FAIT DU JOUR À la recherche de l’or du Gardon

Hugo Camusso propose des stages d'initiation à l'orpaillage dans le Gardon
- Thierry AllardOn ne le sait pas toujours, mais il y a de l’or dans nos rivières. Certains, comme Hugo Camusso, sont même devenus orpailleurs amateurs, et proposent des stages d’initiation. Immersion, les pieds dans l'eau.
Rendez-vous est donné par un point GPS en ce samedi matin d’été. De ce point, démarre un sentier qui mène au Gardon, et plus précisément à une zone partiellement sèche, jonchée de tas de dépôts d’alluvions, un placer. « C’est ici que se déposent les alluvions, donc aussi l’or », commence Hugo Camusso. Le trentenaire, originaire des Angles, propose depuis cet été des stages pour s’initier à l’orpaillage de loisirs.
Ce samedi matin, on y retrouve Nathalie, sa fille Élodie et Lana, une fillette de 7 ans que Nathalie garde le week-end. Avec eux, Guy et sa fille Lucie, 9 ans, sont aussi venus découvrir cette activité de pleine nature. Casquette vissée sur la tête, chaussures d’eau, mais aussi gants et batées fournies sur place, tout le monde est prêt à chercher de l’or.
Chercher les hématites
Les placers sont des endroits privilégiés pour tout chercheur d’or qui se respecte. Car « ici s’accumule ce qui est charrié par les crues, comme les cailloux, le bois et l’or », explique Hugo Camusso. L’or provient des filons de quartz aurifères des Cévennes. Érosion aidant, l’or se dissémine en paillettes dans les cours d’eau.
Reste à l’extraire. Pour ce faire, on cherche les hématites, ces petites pierres foncées composées d’oxyde de fer. « Le présence d’hématites indique un dépôt ferreux, donc si du fer s’est déposé ici, il y a la possibilité de trouver de l’or », indique Hugo Camusso. Alors chaque participant se retrouve avec une pelle, à creuser un trou de 10 à 20 centimètres de profondeur là où il a trouvé des hématites. Après avoir ôté les grosses pierres, la terre et les petits cailloux sont placées dans la batée.
C'est là que commence l’orpaillage à proprement parler, du moins comme on se le figure dans les films. Les pieds dans l’eau, chacun immerge sa batée, d’abord pour enlever la boue, on appelle ça le débourbage. Puis, avec des mouvements de va-et-vient, le tri s’effectue entre les petites pierres, les plus grosses, et les matériaux plus lourds, comme l’or. Au fur et à mesure, on évacue le sable et les cailloux, pour laisser la magie opérer : des fines paillettes d’or se distinguent au fond de la batée sous le soleil matinal.
Pas question de devenir riche
« Il faut prendre son temps, être patient, l’orpaillage c’est long », lance Hugo Camusso. Et à ce petit jeu, ce sont les deux gamines qui s’en tirent le mieux, et récoltent le plus de paillettes. Il faut dire « qu’ici, on peut trouver de la belle paillette et en quantité, affirme Hugo Camusso, qui tient à ce que la localisation du spot, prisé des orpailleurs amateurs, reste vague. J’ai fait des journées à 2 grammes d’or. » De paillettes exclusivement, les pépites, plus grosses mais bien plus rares, se trouvant nettement en amont sur le cours d’eau.
Pour autant, pas question de devenir riche en faisant de l’orpaillage de loisirs, que ce soit dans le Gardon ou la Cèze, autre cours d’eau où il est pratiqué. Car si l’orpaillage de loisirs est légal, moyennant une autorisation préfectorale annuelle (lire ici), il s'agit plus d’une tolérance administrative que d’autre chose, le code minier stipulant que « Compte tenu des faibles quantités d'or mobilisées, il est admis que l'orpailleur puisse librement disposer des produits de sa pratique de loisir sans demander d'autorisation complémentaire à la déclaration préalable susmentionnée auprès de l'autorité administrative. »
Reste qu’il est interdit de revendre l’or collecté dans le cadre de l’orpaillage de loisirs, pour la bonne et simple raison qu’il reste propriété de l'État. Pour le vendre, il faut être reconnu comme un professionnel et donc entamer les démarches qui vont avec. Et de toute façon, « il faut entre 5 000 et 10 000 paillettes pour faire un gramme, et quand on fait un demi gramme par sortie, on est déjà content », précise Hugo Camusso. Si on a la patience de collecter suffisamment d’or, on peut toutefois en faire un bijou, qu’il faudra toutefois s’abstenir de revendre.
« Une activité dans la nature »
Mais pour les participants, l’important est ailleurs : « C’est une journée découverte pour la petite et ma fille, qui avaient envie de chercher de l’or », avance Nathalie, venue de Petite Camargue pour le stage. Guy est lui aussi venu « pour (sa) fille, pour faire une activité dans la nature, et l’orpaillage, il y a toute une mythologie autour. » Lui habite dans le secteur, et se doutait qu'on pouvait trouver de l’or ici : « c’est une idée passionnante », glisse-t-il, avant de repartir, comme chaque participant, avec sa fiole garnie de paillettes d’or.
Pour Hugo Camusso, ce hobby est devenu une source de revenus l’été, son autre entreprise, Gang de Grands mères, qui fait dans les articles tricotés, ayant une activité saisonnière. « Je voulais une reconversion professionnelle, et ce que j’aime, c’est la nature et être avec les gens », affirme-t-il. Ces stages, il les propose en initiation ou en perfectionnement, et aussi pour la recherche de fossiles, toujours près du Gardon. Et il se pourrait bien qu’il ait trouvé un bon filon !
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