LE VRAI MÉTIER DES ÉLUS Vincent Bouget, un prof presque comme les autres...

Responsable du Parti communiste dans le Gard, Vincent Bouget est professeur d’histoire-géographie. Un métier où passion rime avec transmission.
Quand on est prof, on est forcément de gauche. Avec Vincent Bouget, le cliché ne se dément pas. Secrétaire du Parti communiste gardois, le Nîmois est professeur d’histoire-géographie au lycée Philippe-Lamour. Une vocation qui, au départ, n’en était pas vraiment une… « Je voulais être journaliste sportif ! J’étais fan d’Hervé Sallafranque qui commentait les matches de Nîmes olympique sur France Bleu », se souvient amusé l’intéressé.
La culture de l'engagement
Fils d’un cadre de France Télécom et d’une infirmière, l’adolescent suit ses études à Daudet. Contrairement à bon nombre de communistes, son adhésion au parti a été tardive : « je ne sais pas pourquoi, mais je n’aimais pas vraiment les organisations politiques de jeunesse. » Vincent Bouget n’en reste pas mois engagé. Au conseil d’administration de son lycée, il représente les élèves.
« C’était une période compliquée avec la Région (*). Nous nous étions opposés au président Jacques Blanc, qui venait de s’allier à l’extrême-droite ! », rappelle-t-il. La grogne restera lettre morte. Le Nîmois s'expatrie à Paris pour étudier à la Sorbonne. Il obtient une licence en histoire-géo et se découvre une passion pour l’histoire contemporaine « qui donne un éclairage sur notre monde d'aujourd’hui ».
De fil en aiguille, le métier de professeur s’impose à lui comme une évidence. En 2002, l’étudiant décroche son CAPES (Certificat d'aptitude au professorat de l'enseignement du second degré). Si la volonté de transmettre est inhérente aux métiers de journaliste et de professeur, l’Éducation permet d’aller plus loin « grâce au rapport que nous entretenons avec nos élèves ».
Esprits rebelles à Sarcelles
Le professeur Bouget est affecté au collège de Sarcelles, en banlieue parisienne. Un établissement qu’il a lui-même demandé : « On apprend plus rapidement au contact d’élèves en difficultés. » Le débutant n’a alors que 25 ans et des idéaux plein le cerveau. Une sorte de Michelle Pfeiffer en version française et masculine... « Forcément, je me suis heurté aux difficultés sociales des élèves. À la fac, on n'apprend pas ça. Tu as beau préparer le meilleur cours, si les élèves ne sont pas réceptifs, ça ne sert à rien ! »
Ce qui a servi en revanche, ce sont les conseils avisés de ses collègues plus expérimentés, comme Marc : « Ce qui m’a plu chez Vincent, c’est sa volonté de travailler à plusieurs. » Son homologue qui travaille toujours à Sarcelles témoigne : « Dans les quartiers difficiles, les enfants sont rarement reconnus. Avec eux, l’affect est considérable. C’est à partir du moment où l’on s’intéresse à eux qu’ils sont réceptifs. »
À Paris, le Nîmois fait ses premières armes. Trois ans plus tard, il décide d’adhérer au Parti communiste : « Être professeur ne suffisait pas pour changer les choses. Nous n'agissons pas sur les causes des difficultés. » En 2009, Vincent Bouget rentre dans le Gard. « Mon départ a été le pire et en même temps le meilleur souvenir. J’ai eu droit à la chanson "Adieu Monsieur Le professeur"… C’était émouvant. J'ai encore des contacts avec des élèves », énonce-t-il avec une pointe de nostalgie.
Professeur et militant
Au lycée Philippe-Lamour, l’ambiance est plus tranquille. Alors, en dehors des salles de cours, le quadragénaire se consacre à son engagement politique. En 2014, il est élu secrétaire départemental par les militants communistes, succédant à Martine Gayraud. Son expérience professionnelle nourrit son action politique. Si l'Éducation n'est pas sa seule préoccupation, elle détient toutefois une part importante.
Sans surprise, Vincent Bouget porte un regard critique sur l’évolution de son métier : « Les professeurs ont moins de moyens pour créer du lien avec leurs élèves. Ça en devient frustrant ! Avant, nous arrivions à trouver de l’argent pour faire des activités comme des voyages, aujourd'hui on n'y arrive plus », déplore le Nîmois, qui a toutefois la satisfaction d'avoir fait découvrir, en 2008, aux collégiens sarcellois, notre petite Rome française.
Coralie Mollaret
coralie.mollaret@objectifgard.com
* La Région est la collectivité qui a dans ses compétences la gestion des lycées. Les collèges sont gérés par le Département.