricité nucléaire.

Agnès Pannier-Runacher a testé la fameuse boîte à gants (Photo Yannick Pons/Objectif Gard) • Yannick Pons

Le site Orano Melox a débuté le chantier du campus en 2021 et devrait, grâce à l’enveloppe de l’État, finaliser plus rapidement ce projet soit en 2023. « Cet apport constitue un véritable coup d’accélérateur pour notre Campus », explique Arnaud Capdepon, directeur d’Orano Melox. Le campus rassemblera des outils physiques et numériques sur environ 1200 m2. L’essentiel de l’investissement ira vers les 40 maquettes à échelle 1, les fameuses boîtes à gants, outil indispensable à la formation des techniciens du nucléaire.

« Cette école c’est la possibilité de former les nouveaux arrivants et perfectionner ceux qui sont déjà en poste. Nous recrutons beaucoup sur le site de Melox », explique Marion Metais, cheffe d'installation de fabrication des pastilles. "C'est un projet exaltant et ambitieux", lance Agnès Pannier-Runacher. Un projet nécessaire pour l'autonomie énergétique et politique de la France. Et les récents événements du côté de l’Est de l'Europe en soulignent l'importance.

Marie Meunier et Yannick Pons

Marie Meunier

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