Dès qu'il évoque la fin proche de ses 25 années à la tête de la ville, l'émotion est forte pour Jean-Paul Fournier. Alors pour inaugurer son dernier grand projet, le plus attendu de son dernier mandat, le maire de Nîmes, encore pour trois mois, n'a pas pu retenir ses larmes : "Pour moi c'est la fin d'un cycle car je m'en vais, je voulais ce Palais des Congrès et maintenant c'est fait." Ce h2, qui portera sans doute un jour son nom si la majorité reste de Droite, lui tenait à cœur et surtout en plein centre-ville, jouxtant le musée de la Romanité et les arènes de Nîmes. Un espace de 8 500 m² qui a coûté 60 millions d'euros, dont la moitié financée par la Ville et 10 M€ de Nîmes métropole, motivé par l'envie de faire désormais de la cité des Antonin une destination phare du tourisme d'affaires en Occitanie.
"Un congressiste dépense en moyenne 268 euros par jour contre 75 euros pour un visiteur classique. 72% des congressistes qui viennent dans une ville y retournent ensuite pour séjourner", justifie Franck Proust, premier adjoint et candidat à la succession de son mentor, qui avoue "avoir toujours rêvé de cet outil", lui qui a démarré sa carrière politique en tant qu'adjoint au tourisme. Des congrès de plusieurs jours mais aussi des conférences, des soirées et des manifestations culturelles. Ce dimanche, le festival de musique classique Les Volques baptisera les lieux avec un premier concert.
Déjà 1,7 M€ de chiffre d'affaires pour 2026
La commercialisation ayant débuté il y a quatre ans, l'agenda est déjà bien rempli pour h2. Près d'une soixantaine d'événements (validés ou en cours d'étude) en 2026 et une centaine de journées ou soirées d'exploitation prévues. Ce qui représente à l'instant T un chiffre d'affaires estimé à 1,7 M€ (HT) et déjà plus de 600 000 € de rentrées programmées pour 2027. Des réservations sont déjà faites jusqu'en 2029. Parmi les grands événements de l'année à venir, le colloque international Food Risk organisé en juin par l'entreprise locale Phytocontrol qui rassemblera près de 4 000 participants.
Les 31 M€ investis par la municipalité devraient donc être vite rentabilisés sans oublier les répercussions pour tous les acteurs du tourisme, dont les restaurateurs et hôteliers qui attendent impatiemment les premières retombées économiques. "Je vais veiller à ce que cet outil soit un moteur du développement économique pour la ville et pour l’agglomération avec des congrès de niveau national et international", souligne Valentine Wolber, présidente de la SPL Éclat, qui a la gestion de ce nouveau lieu. Un équipement qui a surtout vocation à attirer de nouveaux visiteurs sur Nîmes, une partie de la programmation sera réservée aux Nîmois, en week-end et pendant les vacances scolaires.
Ouverture du restaurant panoramique en avril 2026
Un bâtiment à l'architecture moderne dans la lignée de son voisin, le musée de la Romanité construit avec de la pierre de Lens, extraite dans une carrière de Moulézan, comme pour la Maison Carrée il y a 2 000 ans. Un style courbé marqué par deux atriums distincts qui se joignent par une passerelle et des façades vitrées presque collées au-dessus de la rue Reboul piétonisée à cet endroit pour que les résidents puissent se l'approprier. Une place appelée "kiss" pour bisous. Dans ce premier espace, la grande salle d'exposition de 700 m², au rez-de-chaussée. L'escalier monumental en colimaçon de cinq tonnes, couleur bleu denim, permet d'accéder aux 18 salles de réunion modulables. L'incendie du mois de juillet a retardé l'ouverture du restaurant qui prévoit une vue panoramique sur les arènes de Nîmes depuis la terrasse. Les travaux doivent se terminer en avril 2026.
Le cœur de h2 se trouve dans l'autre bâtiment avec cet amphithéâtre pouvant accueillir jusqu'à 670 spectateurs. Un véritable travail a été réalisé sur l'acoustique avec des enceintes capables d'adapter le son en fonction du comportement du public. La grande question est de savoir comment ne pas mourir de chaud à l'intérieur quand le thermomètre dépasse les 40 degrés l'été. "90 % des besoins de chauffage et de rafraichissement sont assurés par la géothermie grâce à des sondes complétées par 375 m² de panneaux photovoltaiques", assurent les architectes. La géothermie consiste à utiliser la température du sous-sol de la Terre pour produire de la chaleur ou de l'électricité.
La présidente du département et le préfet absents
Avce h2, c'est tout un quartier qui se transforme. Attenante, la chapelle Saint-Joseph sera reconvertie en un espace culturel dédié au travail de l'artiste Claude Viallat. Et puis deux hôtels haut de gamme : un cinq étoiles dans le bâtiment historique de l'Hôtel-Dieu (anciens locaux de la CCI) et un quatre étoiles vont ouvrir en lien avec ce nouvel équipement afin de loger les congressistes.
Cette inauguration s'est faite aussi en présence de Carole Delga (voir vidéo ci-dessous), présidente de la Région Occitanie (qui a investi 9 M€), sous les yeux de l'ancienne ministre Georgina Dufoix, de l'ancien préfet Didier Lauga ou encore du député européen Julien Sanchez. Une cérémonie marquée par quelques absences. D'abord, celle de Françoise Laurent-Perrigot, présidente du Conseil départemental qui a mis 6,5 M€ sur la table. Ne pouvant être représentée par son vice-président Vincent Bouget qui a vivement critiqué ce projet, c'est sa collègue Maryse Giannaccini qui a été envoyée au pupitre. Le nom de la présidente figure néanmoins sur la plaque dévoilée à l'entrée tout comme celui du préfet du Gard Jérôme Bonet, lui aussi absent. L'ancien premier adjoint, Julien Plantier, n'est pas venu participer aux réjouissances. On retiendra surtout l'émotion de Jean-Paul Fournier pour sa despedida et ses adieux à la politique.