Publié il y a 3 ans - Mise à jour le 29.08.2021 - boris-boutet - 3 min  - vu 3152 fois

MADAME/MADAME Maguelone et Martine Chareyre, mariées par toute la "chorale" municipale d'Aigues-Mortes

Martine et Maguelone Chareyre vivent à Aigues-Mortes. (photo Boris Boutet)

Martine (à gauche) et Maguelone Chareyre veulent s'engager pour la jeunesse. (photo Boris Boutet)

Tout l’été, Objectif Gard vous propose une galerie de portraits non pas des femmes et hommes politiques de notre département, mais de leurs conjoints. Un pas de côté qui permet de mieux comprendre les coulisses de l’engagement politique. Aujourd'hui rendez-vous avec Martine Chareyre, épouse de l'élue municipale aigues-mortaise Maguelone Chareyre. 

Normande de naissance et parisienne d'adoption, Martine n'imaginait sûrement pas faire sa vie Aigues-Mortes. "Jusqu'à mes 40 ans, je ne voulais pas entendre parler du Sud, avoue-t-elle. Je détestais la chaleur et les moustiques." Mais une rencontre sur internet avec Maguelone Chareyre, vient bouleverser ses idées reçues.

"Elle m'a fait venir pour la fête votive d'Aigues-Mortes et j'ai cru débarquer chez les fous, poursuit-elle. Je ne comprenais rien, mais j'ai immédiatement adoré. Maguelone m'a charmée au premier regard et j'ai très vite su que je voulais faire ma vie avec elle." Assumant depuis longtemps leur orientation sexuelle, les deux femmes décident de s'installer non loin des remparts il y a une douzaine d'années. "Ici, l'homosexualité est bien acceptée, avance Martine. J'ai eu plus de mal à m'intégrer en tant que Parisienne qu'en tant que lesbienne." 

Présidente du comité des Fêtes

Issue d'une famille ancrée à Aigues-Mortes depuis plusieurs générations, Maguelone Chareyre décide d'entrer dans le jeu politique à l'occasion des élections municipales de 2006. Cette ancienne basketteuse montée jusqu'en National 3 avec le club de sa ville veut désormais faire rayonner sa commune loin des parquets. "Je connaissais bien le maire Pierre Mauméjean : on a l'amour du sport et des traditions en commun", explique celle qui est encartée aux Républicains depuis 8 ans.

Élue conseillère municipale, Maguelone Chareyre est nommée présidente du comité des fêtes jusqu'en 2019. "C'est un milieu très macho où il est dur de faire sa place, témoigne-t-elle. Aujourd'hui, je suis toujours l'ambassadrice des traditions et je m'occupe aussi de la communication et des associations sportives de la ville." 

Véritable figure locale, la jeune quadragénaire est parfaitement intégrée au sein de l'équipe municipale. Preuve de l'acceptation de sa sexualité, tous les adjoints lui proposent de célébrer son mariage avec Martine, lorsqu'elle décide de franchir le pas, il y a six ans. "J'ai fini par trancher en décidant que le maire nous marierait, se souvient-elle. Mais quand on est entré en mairie, toute l'équipe majoritaire était là. Pierre Mauméjean nous a dit qu'il nous mariait devant toute la chorale municipale." 

Un engagement auprès des jeunes

S'il facilite la vie administrative des deux femmes, ce nouveau statut a aussi des inconvénients. "Avec le Mariage pour tous, j'ai le sentiment que les méchancetés envers les personnes homosexuelles ont redoublé, confie Martine Chareyre. Surtout chez les plus jeunes paradoxalement. Nous ne sommes pas particulièrement exubérantes mais on a récemment entendu des remarques dans notre dos alors qu'on baladait notre chien." 

"C'est forcément désagréable, renchérit Maguelone. Surtout que depuis toujours à Aigues-Mortes, les différences sont bien acceptées. J'ai été baignée là-dedans depuis toute petite. Mais ces derniers temps, j'ai l'impression que le tolérance régresse." Pour témoigner de leur histoire, Martine et Maguelone Chareyre ont participé à la table ronde organisée à Aigues-Mortes en mars dernier à l'occasion de la venue d'Élisabeth Moreno, la minisitre déléguée à l'Égalité entre les femmes et les hommes, à la Diversité et à l'Égalité des chances.

Un premier pas qui pousse le couple à voir plus loin. "Nous aimerions réunir à nouveau l'ensemble des intervenants autour d'assises sur ces questions-là, expliquent-elles. L'idée serait d'ouvrir par la suite une structure d'accueil pour accompagner les LGBT+ du coin, et notamment les plus jeunes qui souffrent souvent de harcèlement." 

"Entre Nîmes et Montpellier, il n'y a rien pour eux, appuient-elles. On dit souvent qu'Aigues-Mortes est la capitale de l'homosexualité, d'où l'idée de créer une association ici." Si Martine et Maguelone Chareyre veulent d'une structure indépendante de la municipalité, l'initiative est d'ores et déjà soutenue par cette dernière. Histoire de renforcer encore un peu la réputation d'ouverture et de tolérance de la commune.

Boris Boutet

Boris Boutet

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