Publié il y a 3 ans - Mise à jour le 12.04.2021 - anthony-maurin - 3 min  - vu 666 fois

LE 7H50 de la chef d'entreprise Angélique Zezza : "Tout le monde est né handicapé"

Angélique Zezza, présidente d'Éco Polymers 3D, une société basée à Aigues-Vives (Photo Anthony Maurin).

Le handicap est un enjeu important en France. Dans le bâtiment il l'est plus encore car le Gard doit, lui aussi, adapter son accessibilité au plus grand nombre et par ces mots, à tout le monde. Angélique Zezza raconte.

Objectif Gard : Qui êtes-vous et quelle est l'activité de votre société ?

Angélique Zezza  : Je suis Dijonnaise, je voulais créer ma société dans le sud de la France et quand je suis descendue de Dijon, j'ai trouvé. J'ai créé cette société en 2012 à Aigues-Vives avec mon associé qui était technicien. J'étais quant à moi commerciale dans une association en lien avec le handicap. Ma société, Eco Polymers 3D, est spécialisée dans le revêtement de sols résines design, en partie écologique durable et sans solvant. Avec Eco Polymers 3D, nous avions et avons encore plein de projets, y compris celui de former les gens à ces problématiques aussi bien pour les chantiers extérieurs qu'intérieurs. Nous sommes quatre salariés et nous formons de nombreuses personnes en intérim.

Pourquoi vous-a-ton vu lors de la présentation du Silver Pass' avec la Capeb ?

Je suis sourde et j'ai d'autres petits pépins, mais je n'ai plus le droit de travailler sur les chantiers, c'est pour cela que je préside la société. Mon entreprise travaille pour d'autres entreprises plus grandes, mais nous travaillons aussi pour des collectivités ainsi que pour des particuliers, notamment pour habiller les parkings avec de la peinture anti-dérapante ou encore pour réaliser des chemins d'accessibilité via la luminosité... Nous devons composer, coexister et être sensible à cette cause. Je suis moi-même handicapée, rien de grave mais je défends cette cause car le handicap peut arriver à n'importe qui ou plutôt à tout le monde. Il faut œuvrer et faire changer les mœurs. À l'école, on devrait même enseigner, dès le collège et à l'image de ce qui peut se faire pour le code de la route, ce qu'est le handicap. Les jeunes, qui seront ensuite des adultes, le comprendraient bien mieux et agiraient en conséquence.

La handicap concerne-t-il réellement  tout le monde ?

Tout le monde est né handicapé ! On ne marchait pas à notre naissance, quelqu'un a dû nous aider. On ne s'en rappelle pas mais on doit être éduqué, c'est important de le dire car tout le monde le comprend, c'est essentiel, un enfant est toujours handicapé à plusieurs niveaux ! C'est l'apprentissage qu'on lui fait qui fera de lui quelqu'un de moins en moins handicapé. Mais il faudrait poursuivre cet enseignement car, vous comme moi, nous pouvons souffrir d'un AVC ou d'une chute au sol.

Vous êtes une femme dans un univers - le bâtiment - très masculin. Est-ce un handicap supplémentaire ?

Oui c'est un autre handicap ! Pourtant il est important d'avoir des femmes dans le bâtiment. Elles ont une autre vision du métier, elles abordent différemment les chantiers et, pour moi, mes salariés sont un peu comme des enfants. Il est certain que sur mes chantiers les gens cherchent un peu l'homme qui chapeaute les travaux, mais quand ils s'aperçoivent que c'est une femme, ça surprend un peu ! J'aimerais que les femmes soient mieux représentées dans le secteur du BTP car il m'arrive encore de signer des PV de chantier adressés à "monsieur". C'est en bonne voie mais il y a encore du travail. J'espère que les mœurs vont changer, j'y apporte ma touche pour les faire évoluer et je vais me rapprocher de l'Association des Paralysés de France pour aller dans les collèges du département et sensibiliser les jeunes au handicap.

Propos recueillis par Anthony Maurin

Anthony Maurin

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