Publié il y a 1 mois - Mise à jour le 13.03.2024 - Sacha Virga - 4 min  - vu 1349 fois

FAIT DU JOUR Difficultés financières : le Spot pourrait s'éteindre à jamais

Le Spot Nîmes

De gauche à droite : Samy Berard, Maïté Tournier, Laureline Tellier, Vincent Texier et Laurent Kilani

- Sacha Virga

Véritable terre de culture nîmoise, le Spot est en proie à des difficultés financières depuis de nombreux mois. En 2022, l'association et la société coopérative d'intérêt collectif (SCIC) cumulaient un déficit d'environ 80 000 euros, la faute en grande partie à la crise sanitaire. Aujourd'hui, c'est la somme de 30 000 euros qui doit être trouvée, sous peine de fermeture d'ici quelques mois.

En mars 2020, toutes les activités de La Coopérative Les Spots ont été stoppées. Pendant deux ans, les locaux fermés ont été un énorme coup dur. Le bar et la cantine ne permettaient pas d'équilibrer le budget, tandis que les charges fixes continuaient de perdurer. Une très grande partie de l'équipe salariée a été obligée de plier bagage, dont un des fondateurs du Spot. Il aura fallu deux ans pour que la structure s'en remette, en réinstallant une nouvelle équipe formée. 

Un cap financier à atteindre a été fixé d'ici la fin du mois de juin : 30 000 euros. Cette somme devra être réunie pour permettre de terminer l'année 2024 dans de bonnes conditions. Faute de quoi, il y aurait de grandes chances que Le Spot ferme ses portes, un drame pour le monde culturel nîmois. Ainsi, une cagnotte participative en crownfunding (financement par la foule) a été lancée.

À l'heure où nous publions ces lignes, une centaine de contributeurs a donné. Un peu plus de 3 500 euros a été récolté. Un total pour l'instant assez lointain de celui espéré, même s'il reste encore un peu plus de trois mois pour y rémédier. Pour information, l'article 200 du code général des impôts déclare : "Ouvrent droit à une réduction d'impôt sur le revenu égale à 66 % de leur montant les sommes prises dans la limite de 20 % du revenu imposable qui correspondent à des dons et versements".

Le Spot
Une conférence de presse a été effectuée ce mardi matin, pour exposer la situation du Spot • Sacha Virga

Dernière salle de concert indépendante du centre-ville

"La plupart des gens pensent qu'on est un lieu municipal", dévoile Vincent Texier, directeur de l'association et co-gérant des lieux. Pourtant, la structure a toujours cherché à avoir son indépendance financière. Situé sur l'ancien siège du Parti Communiste, le Spot a été monté à la force du poignet, en cherchant à se professionaliser sur un modèle ambitieux mais fragile. En 2013, le collectif s'implante dans le quartier prioritaire Gambetta-Richelieu, avec un projet ambitieux : rendre accessible l'art par et pour tous, promouvoir le recyclage urbain en donnant une nouvelle vie à ces lieux inoccupés, accompagner les habitants et habitantes dans l'amélioration de leur cadre de vie et la création de morceaux de villes inclusifs et ouverts à tous.

En 2024, le Spot peut déjà se targuer d'occuper huit bâtiments sur plus de 6 000 mètres carrés de surface. Plus de 20 000 visiteurs s'y rendent chaque année, le cap du millier d'événements a d'ailleurs été franchi depuis son ouverture. L'Expo de Ouf, un des rendez-vous incontournables, a déjà connu onze éditions. Malgré toutes ces belles réussites, il y a toujours des zones de délicatesse. Les problèmes du passé ne se sont pas évaporés, et l'inflation n'a pas arrangé la situation. 

"Aujourd'hui on a besoin de tout le monde, partenaires publics et privés. Les gens ne se rendent pas forcément compte de nos soucis", lance Vincent Texier. Conscient que le budget des partenaires publics n'est pas si extensible que ça, le Spot pourrait se tourner vers les particuliers. Une opération qui s'est déjà produite par le passé, lorsque des fonds ont été récoltés pour rénover la salle de concert des lieux. Près de 10 000 euros avaient pu être rassemblés. 

Pour couper l'herbe sous le pied à la situation alarmante, la structure s'est faite accompagner par le mouvement associatif France Active, soutien des entreprises et associations de l'économie sociale et solidaire. En guise de solution, il a été proposé au Spot d'organiser une conférence des financeurs. "On n'est pas là pour pleurer, mais on ne sait pas comment on va s'en sortir", alerte Vincent Texier. Laurent Kilani, directeur artistique de l'Expo de Ouf, semble dépité de la situation actuelle : "Notre lieu a un vrai intérêt au quotidien. On crée de la diversité, cela profite aux agences immobilières aux alentours", dévoile-t-il.

"On est au courant des tensions financières"

Le Spot
La façade du Spot • Sacha Virga

Parmi les partenaires publics, on retrouve de nombreuses institutions. Le département du Gard en fait partie. La somme de 15 000 euros est donnée chaque année par la collectivité, comme le précise le vice-président à la Culture Patrick Malavieille. "Le Spot fait partie de ces tiers-lieux de notre territoire, il est extrêmement intéressant sur le point de vue artistique, nul n'aurait intérêt à ce qu'il disparaisse", commente-t-il.

Conscient de la période délicate traversée par la structure, l'élu départemental sait cependant qu'il ne pourra pas faire de miracles "On est au courant des tensions financières, raison de plus pour ne pas baisser la garde. On n'a cependant pas un budget extensible et on n'a pas vocation à financer des déficits, même si on restera attentifs à leur évolution. On doit arriver à trouver un équilibre des comptes, c'est une dure réalité", affirme l'ancien maire de La Grand'Combe.

Un avis partagé par Sophie Roulle, adjointe de la ville de Nîmes déléguée à la Culture : "Je les accompagne beaucoup. On savait pour leurs soucis financiers, c'est pour cela que notre financement augmente chaque année", dévoile-t-elle. Ainsi, de 8 000 euros en 2021, la municipalité versait 15 000 euros en 2023, auxquels s'ajoutent 5 000 euros pour l'accueil des artistes. Dans le cadre de la Contemporaine, le Spot fera partie des trois "maisons" de cette nouveauté culturelle nîmoise, une belle vitrine. Et nul doute que la situation financière de la structure sera évoquée à l'occasion du séminaire de travail '"Osons la culture", la deuxième partie du Schéma départemental de la Culture, qui se tiendra prochainement au Pont du Gard.

Pour faire un don au Spot : https://www.helloasso.com/associations/le-spot/collectes/soutien-la-poursuite-de-l-aventure-du-spot

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