Raphaël Piot-Baliardo, entrepreneur à Beauvoisin, vient d'acheter la statue de son grand-père Manitas de Plata. Une imposante oeuvre en béton de 400 kilos et deux mètres de haut réalisée par l'artiste aigues-mortais Patrick Granier. 

La statue de Manitas de Plata sanglée, assis sur son tabouret de bar, 400 kilos et 2 mètres de hauteur en béton, trône sur une remorque chez Patrick Granier, au sein d'une pinède à proximité du centre ville d'Aigues-Mortes, en attendant que le petit-fils du virtuose vienne l'emmener. Patrick Granier a façonné avec talent cette pièce unique à partir d'une photographie. La sculpture représente le guitariste qui joue de son instrument, avec sa gourmette et ses deux bagues.

Ricardo aux mains d'argent

Manitas de Plata, littéralement "petites mains d'argent", est un guitariste français d'origine gitane qui a vendu plus de 93 millions d'albums. Ricardo Baliardo, c'est son véritable nom, est l'artiste du monde flamenco, toutes tendances confondues, qui a vendu le plus d'albums dans le monde. Excusez du peu !

C'est Roberto, huit ans, le fils de Raphaël, qui a reconnu son arrière grand-père en voyant la statue de Manitas de Plata exposée dans la chapelle des Capucins d'Aigues-Mortes. Il est sorti en courant prévenir son papa qui a tout de suite flashé sur l'oeuvre magistrale deux fois plus imposante que celle qui trône sur le parvis de l'Hôtel de ville de Montpellier.

Des souvenirs plein les yeux

Raphaël Piot-Baliardo est directeur de la société de travaux publics Régis et fils TP, location d'engins avec chauffeurs, située à Beauvoisin. Sa maman Gina est une des filles du guitariste virtuose. "Ma mère est très heureuse de cette acquisition. Mon père était un gadjo, mon grand-père l'adorait parce que c'était un grand travailleur", lance l'entrepreneur, marqué par l'aura de son aïeul. Il a bien l'intention de lui faire faire un petit tour aux Saintes-Maries-de-la-Mer. "Mon grand-père est tous les jours avec moi. La statue également, elle restera toujours près de moi à Beauvoisin", explique Raphaël, les yeux pétillants. Une anecdote lui vient : "Devant chez ma grand-mère il y avait un grand trou parce qu'à chaque fois qu'il quittait la maison, il partait en trombe en faisant chauffer l'embrayage et les roues de la voiture", se remémore-t-il.

Patrick Granier, artiste plasticien aigues-mortais, a réalisé cette oeuvre unique de 400 kilos qui a demandé des mois de travail. Une armature en métal a été réalisée comme squelette de la sculpture. Ensuite, l'artiste a projeté un mélange de fibre de verre et de béton. Un mortier particulier et imperméable dont il détient le secret. "Le pont de Gênes en Italie s'est écroulé car le béton n'était pas étanche", indique t-il pour démontrer que sa statue, elle, est bien faite pour durer.

Des câbles de freins de vélo et de moto font les cordes de la guitare. Les finitions sont remarquables. Le sculpteur n'a rien laissé au hasard, à l'instar de ses autres créations. Une des peintures de Patrick Granier a été retenue pour faire l'affiche de la Saint-Louis cette année à Aigues-Mortes. Un taureau façon origami, minéral, noir, brut, dont il semble que Djoti Bjalava se soit inspiré pour créer le taureau qui fait face aux arènes au coin de l'Esplanade de Nîmes.

Yannick Pons