Publié il y a 2 ans - Mise à jour le 22.04.2021 - thierry-allard - 4 min  - vu 1334 fois

SAINT-ÉTIENNE-DES-SORTS Crise à la mairie, le compte administratif rejeté

La maire de Saint-Étienne-des-Sorts Patricia Garnero (à G.) et l'opposante Marie-Françoise Combin (Photos : Thierry Allard / Objectif Gard)

Saint-Étienne-des-Sorts (Photo d'archives : Marie Meunier / Objectif Gard)

Le paisible village de Saint-Étienne-des-Sorts, posé le long du Rhône entre Marcoule et Pont-Saint-Esprit, compte 580 habitants. Une quinzaine d’entre eux se déchire depuis quelques semaines au conseil municipal et la crise est désormais ouverte, avec le rejet la semaine dernière du compte administratif de la commune. 

Pour comprendre cette crise, il faut remonter à un événement tragique il y a deux mois. En cette fin d’hiver, le premier adjoint de la maire Patricia Garnero, Jean-Marie Jullien, décède. Les quinze élus ne sont plus que quatorze, « et comme nous sommes une commune de moins de 1 000 habitants, nous ne pouvons pas faire rentrer un quinzième élu », précise Patricia Garnero. 

Les rapports sont alors déjà tendus avec l’opposition, notamment avec la tête de l’autre liste de 2020 Marie-Françoise Combin. « Pour calmer le jeu, j’ai accepté d’avoir un premier-adjoint issu de l’opposition », rejoue la maire, après qu’un vote à bulletin secret au sein de l’assemblée a désigné son opposant Stéphane Marcellin. Dans le même temps, Patricia Garnero décide de retirer ses délégations au deuxième adjoint, qui rejoint l’opposition avec son épouse, conseillère municipale. Et voilà comment une majorité initiale de dix contre cinq devient une parité à sept contre sept. 

La voix de la maire étant prépondérante, cette égalité parfaite en nombre d’élus n’empêche pas la maire de passer ses délibérations, et notamment son budget. Seulement voilà : le compte administratif, document comptable qui vient clore l’exercice budgétaire précédent, doit être voté par le conseil municipal mais pas par la maire, qui doit sortir au moment du vote. C’est la loi. Résultat : l’opposition devient majoritaire, à sept voix contre six, et rejette le document budgétaire. 

Voilà pour les faits, qui bloquent la commune. « On finit avec ces excédents de 123 000 euros en fonctionnement et de 102 000 euros en investissements, mais nous ne pouvons pas transférer ces sommes sur le budget, donc on ne peut plus faire d’investissements », explique Patricia Garnero. La maire prend en exemple « une étude pour la sécurisation de la traversée du village votée à l’unanimité, nous allons attaquer la phase de travaux mais nous ne pouvons plus payer, pareil pour le projet de panneaux solaires, et nous ne pouvons pas donner les subventions aux associations. » 

Dans une lettre ouverte aux Stéphanois, la maire parle « d’irresponsabilité » et de « prise en otage. » L’opposante marie-Françoise Combin voit dans le rejet du compte administratif « un signal. » « Ce n’est pas le compte administratif en soi, mais c’est la gouvernance qui ne va pas », poursuit-elle. L’élue, enseignante qui se présente comme « une enfant du village », parle de « démocratie bafouée » depuis l’élection. « C’est très compliqué, on s’est battus X temps pour avoir une clé de la mairie, nous avons proposé des candidats pour la mixité mais aucun des quatre n’est passé, j’ai été virée de la délégation urbanisme », débite-t-elle. 

« Il n’y a pas de dialogue »

Globalement, « il n’y a pas de dialogue, la maire ne nous écoute pas et nous rit au nez », tonne l’opposante. « Ils nous accusent de ne pas communiquer, de ne pas les intégrer au conseil municipal, moi je leur dis qu’on est une équipe, que la campagne électorale est finie et qu’il faut travailler dans l’intérêt du village », estime Patricia Garnero. Marie-Françoise Combin regrette d’avoir été mise à l’écart du projet d’irrigation de la commune, qui concerne des terrains appartenant à sa famille. Craignant un possible conflit d’intérêt, la maire lui a demandé de ne pas prendre part au vote, « mais elle a crié au complot », s’étrangle Patricia Garnero. Marie-Françoise Combin rejette l’argument et en veut encore à Patricia Garnero pour cet épisode. 

Autre sujet de discorde, le cas d’une agent technique de la commune. L’ATSEM de l’école du village part à la retraite à la fin de l’année, et « cette agent technique qui n’a pas le diplôme, l’opposition veut la mettre ATSEM », explique la maire. D’après les deux camps, l’ancien maire Didier Bonneaud aurait promis à l’agent en question qu’elle aurait le poste. Une pétition circule dans le village sur ce cas, « et le conflit est parti de là », estime Patricia Garnero. Marie-Françoise Combin affirme que l’agent en question « avait passé le concours, mais il n’est valable que trois ans. » La maire indique que l’agent pourra si elle le souhaite faire partie du service de garderie communale le mercredi qu’elle veut mettre en place. 

Bref, la situation est bloquée. La commune a jusqu’au 30 juin pour adopter le compte administratif, et Patricia Garnero a prévu de le représenter la semaine prochaine. « Si c’est encore négatif, la préfète tranchera », avance-t-elle, rejointe sur ce point par Marie-Françoise Combin. Dans un camp comme dans l’autre, on ne rejette pas l’idée d’un éventuel retour aux urnes des stéphanois. 

En attendant, l’ambiance est tendue dans le village. « Ce qui m’intéresse, c’est mon village avant tout », affirme marie-Françoise Combin. Quant à Patricia Garnero, elle se dit « plus déterminée que jamais à tenir notre feuille de route. » Et ce d’autant que, souffle-t-elle, « nous avions presque le même programme. »

Thierry ALLARD

thierry.allard@objectifgard.com

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Depuis un peu plus d’un mois, l’eau du robinet n’est plus potable à Saint-Étienne-des-Sorts, en raison d’un taux de manganèse trop important. Pour l’heure, des distributions de bouteilles d’eau sont toujours organisées. « Une analyse de sortie de filtre a été conduite mardi, et ce vendredi une nouvelle analyse de sortie de château d’eau va l’être, les résultats seront connus en début de semaine prochaine », indique Patricia Garnero. Il faudra donc attendre un peu pour savoir si l’eau est redevenue potable. 

Thierry Allard

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