Dans une France anxiogène, la parole offensive d'un ministre de l'Intérieur fait forcément mouche. Comme le montre un énième sondage dominical, Bruno Retailleau gagne, au fur et à mesure des semaines, la confiance des électeurs français. Il vient même de doubler Edouard Philippe, le maire du Havre candidat à l'élection présidentielle depuis déjà si longtemps. Ce résultat est aussi la démonstration que la participation au gouvernement Bayrou dans un contexte de crise politique en France, était une bonne décision de la part de la droite. On ne peut pas en dire autant du Parti socialiste qui s'y est toujours refusé. Aujourd'hui, il n'a jamais été aussi divisé. L'incantation, l'opposition systématique est une chose. Mais finalement, mettre les mains dans le cambouis pour essayer d'apporter sa pierre à l'édifice semble être apparemment davantage récompensé. Alors Bruno Retailleau ne veut pas s'arrêter en si bon chemin. Hier encore dans Le Journal du Dimanche, il formule de nouvelles propositions pour lutter contre la violence des mineurs. Bonnes ou mauvaises, il a le mérite de poser sur la table ses solutions. Des peines d’une ou deux semaines de prison dès le premier délit grave. Ou encore des sanctions après les manquements graves à l’autorité parentale. Comme la suspension des allocations familiales. Enfin, la création, dans chaque département, d’établissements fermés pour les mineurs violents. Le Rassemblement national peut applaudir. D'autant que le ministre de l’Intérieur est aussi sur la même ligne que Marine le Pen et ses amis en ce qui concerne l'immigration. Il réclame notamment l'inversion du principe des départs volontaires. Ainsi, une personne en situation irrégulière ne pourrait plus échapper à une mesure d'éloignement. Et en cas de séjour irrégulier persistant, subirait la double peine avec la pénalisation du délit. Bruno Retailleau, on le voit bien, va au bout de sa logique. Pour éviter l'extrême-droite, il prend les mêmes mots, les mêmes mesures et le même ton. Mais à la fin, en agissant ainsi, il finit par enfoncer le dernier clou dans le mur qui séparait la droite de l'extrême-droite. Ne pas s'allier avec eux est donc désormais qu'une pure hypocrisie.