FAIT DU JOUR Julien Rebichon raconté par ses coéquipiers

La tarte à la chantilly, un lien fort entre Momo et Julien
- Photo DRAvant le dernier match au Parnasse de Julien Rebichon après 18 saisons en pro à l'USAM, ses coéquipiers racontent chacun leur meilleur souvenir. Fous rires garantis !
Qui aurait cru que c'est à Nîmes que ce Montpelliérain de naissance, qui a grandi à Clermont-l'Hérault, marquerait l'histoire. Après 20 ans au club dont 18 en pro, le célèbre numéro 6 va faire ses adieux ce soir au Parnasse après un dernier match disputé face... à Montpellier, comme un symbole. La fin d'une incroyable aventure marquée par près de 500 matchs disputés et plus de 1 000 buts inscrits.
Sur le terrain, le public retiendra la hargne, l'envie de gagner, la vaillance et la ruse de l'ailier gauche. Et en dehors, 1,79 m de sourire et de gentillesse. Pendant 20 ans au club, Rebich' a fait l'unanimité et sa joie de vivre n'a laissé personne indifférente. Encore moins ses coéquipiers qui ont subi ses farces et ses blagues, mais qui en gardent tous un merveilleux souvenir. Florilèges.
Benjamin Gallego, ami d’enfance et coéquipier de 2010 à 2024
"Des anecdotes, je n’en ai pas une mais 1 000 ! Je retiens surtout les déplacements. À chaque repas, on piégeait tout le monde. C’était fantastique ! Une fois avec Momo, ils m’ont entarté, mais je me suis vengé avec un extincteur dans le Parnasse. Il y a aussi la fois où Teodor Paul s’était moqué de Julien qui était abordé par des fans. Il avait écrit « Juju on t’aime » sur son bras. Pour se venger, Julien s’était mis tout nu et il avait pris la casquette de Teo pour cacher ses parties. Julien c'étaient toujours les sourires, la bonne humeur à l’entraînement, mais dès le coup d’envoi, c'était la guerre. La plupart des mecs qui sont passés ici se sont sentis comme dans une famille grâce à lui. Julien fédérait naturellement. J’espère que tout ce qu’il a mis en place va perdurer. À Nîmes, on n’est pas les plus grands et plus costauds, mais on est coriace, ce n’est pas facile de gagner au Parnasse."
Mohammad Sanad, coéquipier depuis 2017
"Depuis six ou sept ans, pour nos anniversaires, chacun de nous a toute la journée pour entarter l’autre avec de la chantilly. À chaque fois, le jour J, on stresse, on regarde partout pour éviter. Une fois, il a tout organisé avec la communication du club pour caler une interview au Parnasse après une victoire à la CAN avec l’Égypte. Pendant que l’on me filme, il est arrivé par derrière, dans la tribune et il m’en a mis plein la gueule. Je ne m’y attendais pas. Une fois, j'avais fait 15 minutes de route pour me rendre au gymnase où il entraînait les jeunes. Je m'étais caché dans les toilettes, les parents me voyaient et je leur disais de ne rien dire. J'ai traversé tout le terrain pour l'entarter. Il est parti se laver durant 10 min et j'ai entraîné à sa place. Je me souviens aussi de mon premier entraînement à l’USAM. Je ne parlais pas trop français et je lui demande : « Do you speak english ? » Il me regarde trop stressé et me dit : « Yes, yes ! ». Dans ma tête, je me suis dit, c'est mort, ce mec, il ne comprend rien en anglais. On était mort de rire tous les deux. C’est parti de là. Avec Benji (Gallego), ils m’ont vraiment intégré. On a créé un très bon groupe avec aussi Acquevillo, Tobie et Teodor Paul. Cela me rend triste, car c’est la fin d’un cycle, mais je sais que l’on va continuer à se voir."
"Un des joueurs avec lequel j’ai le plus apprécié jouer"
Quentin Dupuy, coéquipier de 2012 à 2024
"Le premier souvenir marquant, c'était en 2012 pour ma première saison en pro. Rebichon et Gallego se sont mis autour de moi à table et m’ont rempli toutes les poches de sel, poivre et ketchup. C’était une petite intégration à la Clermontaise. Rebichon a toujours intégré les mecs. Je boudais dans mon coin et il est venu me voir avec son accent, en me disant : « tu sais Quentin, plus tu t’énerves, plus j’adore ça ». Depuis, j’ai compris qu’il ne fallait pas que je m’énerve. Tout ça, c’est fait naturellement pour permettre aux joueurs de s’intégrer. Et puis une fois, à la Feria de Nîmes on s’est retrouvé à 22 heures aux Antonins. Au bout d’un moment, on se tient la main comme pour se dire au revoir et il me dit : « le premier qui rentre a perdu ! ». On est resté très tard et il a fini par faire un ventriglisse en caleçon. Après, on avait joué contre Toulouse, on était un peu fatigué, mais on avait quand même fait un bon match."
Guillaume Saurina, coéquipier de 2007 à 2010 et de 2011 à 2016
"Quand j’ai vu débarquer Benjamin et Julien, je me suis demandé ce que ces deux petits cons pleins de conneries faisaient là ? Dès le premier entrainement, j’ai compris qu’ils étaient prêts à tout pour gagner dans le bon sens et prêt à exploiter la moindre faille. Ils ont une vraie âme de guerrier et représentent parfaitement toutes les valeurs de l’USAM. Je pouvais aller la guerre avec ces mecs-là, ils sont irremplaçables. Julien est vraiment un des joueurs avec lequel j’ai le plus apprécié jouer. Avec lui, c’était l’extra hand qui était fort. Son jeu favori, c'était de planquer les chaussures, une fois, il les avait oubliés au congélateur. Dans le bus, on passait le temps à joueur aux cartes, il faut bien préciser qu’il est nul au tarot."
"Un mec qui fait vivre un groupe"
Luc Tobie, coéquipier depuis 2016
"Il n’a jamais été blessé dans sa carrière, il a raté que Nantes cette saison. Cela prouve que son hygiène de vie est irréprochable ! (rires) C’est ironique bien sûr. Comme il dit tout le temps, il faut juste bien connaître son corps. Ça m’a toujours impressionné. Lui, il s’en fout, il n’a jamais été blessé. Je vais aussi retenir le coéquipier irréprochable qu’il a été. C’est un mec qui fait vivre un groupe et ça se perd dans le sport de haut niveau. Mettre du sel dans l’eau quand on mange ou mettre de l’eau sur la chaise, c’est le genre de conneries que je l’ai vu faire pendant neuf ans."
Thomas Tésorière, coéquipier de 2007 à 2017
"On a été durant dix ans dans la même chambre. Il aimait vivre tout nu (rires). C’était son truc. J’ai fini par faire pareil. On avait fait un tournoi en Espagne entre collègues. À 6 heures du matin, on rentrait de soirée. Lui et Benji nous avaient attaqué avec des pétards, ils avaient retourné la chambre. C’était assez rigolo. Il en a tellement fait des conneries. Sa spéciale, c’était de faire en sorte que l’interview se passe juste au-dessus de la porte des vestiaires, il montait au premier étage avec une bassine remplie d’eau et il la balançait. Je le faisais avec lui. Au repas, il passait sous la table pour accrocher les lacets. Quand tu connais le personnage, tu sais que ce n’est pas méchant. Parfois, c'est à la limite, mais c’est toujours bienveillant. Et quand tu réponds, ça peut aller très loin, il ne s’arrête jamais."
"Il a embrassé mon cul un paquet de fois"
Franck Maurice, coach de Julien de 2014 à 2022
"Lors d’un match au Parnasse, il s’est fait découper par un joueur de Dunkerque et il est retombé sur le coup. Il avait une fracture aux cervicales, c’était grave. Quand tu connais Rebich’, l’énergie qu’il a, ce qu’il dégage et l’intensité qu’il met, le voir sortir sur une civière les yeux fermés, la minerve autour du cou avec le camion de pompier dans le Parnasse, ça a été un moment dur. J’étais inquiet pour lui. Il est tellement solaire que quand il ne l’est plus c’est inquiétant. J’avais envie d’aller à l’hôpital avec lui. Et puis ce qu’il montre toute la tendresse et le détachement du personnage, c’est la fois où il est arrivé à une conférence de presse chez Jérôme Nutile en claquettes et chaussettes. Il est naturel, il ne se soucie pas du regard des autres. Il est plein de franchise et d’honnêteté. Ça contrastait avec le costume trois pièces de David Tebib. Je me rappelle aussi que je lui donne le brassard de capitaine en 2017, ça l’a fait passer dans une autre dimension."
Rémi Salou, coéquipier de 2016 à 2023
"Les fois où il ramassait ses dents sur le terrain, c'était drôle. Il a une dent qui avait déjà été cassée. Et après un choc, on l’a déjà vu en train de chercher sa dent à l’entraînement et en match. Je retiens aussi sa mauvaise foi aux cartes. Et puis quand on jouait aux boules, il a embrassé mon cul un paquet de fois."
Julien Rebichon en chiffres
18 saisons en professionnel (2007 à 2025) dont une en D2 (2012/2013). 486 matchs disputés dont 422 en championnat, 32 en coupe de France/coupe de la Ligue et 32 en coupe d'Europe. 1 025 buts inscrits dont 896 en championnat, 73 en coupe nationale et 56 en coupe d'Europe. Palmarès : champion de D2 en 2013, finaliste de la coupe de France en 2018, 3e de Starligue en 2020 et trois campagnes européennes disputées.