Publié il y a 1 h - Mise à jour le 11.11.2025 - Propos recueillis par Yannick Pons - 3 min  - vu 71 fois

FAIT DU JOUR Grégory Viguié : « Mon arrière-grand-père m’a transmis la mémoire des Poilus »

Grégory Viguié

- @G. Viguié

Historien, généalogiste et chauffeur de bus, Grégory Viguié publie le 11 novembre La Grand’Combe 14-18, la mémoire des Poilus. Le Nîmois est allé à la rencontre des poilus gardois à travers la mémoire collective, familiale et ses recherches d’archives.

Obectif Gard : Comment est née votre passion pour l’histoire et la généalogie ?

Grégory Viguié : J’avais huit ans quand ma grand-mère m’a offert le portrait de mon arrière-grand-père, Vincent Élie, né en 1895 à Vallérargues. Ce cadre, accroché à un mur, me fascinait. Sur la photo, il porte la Légion d’honneur, la Croix de guerre et plusieurs décorations. Ce cadre, je l’ai toujours avec moi. Il m’a donné envie de comprendre son histoire. Ma grand-mère m’avait aussi remis une caisse d’archives, des lettres, des papiers militaires. C’est le départ de toutes mes recherches.

Vous aviez déjà conscience, enfant, de ce que représentait ce passé ?

Oui, je crois. Mon père était militaire, mes deux grands-pères ont fait la Seconde Guerre mondiale, et deux arrière-grands-pères ont combattu en 14-18. On a une grosse tradition militaire dans la famille. Très jeune, je voulais être professeur d’histoire. Je demandais à mes parents de m’emmener dans les bibliothèques et les archives. Les secrétaires de mairie voyaient débarquer un gamin de dix ans qui demandait le registre des naissances !

Votre parcours ne s’est pourtant pas limité à l’histoire…

Non. Après mes études, j’ai travaillé à Nîmes Olympique, puis dans l’administration. Aujourd’hui, je suis conducteur de bus chez Tango. Et à côté, j’ai mon étude, comme une deuxième activité professionnelle. J’ai fondé l’Étude Grégory Viguié, qui accompagne des particuliers ou des collectivités. Je réalise des arbres généalogiques, des biographies familiales ou des recherches historiques, souvent autour des monuments aux morts.

Votre nouveau livre s’intéresse à La Grand’Combe. Pourquoi cette commune ?

Parce qu’elle concentre une grande partie de la mémoire ouvrière du département. À La Grand’Combe, il y a énormément de Poilus morts pour la France qui travaillaient dans les mines, dans la Société des mines de La Grand’Combe et d’Alès. Cette entreprise, disparue depuis, était très liée à la ville ; environ 65 % des soldats de la commune étaient liés de près ou de loin au travail dans les mines. Le livre rassemble 495 biographies de combattants morts pour la France, et 19 autres qui ne rentrent pas dans ce cadre officiel.

Comment se structure l’ouvrage ?

Je commence toujours par un historique de la commune, avant d’aborder les biographies. Il y a aussi une partie sur les monuments aux morts, les plaques commémoratives, les carrés militaires. Et puis une autre, qui met en avant les femmes et les enfants qui œuvraient eux-aussi pour l'effort de guerre.

Vous rendez hommage à celles qui ont tenu l’arrière pendant la guerre.

Oui, parce qu’on les oublie souvent. En 1914, les hommes partis, les femmes ont repris le flambeau, les enfants aussi. Elles ont tenu les fermes, les commerces, les ateliers. Celles qui ne travaillaient pas ont collecté du vin et des vêtements chauds envoyés aux soldats. S’il n’y avait pas eu les femmes, toute l’activité économique de la région aurait été réduite à néant.

Votre arrière-grand-père, Vincent Élie, occupe une place centrale dans cette mémoire.

Il était sergent au 24ᵉ puis au 30ᵉ bataillon de chasseurs alpins. Il était à Verdun, à la Marne, et à d’autres grandes batailles. Plusieurs fois blessé, décoré de la Croix de guerre, de la médaille militaire, de la médaille des blessés et de celle de Verdun. Il a reçu la Légion d’honneur à la fin des années 60. Après la guerre, il est devenu boucher à Saint-Quentin-la-Poterie. Le commerce existe toujours.

D’autres publications suivront ?

Oui, quatre autres livres paraîtront d’ici février 2026 : sur Lédenon, Orsan, Poulx et Euzet-les-Bains. Tous prolongent le même travail : raconter la Grande Guerre à travers les destins individuels et collectifs du Gard. Je travaille aujourd’hui sur son premier roman qui racontera l’histoire de mon arrière-grand-père, Élie Vincent donc, dont le destin hors du commun pendant la Grande Guerre inspire une aventure singulière. La parution est annoncée pour la fin de l’année 2026.

La Grand’Combe 14-18, la mémoire des Poilus aux éditions de la Fenestrelle. Sortie prévue le 11 novembre 2025. Dernière info, le livre fait 383 pages et sera au prix de 25 €.

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Propos recueillis par Yannick Pons

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