CULTURE Nathalie Chatelain, la harpe en héritage

Nathalie Chatelain, harpiste gardoise
- Photo Yannick PonsNîmoise d’adoption, cette harpiste, au parcours international, enseigne et crée dans le Gard depuis des dizaines d'années. particulièrement inspirée, elle partage sa passion dans les salles de concert des arènes de Nîmes, où elle s’est produite aux côtés de Roberto Alagna, jusqu’aux salles de classe de musique de Petite Camargue, et propose même un concert original en duo flamenco.
Ce 22 juin, sur la scène des arènes de Nîmes, juste derrière le ténor Roberto Alagna, une grande harpe dorée est devenue l’objet de beaucoup d’attention. Nathalie Chatelain joue fièrement les 47 cordes de sa harpe Camac, modèle Oriane. Elle n’a pas choisi la couleur, elle a choisi précisément cet instrument majestueux pour sa richesse sonore.
De Lausanne à Nîmes
Née à Genève dans une famille de musiciens, la nîmoise d’adoption Nathalie Chatelain a grandi au son de l’opéra. Sa mère, chanteuse lyrique lauréate du prix Maria Canals de Barcelone, lui transmet très tôt le goût du spectacle vivant. Formée d’abord au piano dès l’âge de cinq ans, elle découvre la harpe à onze ans, fascinée par la magie de l’instrument. Depuis, elle ne l’a plus quittée.
Après des études au Conservatoire de Genève, Lausanne, Lyon et Paris et des années d’apprentissage auprès de professeures prestigieuses, elle a forgé sa propre approche de l’instrument, navigant entre exigence technique et liberté d’interprétation. Aujourd’hui, Nathalie est capable de jouer du flamenco en utilisant la table d’harmonie de son instrument, ce qui lui donne un caractère puissant et percussif.
« Telle un félin, la souplesse se conjuguant avec l’harmonie du mouvement, la danseuse déambule autour de la harpiste, dont les doigts caressent les cordes, semblables à des roseaux qui se courbent, puis retrouvent leur droiture initiale »
Elle collabore avec de grands orchestres internationaux, l’Orchestre de la Suisse romande, l’Orchestre philharmonique de Marseille ou encore l'Orchestre symphonique de Konstanz. La musicienne multiplie les tournées internationales : Japon, Chine, Amérique du Sud, États-Unis ou Nouvelle-Calédonie.
Installée dans le Gard, où elle avait passé toutes ses vacances étant enfant, elle partage aujourd’hui sa vie entre concerts et transmission. À l’École intercommunale de musique de Petite Camargue située à Vauvert, elle enseigne la harpe, la formation musicale pour adultes et dirige une chorale d’enfants. Une de ses élèves s’est produite récemment à Jazz à Junas.
Curieuse et inventive, la musicienne gardoise crée aussi des projets hybrides. En compagnie de la danseuse Anaïs Bayle, elle a fondé le duo Cuerpo y Arpa, qui mêle harpe et flamenco, dans une gestuelle où l’instrument devient percussion. Nathalie fait chanter sa harpe comme une guitare flamenco, un projet unique ! Ensemble, elles tournent en France et au-delà, explorant ce répertoire fidèle à l’esprit du flamenco.
Poesía y Elegancía, harpe flamenca
Née d’une rencontre inattendue entre deux artistes aux parcours singuliers, Poesía y Elegancía est une œuvre scénique qui marie avec finesse la puissance expressive du flamenco et la grâce vibrante de la harpe. Sur scène, la danseuse nîmoise Anaïs Bayle, alias La Muñeca, et la harpiste Nathalie Chatelain livrent un dialogue sensoriel avec intensité, porté par le souffle du mouvement et la poésie du son.
Nathalie Chatelain travaille au quotidien son instrument, « un compagnon de route que l’on garde à vie », dit-elle, et se produit régulièrement dans le Gard, comme lors du concert de Roberto Alagna aux Arènes, mais également au Festival d’Avignon en 2024, ou encore dernièrement au Festival de Maubeuge dans le nord de la France en 2025.
Elle cultive un attachement profond à la région, tout en poursuivant ses engagements artistiques en Allemagne ou en Suisse, où elle conserve de solides liens. Si elle affirme sans hésiter que la harpe est « un instrument magique », c’est sans doute parce que, dans ses mains, elle le devient réellement.