GARD Il tue sa mère et lui enfonce un stylo dans la gorge : vers l'irresponsabilité pénale du fils ?
Un homme âgé de 47 ans, jamais condamné jusqu'à présent, comparaissait devant la cour d'appel de Nîmes mercredi, suite au meurtre de sa mère.
Il a tué sa maman, une retraitée de l'éducation nationale considérée comme douce avec ses proches. La victime a été rouée de coups avant que son fils "ne lui enfonce un stylo dans la gorge en référence à son métier de professeur d'école", plaide maître Baptiste Scherrer, l'avocat du mis en examen.
Les faits se sont déroulés dans la nuit du 4 avril 2020 à Villeneuve-lès-Avignon, en présence de l'époux de la victime, handicapé et alité. Il n'a pu rien faire face à la tragédie qui se jouait dans la villa familiale. C'est le suspect qui a alerté sa fille, habitant à Paris, en lui disait qu'il venait de tuer "la grand-mère". La fille du mis en cause a ensuite appelé la police d'Avignon. Lorsque les forces de l'ordre sont arrivées sur place, l'auteur de l'agression mortelle était présent dans la maison, mais ne voulait pas ouvrir la porte. Les policiers ont par la suite constaté le décès de la retraitée, violemment frappée.
Finalement interpellé, cet homme aurait agi sous l'emprise d'une maladie psychiatrique abolissant son discernement, selon les deux experts judiciaires psychiatres désignés pour étudier ce dossier pénal lourd. "Jusqu'à ces faits sa maladie était connue, mais elle était stabilisée et il n'y avait jamais de crise de violence. Pourquoi ce jour-là y a-t-il eu un tel déchaînement ?", interroge Christophe Teissier, le président de la chambre de l'instruction de Nîmes à l'adresse des psychiatres. Ces derniers concluent à l'abolition du discernement, donc à l'irresponsabilité pénale de cet homme qui pleure dans le box en évoquant la tragédie et la mort de sa mère.
"Il s'est pris pour un chevalier"
"Le propre de la maladie mentale est d'être imprévisible, elle peut survenir en un éclair, il va bien et d'un seul coup, il explose, résume un expert. Il avait un thème délirant, il se sentait persécuté par sa mère, il l'a tuée. Nous sommes dans le cadre d'une maladie mentale caractérisée". Le deuxième expert rebondit : "On est typiquement dans un trouble bipolaire, il s'est pris pour un chevalier. Pour résumer, on est dans une histoire de fou et le risque est d'avoir un acte déraisonnable. Chez ce patient rien n'est du côté de la raison", certifie le praticien qui souhaite également une prise en charge stricte de ce patient en milieu hospitalier spécialisé.
"Comment ne pas être insensible à cet acte d'une gravité extrême, un acte qui a été d'une déflagration totale pour cette famille, estime l'avocat général Alexandre Rossi. Mais ici on fait du droit et les fous sont irresponsables".
"La maladie fait peur, on ne la maîtrise pas. Lorsque je l'ai vu à la maison d'arrêt j'avais peur", souligne maître Baptiste Scherrer pour l'auteur des faits criminels. "Il tue sa mère et prévient sa fille. Après la scène de violences extrêmes, il lui enfonce un stylo dans la gorge en référence à son métier de professeur d'école", plaide le pénaliste gardois qui insiste sur l'irresponsabilité pénale de son client. La cour d'appel rendra sa décision dans deux semaines.
Boris De la Cruz
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