Traditionnellement, le ban des vendanges donne, comme son nom l’indique, le coup d’envoi des vendanges dans la fête et la convivialité. Des cérémonies disséminées un peu partout, qu’il y a trente ans, des jeunes vignerons de Lagarde-Parréol, Cairanne et Sainte-Cécile-les-Vignes ont décidé de regrouper pour un grand événement à Avignon, proclamée capitale des Côtes du Rhône.

Avec une idée : « un mélange de culture, de traditions et de convivialité », explique David Bérard, le président des Compagnons des Côtes du Rhône, association créée le 26 novembre 1995 pour organiser l'événement et qui depuis « poursuit la trace de (ses) fondateurs », rajoute-t-il. Désormais, l’association revendique « 77 membres, pour moitié issus de la filière, et pour l’autre moitié des passionnés issus d'autres secteurs », précise-t-il, et organise de nombreux événements autour de la vigne et du vin toute l’année.

L’événement phare reste le Ban des vendanges qui, « avec 13 000 convives les bonnes années, est le plus grand événement populaire et gratuit d’Avignon et de Vaucluse », affirme David Bérard. Une grande fête qu'il a donc fallu déménager, travaux du Rocher des Doms obligent. « Nous avons beaucoup cherché, et notre choix s’est porté sur la place du Palais des Papes, comme il y a trente ans », explique-t-il, escomptant de ce déménagement « une nouvelle dynamique, un ancrage culturel renforcé. » Notamment en intégrant à l’événement le jardin éphémère et l’œuvre monumentale de Jean-Michel Othoniel. La proclamation du ban sera faite depuis la façade du Palais des Papes.

Plan de Dieu à l'honneur

Les grands moments du programme seront bel et bien présents, à commencer par le défilé des confréries bachiques, qui partira à 17h de l’église Saint-Agricol vers l’église Saint-Didier, où se tiendra la messe vigneronne, en provençal s'il vous plaît. Puis le ban sera proclamé à 19h, avant la pressée du raisin traditionnelle, dont le jus sera partagé avec les convives. Place ensuite à la fête, avec un concert de Namas Pamous, groupe qui fête lui aussi ses trente ans cette année, un marché gourmand de quinze stands et du bon vin à déguster, avec modération toutefois.

Comme chaque année, le Ban met à l'honneur une appellation invitée, et cette année c'est Plan de Dieu qui a été sélectionnée. Une appellation vauclusienne qui s’étend sur les villages de Travaillan, Violès, Jonquières et Camaret-sur-Aigues, en rouge uniquement. Un terroir de galets roulés balayés par le vent, « avec des grenaches très riches, très souples, beaucoup de sucrosité et un côté très aérien », présente Gilles Gasq, vigneron à Travaillan.

Pour les rouges donc, on dégustera au Ban des vendanges la production du domaine des Pasquiers, à Sablet, un Côtes du Rhône villages Plan de Dieu « assemblage de grenache, Syrah, Mourvèdre, à la vinification longue, en cuve béton, un vin sur le fruit, facile à boire », le présente Matthieu Lambert, du domaine des Pasquiers. Un millésime 2023, bio.

Sur les blancs et les rosés, on reste sur la même philosophie, « des vins facile à boire, qui plaisent au plus grand nombre et qui respectent bien l'identité de nos terroirs », pose François-Xavier Nicolas, des Compagnons des Côtes du Rhône. En blanc, c’est un vin du domaine Éric et David Martin, à Travaillan, qui a été sélectionné, avec son assemblage « majoritairement Viognier/grenache, avec une belle aromatique et une jolie présence en bouche », avance-t-il, une cuvée millésime 2024 labellisée Haute valeur environnementale. Côté rosé, on reste dans le même secteur, avec le domaine de l’Harmas, à Orange, et son assemblage « granche/cinsault, avec une belle bouche et une jolie couleur », décrit François-Xavier Nicolas. Le rosé, millésime 2024, est en bio lui aussi.

Gardez votre bouteille !

Un beau coup de projecteur pour ces vignerons, d’autant plus dans le contexte de crise que la filière viticole connaît actuellement. « Nous avons fait le choix de payer correctement les vignerons qui nous fournissent, notamment grâce à nos partenaires qui ont fait de gros efforts », souligne David Bérard. Ainsi, un partenariat avec l’entreprise Rossi emballages, basée à Sorgues, permet de prendre en charge les matières sèches, comprendre les bouteilles, bouchons ou encore capsules. De son côté, l’entreprise CAPL « a proposé une solution pour supprimer les cartons de nos 4 500 bouteilles annuelles », rajoute le président des Compagnons, et l’entreprise Amorim fournit les bouchons personnalisés. À la clé, une belle économie : « 1 euro par bouteille pour les vignerons », précise-t-il.

Des bouteilles spéciales, sur lesquelles le Pont d’Avignon, le Palais des Papes et le Rhône sont gravés et l’étiquette sérigraphiée, que Rossi emballages travaille à alléger pour limiter le bilan carbone. Et l’idée est, avec ces bouteilles collector, « que les gens repartent à la maison avec, qu’elles deviennent des carafes », pose David Bérard. Une démarche entamée l’année dernière, ce qui a permis « de réduire de moitié le verre collecté à la fin de l’événement, cette année nous visons 70 % de réemploi », rajoute-t-il.

Un engagement responsable, auquel s’ajoutent des exigences de respect du personnel et des équipes de l’événement, avec « une rémunération équitable, des horaires respectueux de la législation et une offre de cantine locavore et qualitative », présente le président des Compagnons, dont les bénévoles travaillent plus de 6 000 heures sur l’organisation de l’événement.