Publié il y a 1 an - Mise à jour le 06.11.2022 - norman-jardin - 3 min  - vu 26445 fois

FAIT DU SOIR Le boulanger de Courbessac revient par la fenêtre

À Courbessac, c'est par la fenêtre que Christelle vend son pain (photo Norman Jardin)

L'ancienne boulangerie a fermé au mois d'octobre et c'est dans le prolongement que Daniel a gardé son laboratoire et qu'il vend son pain (photo Norman Jardin)

Après le départ du dernier boulanger du quartier, l’artisan revend du pain et des viennoiseries à travers la fenêtre de son laboratoire. Si l’opération n’a pour but que de dépanner, elle enthousiasme les riverains qui retrouvent du pain et de lien social.

« Quand je l’ai vu scier les barreaux de la fenêtre j’ai compris qu’il revenait » explique Jean-Luc. Le Courbessadier est heureux de retrouver le commerçant qu’il avait perdu il y a deux ans, mais aussi de pouvoir acheter son pain dans le quartier. Car depuis quelques semaines, Courbessac n’avait plus de boulanger, le dernier en avait quitté le secteur au mois d’octobre. C’est alors que Daniel Chaila entre action.  Il a été boulanger à Courbessac de 2010 à 2020 et il explique pourquoi il a tiré le rideau il y a deux ans.

Christelle est Daniel dépannent les Courbessadiers depuis le départ du dernier boulanger (photo Norman Jardin)

« Ce n’était plus viable, les affaires marchaient moins. Au début les parents des élèves de l’école venaient chez nous, mais un jour la mairie a effectué des travaux et le parking s’est retrouvé de l’autre côté de l’établissement scolaire. Du coup les parents venaient moins dans mon commerce pour aller là où il est plus facile de se garer », analyse l’artisan qui depuis continue de travailler dans son laboratoire pour fournir son étal dans les Halles de Nîmes et pour ses livraisons.

« La nuit et tôt le matin, des habitants venaient me demander de leur vendre du pain »

Au mois d’octobre, le jeune boulanger qui avait pris le relais en 2020 arrête à son tour son activité sur Courbessac. De fait, les habitants du quartier devaient faire plusieurs kilomètres pour acheter leur pain. « La nuit et tôt le matin, des habitants venaient régulièrement me demander de leur vendre du pain », explique Daniel qui a alors une idée : « J’ai dit à ma femme, puisqu’on est là, je vais ouvrir la fenêtre du laboratoire et nous allons vendre pain là. » L’initiative dépanne mais est-elle vouée à perdurer ?

La fenêtre donne accès au laboratoire (photo Norman Jardin)

« Là nous ne faisons que 100€ par jour en semaine et un peu plus le week-end, mais ce n’est pas dérangeant car je travaille sur place toute la matinée. En revanche je ne pourrais pas embaucher quelqu’un », prévient l’artisan qui pour ce dimanche a fait 120 baguettes et quatre pains spéciaux. Le boulanger propose du pain et des viennoiseries et pour structurer le point de vente, Daniel a donc scié les barreaux d’une fenêtre pour ouvrir un accès permettant un contact avec les Courbessadiers.

«  J’ai mis une petite cloche sur le rebord de la fenêtre comme ça les clients me préviennent de leur présence »

La vente c’est le domaine de Christelle, l’épouse de Daniel, qui est très sollicitée par les clients. « Ils sont contents de nous retrouver, ils nous remercient. J’ai mis une petite cloche sur le rebord de la fenêtre comme ça si je ne suis pas dans pièce, les clients me préviennent de leur présence », explique-t-elle. Et ce matin, les acheteurs sont nombreux. Il y a Henri, qui est bien heureux de retrouver Christelle et Daniel : « Sans eux, il me fallait aller acheter mon pain à la boulangerie de Mas de Mingue mais là-bas, il n’est pas bon. » À Courbessac, l'artisan n'a pas eu besoin de faire de la publicité et c'est le bouche-à-oreille qui fait passer l'information. Le boulanger est de retour !

Daniel a fait 120 baguettes et quatre pains spéciaux pour ce dimanche (photo Norman Jardin)

Quant à David, il va faire des économies de carburant. « J’allais jusqu’à Marguerittes pour mon pain et mes viennoiseries. » Le retour du boulanger est aussi synonyme de lien social dans un quartier où le seul commerce ouvert le dimanche est le bureau de tabac. « C’est très important pour nous mais aussi et surtout pour les personnes âgées qui ne voient parfois personne de la journée », s’émeut Pierre, qui a son tour fait sonner la cloche.

« Je ne veux pas qu’ils partent ! »

Malgré cette belle histoire, le boulanger de Courbessac doit faire face aux mêmes problèmes que ses collègues en cette période d’inflation et de crise économique : « La farine a augmenté trois fois cette année. Il y a aussi l’énergie et toute la matière première qui a pris 20%. Il y a la concurrence des supermarchés. Mais nous ne voulons pas augmenter nos prix sinon on perdra les clients et nous vendons la baguette à 1€. » À partir de ce lundi, le boulanger va peut-être avoir de nouveaux clients car avec la rentrée scolaire, plus de monde va passer devant le commerce qui est ouvert du mardi au dimanche de 7h30 à 12h.

La présence de Christelle et Daniel ramène un peu de lien social à Courbessac (photo Norman Jardin)

En attendant, le boulanger continuera à dépanner les Courbessadiers en pain et en viennoiseries. Quant à Jean-Luc, il est catégorique : « Je ne veux pas qu’ils partent ! » Le temps dira si la formule du pain par le fenêtre est viable, mais ici les amateurs de quignons croustillants espèrent enfin avoir mangé leur pain noir.

Norman Jardin

Norman Jardin

A la une

Voir Plus

A la une

Voir Plus

En direct

Voir Plus

Studio