Publié il y a 6 ans - Mise à jour le 22.03.2018 - elodie-boschet - 4 min  - vu 1148 fois

GARD En marche contre Macron

À Alès, 1 850 personnes ont manifesté selon les forces de l'ordre, 2 000 selon les syndicats. Photo Élodie Boschet/Objectif Gard

Comme partout en France, des milliers de gardois ont battu le pavé, ce jeudi, pour crier leur colère contre les réformes du gouvernement.

Dans le Gard, ce sont les Alésiens qui ont ouvert le bal des manifestations. Dès 10 heures ce matin, une quarantaine de jeunes, enseignants, parents d’élèves des lycées Jean-Baptiste Dumas et Jacques Prévert était sur le pont pour protester contre la nouvelle plateforme Parcoursup et la réforme du Bac. « C’est Parcoursup qui choisit son élève et plus l’élève qui choisit son parcours. Il est demandé aux lycéens de fournir lettre de motivation et CV, comme si c’était des salariés ! », déplore Nathalie, une mère de famille. « On passe d’un enseignement à tendance humaniste à un système de concurrence où tout le monde se bat contre tout le monde », renchérit Michel Boissier, ancien professeur. Les jeunes, premiers concernés, « n’ont pas tous conscience de la situation », estime Clara, lycéenne. « Les critères de sélection pour entrer à la fac creusent les inégalités, surtout pour les familles en difficulté. Le Bac ne sera même plus un examen d’entrée comme c’était le cas auparavant. Étudier est un droit, pas un privilège ! », lance-t-elle.

Symboliquement, quelques jeunes, enseignants et parents d élèves se sont allongés au sol devant JBD pour exprimer leur mécontentement. Photo Élodie Boschet/Objectif Gard

Pancartes et banderoles en main, le petit groupe de manifestants a rejoint la mobilisation générale devant la sous-préfecture d'Alès, à 10h30. « M. Macron s’attaque au statut des fonctionnaires. Il les stigmatise en les désignant comme des soi-disant privilégiés ! », « C’est une mise à mort du secteur public ! », « Jamais un président de la République n’a engagé une telle guerre contre son peuple », entend-on dans les haut-parleurs du camion de la CGT. Après les discours des différents syndicats, près de 2 000 personnes ont défilé à travers le centre-ville, toutes en marche contre la politique d’Emmanuel Macron.

Ce midi, à Bagnols (Photo : Thierry Allard / Objectif Gard)

À Bagnols, plus de 300 personnes, d’après la CGT, ont manifesté à la mi-journée dans le vent glacial, à l’occasion de cette journée nationale de grève et de mobilisation. « Une réponse aux attaques sans précédent que connaissent les agents de la fonction publique », lance Anne Saucé, secrétaire FO au centre hospitalier de Bagnols. La liste égrenée par la syndicaliste est longue et comprend notamment le gel du point d’indice, le rétablissement du jour de carence, des coupes budgétaires, un recours massif aux contractuels, le fameux plan de départs volontaires ou encore la remise en cause des instance paritaires. Pour Anne Saucé c’est clair, « la volonté de ce gouvernement est de tuer la fonction publique, de la remplacer par des contrats précaires et faire rentrer en masse le privé dans nos établissements publics. »

À Nîmes, le Parvis de la Maison carrée était bien garni (Photo Anthony Maurin).

Deuxième à prendre la parole, Laure Sanchez, de la CGT du centre hospitalier de Bagnols, aide-soignante à l’EHPAD des 7 Sources. Dans une lettre ouverte à la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, la cégétiste dénonce « un vaste plan d’économies avec des réductions de moyens dont les conséquences sont des fermetures de lits par centaines, des retards de prise en charge et des embouteillages aux services d’urgences. » Le tout accompagné d’un management jugé « destructeur », fait entre autres de rappel des personnels en repos et de cumul d’heures supplémentaires.

Toujours à Nîmes et toujours autant de monde pour cette première manif d'une longue série (Photo Anthony Maurin).

Le secrétaire de l’union locale Bagnols de la CGT, Patrick Lescure, a quant à lui rappelé que le gouvernement (le « gouver-nous-ment », dans le discours du cégétiste) comptait supprimer 120 000 postes de fonctionnaires. « Ce "gouver-nous-ment" quand il annonce qu’il faut regarder les choses avec modernité. Les mesures et les volontés affichées sont du même âge que la première dame de France ! Madame Thatcher les a mis en place dans les années 80 en Angleterre. Il n’y a aucune modernité dans la casse des services publics », lancera le syndicaliste au micro. Rejetant l’adjectif de « nantis » aux députés et grandes fortunes du pays, Patrick Lescure plaidera pour une répartition « plus équitable des richesses dans ce pays », avant de lancer que « partout dans ce pays monte une vraie colère » et que la mobilisation de poursuivrait « jusqu’à ce que ce "gouver-nous-mente-plus". » « Ça va être long ! », rétorquera un manifestant.

(Photo Anthony Maurin).

Deux cars affrétés par la CGT sont ensuite partis pour Nîmes. Ils affichaient complet, avec 106 personnes venues pour grossir les rangs de la manifestation de cet après-midi devant la Maison carrée. Pour le coup, la foule était bien présente dans les rues de la préfecture gardoise. La colère monte peu à peu, « Je ne veux pas aller dans le monde promis par Macron et sa clique. Que le Gouvernement se fasse à l'idée que, même si nous ne sommes plus en 1995 comme il dit, nous sommes en 2018 et que bien des choses changent grâce à la force publique », explique Laurent,  estampillé CGT.

(Photo Anthony Maurin).

Toutes les bonnes volontés étaient donc réunies. Intersyndicale et plus encore. Des centaines de sympathisants à la cause et des petits milliers si tout est unifié (5000, disons 6000 pour les plus généreux). Départ de la Maison carrée, passage par la Rue Général-Perrier, descente du boulevard Amiral Courbet et petit coup de gueule annoncé devant la préfecture située sur l'Avenue Feuchères. « Je suis cheminot depuis 27 ans et je me sens toujours concerné par les luttes. La fonction publique est un des socles de notre société. Nous ne pouvons pas nous permettre de la voir s'effilocher sans rien faire. Mes parents se sont battus pour mon avenir, je me bats pour celui que je veux pour mes enfants  », assure Jean-Marie qui a prévu de ne pas gagner trop d'argent dans les semaines à venir.

(Photo Anthony Maurin).

Oui, pour la plupart, faire la grève a un coût. Il faut bien y penser surtout quand les répétitions sont nombreuses. Des étudiants aux salariés dans le privé en passant par les retraités, les fonctionnaires et les autres, c'est un budget à préparer. « On s'est bien fait avoir avec Macron ! Honnêtement, j'ai voté pour lui mais je pensais qu'il pencherait plus à gauche. Il laisse toute une frange de la population sur le côté de la voie royale qu'il trace en faveur des grandes sociétés et des boursicoteurs. Son analyse de notre pays me déçoit fortement mais il n'y a rien de grave, je pense qu'il va nous écouter et entendre notre mécontentement afin de revenir en arrière ou aller de l'avant mais avec du panache », conclut Marjorie.

Élodie Boschet (à Alès), Thierry Allard (à Bagnols) et Anthony Maurin (à Nîmes)

Elodie Boschet

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