Publié il y a 1 an - Mise à jour le 03.10.2022 - francois-desmeures - 3 min  - vu 618 fois

FAIT DU SOIR Sylvain André : "Pour la ruralité, les moyens ne sont pas au rendez-vous"

Sylvain André, maire communiste de Cendras et président de l'association des maires ruraux du Gard, est monté au congrès national, en Dodogne, avec quatre autres élus gardois, dont trois des Cévennes (photo François Desmeures / Objectif Gard)

De retour du congrès national des maires ruraux, Sylvain André, président gardois de l'association des maires ruraux, retient surtout que l'État ne met pas les moyens financiers face à ses promesses et continue de faire disparaître des services publics. En France, la ruralité représente 88 % du territoire et un tiers de la population.

C'est en délégation que l'association des maires ruraux du Gard s'est rendue à Eymet, en Dordogne, entre le 30 septembre et le 2 octobre. "Je suis revenu bien vanné", sourit Sylvain André, président gardois et maire communiste de Cendras, parti dans le sud-ouest en compagnie de Guy Manifacier (maire de Saint-Sébastien-d'Aigrefeuille), de Catherine Ferrière (maire de Bouquet), de Marie-Lise Gloanec (première adjointe d'Aigaliers) et de Ludovic Mourgues (Sainte-Croix-de-Caderle).

Pas moins de trois ministres ont fait le déplacement en Dordogne au cours du week-end, de la ministre de la Cohésion de territoires et des relations avec les collectivités territoriales, Caroline Cayeux, au secrétaire d'État à la ruralité (secrétariat qu'avait fortement réclamé l'association), Dominique Faure, en passant par la ministre de la Santé, Agnès Firmin Le Bodo. Une présence importante, que les mauvaises langues pourraient interpréter comme un rendez-vous essentiel en matière électorale, à un an des élections sénatoriales.

"Les hausses de dotation sont une goutte d'eau"

Pas sûr, pour autant, que les nouvelles que venaient apporter les membres de l'Exécutif aient permis de faire gagner des voix à leur camp. "Financièrement, il n'y a presque rien pour nos collectivités, déplore Sylvain André. Les hausses de dotation sont une goutte d'eau et ne suivent évidemment pas l'inflation." Le maire de Cendras fait notamment référence aux "181 mesures de l'agenda rural initiées par notre ancien président national, Vanik Berberian. Les moyens ne sont pas au rendez-vous et le Gouvernement fait beaucoup d'affichage."

Et le représentant gardois des maires ruraux de prendre comme exemple les maisons France Services, qui ne cessent d'être inaugurées dans le monde rural. "Ça peut être une bonne idée quand il n'existe plus rien, tempère Sylvain André. Or, aujourd'hui, on les implante là où il existait déjà quelques chose en matière de service public. Et ailleurs, rien. Ce qui renforce le sentiment que la République abandonne les territoires ruraux." Alors que, dans le même temps, l'État fait disparaître des trésoreries. "La direction générale des finances publiques ne nous a quand même pas fait avaler qu'on vivra mieux sans", sourit Sylvain André.

"Qu'on ait le courage politique de répartir un peu les médecins"

Profitant de la venue de la ministre de la Santé, l'association des maires ruraux a avancé ses propositions pour lutter contre les déserts médicaux, alors qu'ils est six fois plus difficile, selon la grande étude lancée par l'association (lire ici), de consulter un médecin en milieu rural qu'en ville. Pour Sylvain André, il n'y aura pas de début de solution sans un peu de coercition. "Qu'on ait le courage politique de répartir un peu les médecins. Il existe d'autres professions qui ont des quotas. Aujourd'hui, le Gouvernement a peur d'affronter l'Ordre des médecins. Il serait normal que les médecins rendent service à ceux qui ont financé leurs études à travers l'impôt, les citoyens. Sur ce sujet, les ministres nous ont pris des exemples de trois maires pour lesquels ça marche. Mais, pendant combien de temps l'État va-t-il mettre les communes en concurrence entre eux ? Et combien de communes ont créé des maisons de santé qui sont aujourd'hui vides ?"

Enfin, alors que plus de 200 maires ruraux travailleront cette année à montrer ce qui est fait dans les petites communes en matière de transition écologique, la ministre Caroline Cayeux a souhaité rassurer sur le thème de l'énergie, "en disant qu'on allait être bénéficiaires du bouclier tarifaire. Mais dès dix salariés, on n'y a pas droit ! s'emporte Sylvain André. Moi, j'ai trois écoles et un service technique... Je supprime quoi ? Qu'est-ce que je coupe ?"

"Assez offensifs contre le Gouvernement", note encore le président gardois, les maires ruraux ont achevé leur congrès en demandant, notamment, à l'Exécutif, "de rompre avec les raisons de la colère qui monte depuis les territoires".

François Desmeures

francois.desmeures@objectifgard.com

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