Il l’affirme encore, il n’est pas distrait ! La soirée ouvre sur des extraits de films. Des mini-catastrophes visuelles. Un rappel de son cinéma et de toutes les péripéties que ses personnages subissent sur des petites musiques que nous connaissons bien : Le grand blond. Le jouet, La chèvre... Puis l’acteur apparaît au détour d’une porte et s'installe dans un large fauteuil club marron.
Rencontres
L’acteur ne raconte pas vraiment sa vie, mais des morceaux choisis issus de ses rencontres. Il n’est pas distrait, il l'affirme en souriant. C’est de la malchance, ou alors c’est qu’il pense aux vraies choses pendant qu’on l’accable de réel. Il évoque ensuite les artistes qu’il a croisés. Nougaro. Higelin. Moustaki. Ionesco. On aurait aussi aimé Depardieu, Mireille d’Arc ou Carmet. Pierre Richard affiche son plaisir de faire rire et de faire revivre tous ces personnages.
Nougaro, « con », qui répétait ses concerts dans la maison d’à côté avant de chanter sous son balcon, « con ». Higelin en acteur débutant, et ce film où tous deux auraient dû passer à la télévision, chez la grand-mère de Pierre Richard. Antoine Bourseiller (père de Marie Sara) le metteur en scène qui lui a confié la mission d’empêcher Ionesco de boire avant les répétitions avec Danièle Delorme à Aix-en-Provence. Impossible tâche.
Confidences
Puis vient Moustaki, son ami, et leur tentative de placer Ma liberté auprès de Sandy Shaw dans sa loge à l’Olympia avec une flûte à bec. La plupart sont décédés, Pierre Richard raconte son panthéon personnel, en toute intimité. Et c’est drôle. Le texte est ciselé, et l’on rit lorsqu’il se retrouve en compagnie d’Ionesco à parler du mouvement Dada dans un PMU...
Son essentiel se situe dans ce que d’autres jugent inutile, comme le vol d’une mouche. Son essentiel, c'est ce que nous trouvons futile, sa distraction. Des confidences qu’il jure être vraies. L’artiste cultive une grâce intacte malgré son âge. Sa voix est restée intacte. Son autodérision et son humour deviennent sagesse. À voir absolument.