Sujet tabou, la précarité hygiénique est pourtant un vrai problème. « Quand on en parlait, souvent les gens avaient du mal à nous croire… », se souvient Dolorès Orlay-Moureau, ancienne adjointe à la santé, à l’initiative de cette campagne. Il y a cinq ans, après la crise sanitaire : « les associations nous ont beaucoup alerté sur ce problème… La mairie avait débloqué une aide de 10 000 € en urgence, mais ce n’était pas suffisant. » L’édile - qui depuis a perdu son poste d’adjointe pour avoir suivi Julien Plantier aux municipales - décide alors d’insuffler une dynamique.
En partenariat avec les associations et autres sociétés privés, Dolorès Orlay-Moureau va chercher des dons : « Certains ont été plus faciles à convaincre que d’autres… », sourit-elle, se souvenant des « 10 000€ de dons d’Océan, assortis de petites pochettes pour les produits. » En 2024, « c’est autour de 50 000 € qui ont été récoltés, en argent ou en nature, soit 5 500 colis de produits d'hygiène. » Si Dolorès Orlay-Moureau n’est plus adjointe, l’initiative, elle, demeure. Elle est portée aujourd’hui par Corinne Ponce Casanova, nouvelle adjointe à la santé.
Dons défiscalisés
Ce lundi, le groupe nîmois Bastide Médical a offert pour 2 000 € de produits hygiéniques. Un montant similaire à celui de l’an dernier. « L’important, ce n’est pas ma personne, mais que cette initiative perdure », se réjouit l’élue. Le système reste le même : les dons sont attribués au réseau Cansas (Collectif d'associations nîmoises de solidarité et d'accès aux soins). À l’intérieur, plusieurs associations comme la Croix-Rouge, le Café Anaïs, l’Association protestante d’assistance ou encore Humanîmes… Cette dernière association étant reconnue pour permettre la déduction d’impôts des donateurs.
« Le plaisir d’offrir ces produits est toujours relatif. Nous aimerions ne pas avoir à le faire et que cette problématique soit endiguée », commente Nicolas Balmelle de Bastide Médical. Selon une enquête de l’Ifop de janvier, 16 % des femmes réglées ont indiqué ne pas disposer suffisamment de protections hygiéniques pour elles-mêmes ou pour leur fille par manque d’argent. C’est le double par rapport à novembre 2020 et janvier 2019. Les mères célibataires avec enfants sont particulièrement vulnérables à la précarité hygiénique : 21 % utilisent des produits de substitution à la place des protections hygiéniques par manque d’argent.
« Cette situation conduit souvent à un isolement social », déplore Corinne Ponce Casanova. Cette année, pour la 5ᵉ campagne, l’élue a souhaité que « les hommes puissent également bénéficier de ces kits d’hygiène ». C’était toutefois déjà le cas l’an dernier. Au travers d’un appel d’offres, le collectif Cansas a sélectionné l’entreprise Dissol. Chaque kit coûte de 8 à 9 €. À l’intérieur, du gel douche, du shampoing et autre déodorant… Les adoucis arrivent par vague en raison des difficultés de stockage, soit en décembre et en janvier. Une action à travers le temps et les vicissitudes politiques, qui témoignent bien du besoin toujours bien réel dans la cité nîmoise.