Le Requiem de Mozart fait partie de ces quelques œuvres qu’il faut avoir entendues au moins une fois dans sa vie en concert. Mouais… Vous l’avez compris, nous ne sommes pas fan de cette partition qui manque cruellement d’émotion et de rythme.

Inachevée

Pourtant, ce vendredi soir, salle presque comble et acclamations à l’Opéra Grand Avignon pour entendre l’Orchestre national Avignon-Provence et les chœurs - Chœur de l’Opéra Grand Avignon (dir. Alan Woodbridge) et Êkhô, chœur de chambre (dir. Caroline Semont-Gaulon), sous la baguette de Débora Waldman, précise, exigeante et efficace, toujours attentive à chacun, se retournant régulièrement vers ses solistes.

Si Mozart a entièrement composé les deux premiers mouvements, esquissé les grandes sections centrales, il n’a pas du tout écrit les trois derniers. Partition inachevée d’un compositeur au soir de sa vie, cette messe des morts est quelque peu lyrique et l’on passe du recueillement à la colère en écoutant les voix solistes de Laurène Paternò (soprano), Eva Zaïcik (alto), François Rougier (ténor) et Philippe-Nicolas Martin (basse).

Lacrimosa

L’orchestration signée de la main de plusieurs compositeurs, tels Franz Xaver Süßmayr, que l’on aurait probablement oublié aujourd’hui s’il n’avait pas réussi à mettre ses pas dans ceux de Mozart, culmine dans le Lacrimosa, seul mouvement intéressant, selon nous, auquel Mozart n’a laissé que huit mesures, brillantes certes. À ne pas confondre avec le Lacrimoso son’io K.555, canon polyphonique court et somptueux issu d’une autre partition.

Grâce à la tessiture de la clarinette, orchestration moderne oblige, cette adaptation offre un moment de communion entre le chœur, les solistes, les deux bassons et les deux clarinettistes. Ce soir encore, dans une démarche inclusive, l’Orchestre national Avignon-Provence a présenté une version du Requiem de Mozart accessible aux personnes sourdes et malentendantes.

Chansignée

En collaboration avec la compagnie Les Petites Mains, une interprétation en chansigne a accompagné le concert. Sur scène, Marie Lemot et Isabelle Voiseux, entourées par les chœurs et l’orchestre, ont exprimé par le geste les intentions de l’œuvre. Projetée sur écran en fond de scène, la performance des deux comédiennes a été particulièrement exceptionnelle et touchante.

Des gilets vibrants SubPac, disponibles sur réservation, ont permis au public malentendant de ressentir en direct les vibrations de la musique. Ce soir, parmi les longs applaudissements du public, de nombreuses mains se sont levées dans la salle, traduisant un retour émouvant de la part du public sourd, debout, entièrement conquis par l’expérience. Bis repetita, le Lacrimosa en rappel pour le plus grand plaisir du public.

Coréalisation Opéra Grand Avignon et Orchestre national d'Avignon-Provence, en collaboration avec la compagnie Les Petites Mains pour l'adaptation du Requiem en langue des signes.

Le Requiem est dirigé par Débora Waldman. Les solistes sont Laurène Paternò (soprano), Eva Zaïcik (alto), François Rougier (ténor) et Philippe-Nicolas Martin (basse).

Les chœurs sont assurés par le Chœur de l’Opéra Grand Avignon, dirigé par Alan Woodbridge, et le chœur de chambre Ekhô, dirigé par Caroline Semont-Gaulon.

La mise en scène est signée Igor Casas, Marie Lemot et Isabelle Voiseux, également présentes sur scène au sein de la compagnie Les Petites Mains.

Sylvain Souret est collaborateur artistique de la directrice musicale.

L’Orchestre National Avignon-Provence accompagne cette production.