ALÈS Le Cabri Jeunes célèbre la lecture, l’éloquence… et une jeunesse inspirante

Le jeune apprenti en 2eme année d'électricien au CFA BTP de Méjannes les Alès, Cheick Doucouré, a remporté ce concours d'Oral avec brio tant il a bluffé le jury.
- Romain FioreCe jeudi, la grande salle du Cratère à Alès a vibré au rythme des mots, des idées et des émotions lors du concours du Cabri Jeunes, un événement à double détente qui a réuni 328 élèves issus des sept lycées du territoire. Au programme : un prix littéraire et un concours d’éloquence, réunis sous la bannière de l’Académie cévenole, dans le cadre du festival Passeur de livres. Une ode à la jeunesse, à la lecture… et au courage de prendre la parole.
Le prix Cabri Jeunes, version jeunesse du prestigieux Cabri d’Or, a permis aux élèves de voter pour leur roman préféré parmi quatre ouvrages sélectionnés. Après des mois de lecture et de débat en classe, c’est l’Alésien Christophe Nicolas qui a été couronné pour Et les gens qui ne sont rien. « J’espère que ce livre n’était pas le dernier que vous avez lu, mais le premier d’une longue série », a déclaré l’auteur, visiblement ému, en s’adressant aux jeunes lecteurs. Un prix d’autant plus fort qu’il est attribué par des adolescents, souvent lecteurs novices, qui ont trouvé dans ses pages de quoi réfléchir, s’émouvoir et grandir.
Un concours d’oralité saisissant
Mais l’autre moment fort de la journée fut sans conteste le concours d’oralité, véritable tremplin d’expression. Devant un jury attentif, des élèves ont défendu en quatre minutes un livre de leur choix. Seul ou à plusieurs, ils ont incarné les personnages, partagé leurs ressentis, et parfois bouleversé la salle.
Le lauréat du jour s’appelle Cheick Doucouré, élève ivoirien en CAP électricité au CFA BTP d’Alès. Seul sur scène, il a livré une interprétation vibrante du Tableau du peintre juif de Benoît Séverac, mêlant engagement et sensibilité, le tout sans lire une seule fois son texte avec une aisance orale sublime, attitré d'un "parfait" sur une copie de l'un des jurés du jour. « Je remercie tout le monde. Participer à ce concours m’a beaucoup apporté. J’ai gagné de l’assurance, je suis fier de représenter mon établissement et de ne pas avoir abandonné », a-t-il confié, lui qui devait passer avec un camarade, a appris seulement deux jours avant le concours que son partenaire était retenu par son patron pour des raisons professionnelles. "J'ai dû apprendre sa partie de texte par cœur en deux jours, j'ai failli abandonner, mais comme je suis un gars qui ne lâche pas, je m'engage et je vais jusqu'au bout de mon engagement, j'ai pris mon courage à deux mains et grâce à ma formatrice, j'y suis arrivé".
Une jeunesse pleine de promesses
Christophe Rivenq, président d’Alès Agglomération, n’a pas caché son émotion : « Contrairement aux discours fatalistes, cette jeunesse est une fierté. Elle s’engage, elle ose, elle pense. Ce concours nous prouve que la culture peut faire émerger des talents insoupçonnés. » Il a d’ailleurs salué tous les participants comme des « acteurs de leur avenir », les encourageant à franchir le pas entre spectateur et acteur.
Le concours s’est déroulé dans une salle comble, rare en pleine semaine pour un événement littéraire. Et preuve de son importance : il a été intégré au cœur de la programmation du festival Passeurs de livres, qui se tient jusqu’à dimanche à Alès.
Une scène, un territoire, un espoir
Dans un contexte de rénovation du Cratère - dont les travaux débuteront cet été -, ce concours a offert une scène exceptionnelle à une jeunesse tout aussi exceptionnelle. Treize classes, des dizaines de professeurs mobilisés, un public attentif et un Rotary Club venu offrir un ouvrage à chaque établissement : tout concourait à faire de cette journée un moment rare.
Le jury a finalement distingué trois prestations : la classe d’Alice, Fatima et Juliette du lycée privée Cévenol pour Avec Paul de Nadine Eghels a terminé troisième ; la classe de Keylan et Elsa du lycée Jacques Prévert en première général a terminé second sur un travail sur La femme Paradis de Pierre Chavagné, mais tous les participants ont été salués pour leur talent, leur audace et leur travail.