FAIT DU JOUR Laboratoires d’analyses médicales : grève en vue, la direction répond
« On nous interdit de passer plus de trois minutes par patient. On nous parle même plus de patient mais de client, tout est une question de rentabilité »
Géant français des laboratoires d’analyses médicales, le groupe Inovie est composé de 530 sites de laboratoires de proximité, plus de 55 plateaux techniques répartis sur 21 filiales dont Bioaxiome, une entreprise nîmoise qui compte 15 sites dans le Gard et près de 420 salariés entre le Gard et le Vaucluse. Le 22 février dernier, Inovie était pointé du doigt dans l’émission de France 2 « Cash Investigation – Les profiteurs de la crise ». « Les dirigeants d’Inovie ont camouflé un plan social et poussé 1 000 salariés vers la sortie. La mise à la porte de ces 1 000 salariés avec le rachat de la société par des investisseurs n’est que le début de l’extinction des laboratoires de proximité », dénonce Marie*, infirmière dans un laboratoire nîmois, élue au CSE (Comité social et économique) et membre du syndicat Force Ouvrière.
Cette dernière craint de nouveaux départs dans les six laboratoires nîmois avec les « fermetures courant d’année prochaine des sites de Maison Carré et de Vincent Faïta pour être regroupés sur Gambetta. » Une information remise en cause par Nathalie Montredon, présidente de Bioaxiome : « Oui, il y a un projet d’installation d’une Maison de santé pluriprofessionnelle (MSP) au Gambetta mais ce n’est qu’un projet qui est encore loin d’aboutir. Il n’est absolument pas prévu de fermer ses deux sites à l’horizon 2025 et même si la MSP se fait cela dépendra de l’activité. Aujourd’hui, c’est impossible !»
Un laboratoire plus grand au Chemin-Bas
Les laboratoires d’analyses sont actuellement confrontés à un afflux important de patients avec des files d’attente relativement importantes. « J’ai dû mal à l’expliquer mais ça ne désemplit pas », explique-t-on du côté de la direction qui a quasiment acté le déménagement du laboratoire situé à Bir Hakeim, au Chemin-Bas, dans des locaux plus grands pour un changement de lieu, juste en face, espéré avant la fin de l’année. Du côté des syndicats, on s’inquiète aussi du déménagement fin 2024 du plateau technique de Nîmes, situé au siège social, sur le site d’Avignon.
« On a décidé de réorganiser nos flux d’échantillon du Gard Rhodanien vers Avignon. On garde une activité analytique à Nîmes avec une salle technique équipée d’automates sur le futur laboratoire de Bir Hakeim », répond Nathalie Montredon qui assure « qu’il n’y a pas de nouvelles vagues de réduction de postes, nous ne sommes pas du tout dans cette politique là aujourd’hui. » Dans le Gard, ce sont surtout des techniciens de laboratoire qui sont activement recherchés. Malgré tout, les syndicats d’Inovie Bioaxiome appellent à une grève cette semaine, au plus tard vendredi, et à une mobilisation à Montpellier au siège de Labosud, une autre filiale d’Inovie présente également dans le Gard.
"On se retrouve à courir partout, à faire le robot"
Des laboratoires de Bioaxiome devraient être fermés. « On demande de meilleures conditions de travail. Actuellement, c’est catastrophique ! On se retrouve à courir partout, à faire le robot. On nous interdit de passer plus de trois minutes par patient. On nous parle même plus de patient mais de client, tout est une question de rentabilité », alerte Marie. « Je garantis que c’est faux !, assure la présidente. Après il est clair que quand vous avez une première interface avec une longue file d’attente, si les infirmières veulent aider, il faut aller relativement vite en salle de prélèvement donc on passe moins de temps avec nos patients. »
Parmi les préoccupations des salariés, la crainte à terme est de « voir disparaître le métier de secrétaire avec les infirmières qui devront faire de l’administratif ». « Je sais que c’est leur grande crainte car on numérise désormais un certain nombre de choses, mais les secrétaires sont vraiment essentielles au fonctionnement des laboratoires car il y a notamment un travail de vérification des ordonnances. Après, on demande à l’ensemble des salariés d’être polyvalent et aux techniciens d’aider les secrétaires. Tout le monde peut enregistrer un dossier. Samedi dernier, je l’ai fait pendant plusieurs heures car j’estimais que ma place était là", réagit Nathalie Montredon qui, pour désengorger certains sites nîmois, réfléchit à ouvrir un local du côté de Bouillargues ou Caissargues. « On a un trou dans la raquette dans ce secteur-là avec beaucoup de patients qui arrivent du sud de Nîmes. Donc on est plutôt en phase de recrutement. »
Les syndicats réclament également une augmentation de salaires et demandent la suppression d’une clause mobilité mise en place jusqu’à 60 kilomètres. « Elle ne peut pas disparaitre sur des courtes distances car on a de vrais besoins en cas d’augmentation d’activité et de congés, mais on peut négocier pour réduire la distance », conclut la présidente.
*Le nom a été modifié
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