Publié il y a 8 ans - Mise à jour le 11.03.2016 - elodie-boschet - 3 min  - vu 835 fois

JUSTICE Accident de chasse mortel : 3 ans avec sursis pour l'accusé

Illustration chasse. Photo : Droits réservés. - Getty Images

Le 29 décembre 2013, dans la forêt de Saint-Jean-de-Valériscle, un accident de chasse coûte la vie à Claude Santiago, âgé d'une quarantaine d'années. Ce vendredi matin, l'auteur du coup de feu était jugé au tribunal correctionnel d'Alès.

Joël Dumas chasse depuis près de 20 ans. Le dernier dimanche de l'année 2013, ce Roussonnais de 52 ans est invité à une battue organisée par l'association des chasseurs de Saint-Jean-de-Valériscle. Ce jour-là, il est traqueur : son rôle est de débusquer le gibier pour le diriger vers les tireurs, positionnés sur des postes fixes. Claude Santiago, sa future victime, fait partie de ceux-là.

Un peu avant 16h, la partie de chasse tourne au drame. Joël Dumas perd la trace de ses chiens et se retrouve nez-à-nez avec Claude Santiago, qui lui indique vers où ils sont partis. Armé de sa carabine chargée de deux balles sur l'épaule, Joël Dumas saute un muret pour les rattraper. Il glisse, et son arme heurte le sol. Le coup de feu part. Son camarade, posté à quelques mètres de lui, reçoit la balle à l'abdomen. Il crie à plusieurs reprises : « Je suis mort ». A 16h54, le décès de ce père de trois enfants est prononcé.

L’accusé : « Je suis désolé, j'ai beaucoup de peine »

Décharger son arme lorsqu'un chasseur franchit un obstacle est obligatoire. « Sinon, c'est considéré comme une faute éliminatoire au permis de chasse », souligne la présidente de l'audience, Élisabeth Granier. Lors de sa garde à vue, juste après les faits, Joël Dumas dira que le muret qu'il avait enjambé n'était pas un obstacle puisqu'il mesurait, selon lui, 50 centimètres. Les relevés techniques le feront mentir : la hauteur du mur est, en réalité, de 1,30 mètres. Mais après un tel choc, le système de sécurité de la carabine n'empêche pas le déclenchement du tir.

« On voit régulièrement des chasseurs qui, parce qu'ils sont avec un certain nombre de certitudes, oublient qu'ils représentent un danger », rappelle la présidente. Le prévenu tente de s'expliquer : « Santiago m'a dit de sauter le muret au lieu de faire le tour. Je n'ai plus pensé que ma carabine était chargée. Je suis désolé, j'ai beaucoup de peine pour sa famille. C'est un calvaire pour moi, j'ai même été obligé d'arrêter mon travail ».

Dans la salle d'audience, la famille de la victime, issue de la communauté gitane, écoute avec colère Joël Dumas. Puis l'un des frères dénonce un complot : « Mon frère tuait beaucoup de sangliers et ça provoquait des jalousies. Dumas a été mandaté pour le tuer ! » Cette thèse ne sera pas retenue. « Il ne s'agit pas d'un meurtre mais d'un accident de chasse dramatique. On n'est pas devant une cour d'assises ! » lance Florence de Prato, l'avocate de la compagne de la victime. Elle reprend, en faisant allusion aux explications du prévenu : « Je suis heurtée lorsque vous dites, en quelque sorte, que c'est presque de la faute de Santiago, alors que vous aviez un passage à côté du muret ! »

Le substitut du procureur confirmera que les dires du frère de Claude Santiago ne sont que « des élucubrations ». Joël Dumas, qui était placé sous contrôle judiciaire depuis le 29 décembre 2013, a été condamné à trois ans de prison avec sursis. Il lui est interdit de chasser ou de détenir une arme pendant cinq ans.

Élodie Boschet

Elodie Boschet

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