Publié il y a 2 ans - Mise à jour le 04.02.2022 - thierry-allard - 3 min  - vu 850 fois

PRÉSIDENTIELLE Dans le Gard, le chemin de croix des Insoumis pour décrocher des parrainages

Les parrainages doivent être renvoyés avant le 4 mars au Conseil constitutionnel (Vincent Isore/IP3 [Photo via MaxPPP]) - IP3 PRESS/MAXPPP

« C’est du jamais vu » : Evelyne Herbau, militante de la France insoumise du côté d’Alès, en a vécu des campagnes, mais jamais comme celle-là. 

Elle fait partie des militants soutiens de Jean-Luc Mélenchon qui prennent de leur temps et de leur carburant depuis des semaines pour rien. Ou presque... « Nous avons vu près de 90 % des communes, et nous en sommes à neuf parrainages », souffle-t-elle. Au niveau national, Jean-Luc Mélenchon comptait, selon le dernier décompte du Conseil constitutionnel le 3 février, 100 parrainages. 

De fait, « nous avons de très grosses difficultés, confirme la militante, qui sillonne le Gard depuis trois mois. Nous avons des fins de non-recevoir et ce qui nous choque le plus, c’est qu’il y a beaucoup de maires qui refusent de parrainer quiconque. » D’après les estimations de la France insoumise dans le Gard, environ 85 % des maires rencontrés ont répondu ne vouloir parrainer aucun candidat. 

« C’est un déni de démocratie », lâche-t-elle. Dans ce contexte, la France insoumise s’est fendue d’une lettre ouverte adressée au président de l’Association des maires ruraux du Gard pour « faire prendre conscience de l’importance des enjeux. […] Inutile de préciser ce qui pourrait advenir si un candidat qui a obtenu 7 millions de voix à la précédente élection se trouvait dans l’incapacité de se présenter faute de parrainages suffisants. » 

« Sur la question des parrainages nous n’avons pas de leçon à donner, c’est une décision individuelle », répond le président de l’Association des maires ruraux du Gard, Sylvain André. Par ailleurs maire communiste de Cendras, il est, comme ses confrères, « envahi de mails et d’appels de candidats dont je n’ai parfois jamais entendu parler, et Reconquête ! (le mouvement d’Éric Zemmour, ndlr), ça fait trois fois qu’ils appellent. » Sylvain André a quant à lui donné son parrainage au candidat de son parti, Fabien Roussel. « À titre personnel je pense qu’il est important de parrainer. Je l’ai fait », précise-t-il. 

« On a tout tenté et on continue »

Quant à savoir pourquoi nombre de ses confrères ne le font pas, Sylvain André avance deux pistes. « Certains disent qu’on ne vient les chercher que quand on a besoin d’eux, et d’autres considèrent qu’ils ont été élus sur des équipes très diverses et qu’ils n’ont pas à parrainer un candidat d’une tendance ou d’une autre », avance-t-il. « Ce n’est pas le conseil municipal qui s’engage, mais le maire, et parrainer un candidat ne veut pas forcément dire partager ses idées », estime pour sa part Evelyne Herbau. 

Soit, mais le fait que les parrainages soient publics peut en refroidir certains, que ce soit dans le cas de Jean-Luc Mélenchon, ou, à l’autre bout du spectre politique, d’Éric Zemmour. C’est une explication, mais « à titre personnel je suis contre l’anonymisation des parrainages. Il est normal que la population sache qui son maire parraine, tranche Sylvain André. Ceux qui veulent soutenir des fachos, que ça se sache publiquement. » 

Dans le cas de Jean-Luc Mélenchon, le fait que le Parti communiste français ait son candidat à cette élection en la personne de Fabien Roussel joue aussi. « Cette fois, nous n’avons pas les parrainages des élus PCF », reconnaît Evelyne Herbau, qui évoque une éventuelle « consigne » donnée aux élus communistes de ne pas parrainer Jean-Luc Mélenchon. Le vrai sujet est peut-être à chercher du côté de l’implantation locale : « Nous n’avons pas d’élus municipaux ou très peu, et c’est pareil au Département ou à la Région », reconnaît la militante. Résultat : la France insoumise est contrainte d’aller chercher ses parrainages hors de son propre cercle. 

Et c’est donc loin d’être facile. « Sur le terrain c’est très douloureux. Je me sens méprisée », dit Evelyne Herbau. Pour autant, les militants ne lâchent pas l’affaire. « On va même jusqu’à taper à la porte des maires chez eux. On a tout tenté et on continue », poursuit-elle, et ce pour un maigre résultat de neuf parrainages sur 351 communes du Gard. Et encore, « ce ne sont que des promesses, note-t-elle. Il faut encore que les maires renvoient le formulaire. » Ils ont jusqu’au 4 mars à 18 heures pour le faire. 

Thierry ALLARD

thierry.allard@objectifgard.com

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