UCHAUD Le maire Joffrey Léon met en garde contre le « Perrier bashing »

Le maire d'Uchaud, Joffrey Léon
- Coralie MollaretDans le nouveau dossier déposé par Nestlé, le renouvellement du label « eau minérale naturelle » ne concerne que les puits d’Uchaud. Pour le maire, « l’essentiel est que ce label demeure sur le territoire ».
Objectif Gard : Nestlé Waters a annoncé la fermeture de ses deux derniers puits produisant de l’eau minérale naturelle à Vergèze, préférant se concentrer sur ceux d’Uchaud. Quelle est votre réaction ?
Joffrey Léon : Lorsque le territoire de Vergèze est impacté, c’est toute la communauté de communes qui l’est. Nous appartenons au même bassin de vie. Je suis solidaire de Vergèze, qui abrite la source historique. Avec cette décision, on dépossède Vergèze d’un bien patrimonial. Même si l’usine reste sur la commune, il est incompréhensible qu’il n’y ait pas, au moins, un puits encore détenteur du label « eau minérale naturelle » sur cette source historique.
Au vu de la décision de Nestlé, y a-t-il un problème avec les puits de Vergèze ?
Très honnêtement, je ne le crois pas. C’est la source historique. Je m’exprime ici en tant que responsable politique. Il existe des données techniques qui appartiennent à Nestlé Waters. J’ose espérer qu’ils les utilisent dans l’intérêt du territoire.
« Qu’il s’agisse de Vergèze ou d’Uchaud, l’essentiel est qu’il reste des puits avec ce label »
Quand et comment avez-vous appris la décision de Nestlé ?
Le jour où la maire, Pascale Fortunat-Deschamps, a fait son annonce sur Facebook. Une heure avant, le directeur de l’usine m’a appelé. Il m’a expliqué que la microfiltration à 0,2 micron allait être retirée, conformément à la mise en demeure du préfet, qui courait jusqu’au 7 juillet. Il m’a également précisé que le dossier de renouvellement d’exploitation avec le label « eau minérale naturelle » ne concernerait désormais que deux puits à Uchaud.
Ces dernières années, vous êtes devenu proche de la maire de Vergèze... Ne craignez-vous pas que cette situation dégrade vos relations ?
Je comprends parfaitement son désarroi et son combat. J’ai rapidement publié un communiqué de solidarité.
La maire de Vergèze a forcément mal pris cette décision… Le maire de Vestric, lui, souhaiterait que Nestlé exploite les forages de sa commune. N’y a-t-il pas une concurrence entre élus autour de l’exploitation de l’eau ?
Tout le monde aimerait avoir des puits d’eau minérale naturelle sur sa commune. C’est une richesse locale. Concernant le label, qu’il s’agisse de Vergèze ou d’Uchaud, l’essentiel est qu’il reste des puits avec ce label. C’est la seule garantie du maintien de l’outil de production. C’est la seule façon de conserver notre fleuron industriel. Le reste, ce ne sont que promesses, circonvolutions et littérature.
« Soyons mesurés… »
La commission d’enquête est venue vous présenter son rapport. Les échanges ont-ils été tendus ?
Oh non… Mais certains membres de la commission pensent que la perte d’un label ne signifie pas la disparition de l’outil de production. Moi, j’ai une vision à long terme. Si demain Perrier perd ce label, l’usine ne fermera peut-être pas immédiatement... Mais avec le temps et la dépréciation de l’outil industriel, ils choisiront probablement de partir ailleurs plutôt que d’investir. On le voit déjà avec la verrerie. C’est pourquoi je dis qu’il faut faire attention au « Perrier bashing ».
C’est-à-dire ?
Quand on est trop idéologue, on peut parfois être coupé de la réalité et passer à côté de la solution. Exemple, pendant cette présentation, le sénateur Ouizille a dit : « Mais quand même, il y a de la merde dans les eaux brutes de Perrier… ». Ce n’est pas vrai. Quand la bactérie Escherichia coli a été détectée, c’était après un épisode de pluie intense. Ce surplus d’eau est entré dans la nappe par des failles, sans être filtré par les couches de terre. Toutes les bouteilles ont été détruites. Il n'y a eu aucun scandale sanitaire. Si demain Perrier arrête tout, nous serons certes contents d’avoir la source sous nos pieds… Mais on ne pourra rien en faire ! Cela ne signifie pas pour autant que les industriels peuvent faire ce qu’ils veulent. Soyons mesurés...
Nestlé Waters a annoncé un investissement de 25 M€ sur cinq ans pour la préservation de la ressource. Une bonne nouvelle ?
Oui, une excellente même. Cela permettra d’améliorer la protection des captages et la politique environnementale. Pour moi, c’est le signal que Nestlé a compris que la qualité du terrain est un élément majeur de la qualité du sous-sol.