Un match entre le club historique de la cité ducale, l’ESPU, et le petit nouveau, le FCPU, créé en juin dernier par Hicham Ballouq, un ancien de l’ESPU, du fait « d’une mauvaise entente », explique-t-il. En cause d’après lui et Gérard Guricolas, un ancien dirigeant de l’ESPU qui dit avoir démissionné en septembre dernier pour ces raisons, des problèmes avec les catégories de jeunes.
« On ne pouvait plus organiser de tournoi, il nous fallait demander des permissions pour tout, tout le temps », explique Hicham Ballouq. « Ahmed Maharzi (président de l’ESPU depuis 2022, NDLR) veut tout gérer tout seul », abonde Gérard Guricolas. Le malaise prend de l’ampleur, au point qu’Hicham Ballouq et un de ses collègues décident en juin dernier de monter leur propre club. Quand la nouvelle de la création du club s’ébruite, « tout le monde a voulu venir, et nous avons dû créer de nouvelles catégories », affirme Hicham Ballouq.
Chez les jeunes de l’ESPU, c’est alors « une hémorragie », selon le terme de Gérard Guricolas. « On a retrouvé quasiment tous les gamins de l’ESPU », poursuit Hicham Ballouq, et cette saison, l’ESPU n’a pu engager, outre ses deux équipes seniors, que deux équipes de jeunes, en U14-U15. Les deux équipes U12-U13 ont quant à elles été contraintes au forfait général, faute de joueurs.
« Environ 70 gamins dont les licences sont bloquées »
Seulement, si les minots de l’ESPU ont changé de crémerie, ils en sont toujours membres officiellement. « Nous avons environ 70 gamins dont les licences sont bloquées », affirme Hicham Ballouq. En cause : une opposition de l’ESPU à la mutation des joueurs sous licence au club. Le dossier est passé devant la Commission régionale des règlements et mutations de la Ligue de football d’Occitanie, qui a refusé lesdites mutations. On en trouve trace dans le procès verbal d’une des réunions de la Commission, daté du 1ᵉʳ octobre dernier, qui fait état du refus de la Commission de réétudier les dossiers de onze joueurs concernés. Le dossier a été abordé « hors la présence de M. Tsouri », est-il précisé. Mohamed Tsouri, le président de ladite commission, étant un ancien dirigeant de l’ESPU.
Hicham Ballouq précise que les dossiers ont fait l’objet « d’une médiation à la Ligue, qui n’a rien donné », et d’un appel au CNOSF, le Comité national olympique et sportif français. « La Ligue a quand même refusé de débloquer les licences, sans explication », affirme-t-il. En cherchant dans les procès-verbaux, on trouve tout de même des traces de licences débloquées, notamment pour des joueurs de l’ESPU de catégorie d’âge U18-U19, une catégorie pour laquelle l’ESPU ne compte plus d’équipe « depuis au moins deux saisons », ce qui n’est pas le cas pour les joueurs plus jeunes concernés par le blocage. Et, en septembre dernier, la Ligue a refusé la mutation d’un joueur du FCPU vers l’A.S. Versoise pour les mêmes raisons.
Bref, il n’y a donc pas de raison que les choses évoluent positivement à court terme pour les jeunes joueurs dont la licence est bloquée. Le résultat, selon un connaisseur du paysage footballistique uzétien, « que de querelles de personnes dont les grands perdants sont les enfants. » « Trois catégories sont bloquées, les U12, U13 et les U14-U15, qui ne peuvent pas participer aux championnats », précise Hicham Ballouq, qui affirme que le club compte prendre un avocat pour poursuivre l’affaire en justice. De toute façon, « fin août nous avons réuni les parents des joueurs concernés pour leur dire qu’il y avait un risque que leur enfant ne joue pas en championnat de la saison, mais les parents nous ont dit qu’ils préféraient une année sabbatique plutôt que de rester à l’ESPU », affirme-t-il, tout en précisant que les gamins s’entraînent et participent à des matchs amicaux « pour ne pas perdre leur niveau. »
« Avoir deux clubs, c’est un club de trop »
Aujourd’hui, le FCPU revendique « 120 licences valides » en plus des 70 environ toujours bloquées. De quoi commencer à peser localement, et poser des problèmes pour obtenir des créneaux dans les stades et des infrastructures. Le FCPU a obtenu des créneaux au stade Rancel, mais ce ne serait pas suffisant d’après eux. « On demande à la mairie de nous débloquer la totalité des créneaux, et nous voudrions aussi avoir une buvette et un espace de stockage du matériel », explique Hicham Ballouq. Le club, pas subventionné, « vient d’investir pour plus de 19 000 euros de matériel », affirme-t-il, vit avec des dons des commerçants du coin et l’argent des licences, proposées à un tarif volontairement plus bas que les clubs voisins, pour « ouvrir la porte à tous les enfants d’Uzès et des villages voisins », assume Hicham Ballouq.
Le dirigeant l’affirme : « La mairie ne veut pas d’un deuxième club. » Contacté, le premier adjoint, délégué aux Sports, Fabrice Verdier confirme : « Nous les avons rencontrés fin juillet, et avec le maire nous leur avons dit que pour nous, avoir deux clubs, c’était un club de trop car ça nuirait à l’accueil des enfants. » Cependant, « dans l’intérêt des enfants, nous leur avons mis à disposition les créneaux nécessaires au stade Rancel », poursuit l’élu, qui refuse cependant d’accéder aux demandes sur la buvette et l’espace de rangement : « Il y a des clubs historiques, comme l’athlétisme, qui n’en ont pas. »
Lundi dernier, Fabrice Verdier a reçu les deux clubs pour leur proposer une nouvelle médiation, avec pour but « de trouver une solution et redémarrer la prochaine saison avec un seul club », car « dans un divorce, on ne s’enrichit jamais. » Et de rappeler le souhait de la mairie : « Retrouver de la sérénité pour avoir un seul club de football à Uzès, la priorité, c’est les jeunes. »
Contactés à plusieurs reprises, les dirigeants de l’ESPU, dont son président Ahmed Maharzi, n’ont pas répondu à nos sollicitations.