Publié il y a 5 h - Mise à jour le 02.08.2025 - Propos recueillis par Yannick Pons - 2 min  - vu 45 fois

CULTURE Bruno Catalano : "J’ai vu ce vide dialoguer avec la sculpture, c’est devenu ma signature"

Bruno Catalano à Avignon

- Photo Yannick Pons

En 2013, dix sculptures monumentales de la série Les Voyageurs de Bruno Catalano avaient été installées sur l’esplanade Bargemon, au Vieux-Port de Marseille, dans le cadre de Marseille, capitale européenne de la culture. Et puis Avignon, le sculpteur marseillais revient sur le passage d'une de ses œuvres au Festival et sur son parcours.

Objectif Gard : Vous êtes connu pour vos sculptures de voyageurs de bronze avec ces vides si caractéristiques. Comment est née cette idée ?

Bruno Catalano : Nous sommes arrivés à Marseille en provenance du Maroc avec ma famille. J’étais électricien. J’ai commencé par le travail de la terre, de la glaise et j’ai compris assez vite que les fissures, les accidents dans la conception de mes sculptures pouvaient signifier quelque chose. Un jour, en travaillant le bronze, il y a eu un accident de fonderie qui m’a obligé à couper un personnage. Au lieu de jeter la pièce, j’ai vu ce vide dialoguer avec la sculpture. C’est devenu ma signature, ces manques racontent notre histoire, nos voyages, nos déracinements.

Comment vivez-vous le fait que votre œuvre soit au cœur d’un spectacle de danse, au festival d’Avignon ?

J’en suis très fier. Au départ, Jade Janisset a effectué une performance de danse autour de ma sculpture lors d’un vernissage à New York, j’ai trouvé ça très beau. La rencontre avec cette jeune chorégraphe date de plus de dix ans. Elle est devenue modèle pour une de mes sculptures, et aujourd’hui, elle donne vie à cette œuvre sur scène. Voir mes personnages voyager jusque dans la danse, c’est magnifique.

Votre sculpture sur scène n’est pas un simple décor : que pensez-vous de ce dialogue avec la danse ?

C’est ça qui est intéressant : le vide dans mes œuvres n’est pas juste une absence, c’est un espace pour rêver, pour imaginer. Dans le spectacle, ce vide devient un partenaire de jeu : les danseurs le traversent, l’interrogent, l’habitent. Je trouve que la danse contemporaine et le hip-hop se prêtent merveilleusement à cette exploration.

Vous parlez souvent de votre parcours personnel et de l’exil. En quoi cela nourrit-il votre travail et vos expositions ?

Je suis arrivé à Marseille enfant, avec mes parents et des valises. C’est un peu cette histoire que je raconte avec mes sculptures : des voyageurs, généralement brisés, mais debout. Installer mes œuvres sur les quais de la Joliette, là où nous avions débarqué, c’était un symbole fort. Je voulais rendre hommage à ce passé, montrer d’où l’on vient.

Comment voyez-vous la suite de votre carrière et de vos projets ?

Je vais bientôt avoir 65 ans, j’ai envie de souffler un peu, mais j’ai toujours des projets de sculpture et d’expositions. J’ai la chance de travailler avec des galeries partout dans le monde. Paris, Venise, New York… Ce qui compte pour moi, c’est que mes œuvres restent accessibles, qu’elles continuent de voyager, de toucher des gens très différents.

Propos recueillis par Yannick Pons

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