Publié il y a 1 an - Mise à jour le 28.06.2023 - Marie Meunier - 4 min  - vu 3599 fois

FAIT DU JOUR Mais qui sème des clous dans le quartier Saduran à Bagnols-sur-Cèze ?

Le phénomène durerait depuis plus de deux ans selon les riverains
clous vis saduran bagnols

Aurore, comme d'autres riverains, ramasse régulièrement des poignées de clous et vis sur la chaussée dans le secteur de Saduran à Bagnols-sur-Cèze. 

- photo DR

Dans le secteur Saduran, à Bagnols-sur-Cèze, plusieurs riverains se plaignent de la multiplication de dépôts de clous et de vis sur la chaussée. Le problème perdurerait depuis plusieurs mois.

"On en a tous marre. Cela fait environ deux ans que cela dure (...) On a souvent des crevaisons. Dans le quartier, on en a tous eu au moins 2-3 fois", déplore Aurore, qui encore ce jeudi 22 juin au matin, a ramassé une poignée de clous devant son impasse, qui donne sur le chemin de Saduran. "On les voit grâce au soleil car ils sont neufs et ça brille", ajoute-t-elle. Elle affirme que plusieurs de ses voisins sont allés jusqu'à déposer des mains courantes. Elle a même souscrit à une assurance crevaison : "J'ai un enfant qui a des soucis de santé, je ne peux me permettre d'avoir un véhicule pas sûr." Sans parler du coût à chaque réparation ou remplacement...

Sur les réseaux sociaux, les riverains font régulièrement remonter la problématique.  • capture d'écran Facebook

capture d'écran Facebook

Léa, qui habite depuis trois ans chemin de Bercon, estime que ça lui est arrivé dix fois : "Deux fois, j'ai dû changer de pneus car il y avait quatre clous dedans et sinon, on répare. On ignore qui est la personne qui fait ça." Vanessa, aussi, est très remontée face à cette situation où elle estime que "rien n'est fait". Assistante maternelle de métier, elle s'occupe d'enfants à son domicile, impasse du Fangas. Pour venir, les parents qui les confient passent par le chemin de Saduran : "Ça fait déjà plusieurs parents des petits que j'accueille qui sont embêtés et se retrouvent avec des crevaisons. Je ne voudrais pas en arriver à ce qu'ils doivent faire un détour et ne plus passer devant chez moi..."

Sur les réseaux sociaux, elle voit régulièrement des riverains qui, comme Aurore, publient des photos avec les poignées de clous qu'ils ont ramassées. "C'est vraiment embêtant. (...) Vu l'inflation en ce moment, ce n'est pas le moment de changer les pneus tous les mois." Elle termine : "C'est encore arrivé à mon fils le mois dernier. (...) Une fois, ça m'est arrivée alors que je montais à Lyon. Je m'en suis rendue compte sur l'autoroute. Le voyant "pression des pneus" s'est allumé."

"Mon pneu a crevé. Je me suis retrouvée entre un camion et la glissière en béton"

Virginie, qui habite depuis septembre 2022 rue de l'Orée de Saduran, a même frôlé l'accident grave il y a deux semaines. Elle témoigne : "Mon tableau de bord affichait le voyant "pression pneu". Je suis allée refaire la pression et j'ai immédiatement repris la route. Sur la 2X2 voies entre Les Angles et Avignon, dans la descente, à 90km/h mon pneu a crevé. Je me suis retrouvée entre un camion et la glissière en béton. J'ai vraiment eu la trouille. Heureusement que mon véhicule est équipé du système anti-collision et de celui qui empêche de sortir des lignes blanches. Il s'est rétabli tout seul après deux gros écarts." Le lendemain, elle est allée voir son garagiste qui a encore trouvé les mêmes vis d'un modèle bien particulier dans le pneu. 

Avant l'incident, elle a déjà retrouvé à trois reprises des clous dans ses pneus. Cette fois, elle a décidé de porter plainte. "Si je n'avais pas eu cette nouvelle voiture bien sécurisée, je ne serai peut-être plus là pour en parler. La personne qui fait ça ne se rend pas compte. Ça m'est arrivée à moi, ça peut arriver à d'autres", insiste-t-elle. Outre la dimension sécuritaire, il y a aussi le coût de réparation : "J'en suis à presque 400 € en un an, j'aimerais mieux faire autre chose de cet argent", déplore cette conseillère en immobilier, amenée à beaucoup rouler. 

Quelques plaintes et mains courantes déposées

"Au-delà des dégâts causés aux pneumatiques des riverains et autres automobilistes passant par cette route, il faut savoir que la navette urbaine emprunte désormais cet axe et peut subir les mêmes désagréments", souligne le conseiller municipal d'opposition Alliance citoyenne, Jérôme Jackel. Il se demande si la municipalité ne pourrait pas envisager de mettre en place des caméras nomades à cet endroit. 

Contactée la municipalité rappelle que les caméras nomades serviront seulement à constater des dépôts sauvages. Du côté du commissariat bagnolais de la police nationale, le commandant Laurent Pailhories confirme qu'il y a eu "quelques plaintes et mains courantes par rapport à ces histoires de clous sur la chaussée depuis septembre 2022." Il poursuit : "Ce sont des choses qui ressortent de temps en temps et qui sont signalées par des habitants du quartier qui constatent un nombre de crevaisons plus important que la normale."

"Ça a l'air assez ciblé"

Le commissariat a encore enregistré une plainte récemment "qui est en cours d'exploitation mais ce n'est pas évident d'arriver à identifier la réalité et l'ampleur des choses. (...) On va essayer de voir avec le voisinage, avec la police municipale qui a été saisie des mêmes problématiques", ajoute le commandant. À chaque nouveau signalement, les équipes de police effectuent des passages supplémentaires dans le secteur Saduran.

chemin de saduran bagnols sur cèze
La police dispose de peu d'éléments pour l'instant sur le phénomène.  • photo Marie Meunier

C'est le seul quartier à Bagnols-sur-Cèze où le commissariat a enregistré des signalements de ce type. Le commandant Laurent Pailhories se demande : "Ça a l'air assez ciblé. Est-ce que ce ne serait pas lié à la circulation, au fait que la rue Saduran puisse servir de déviation quand on revient de Saint-Gervais pour aller à Bagnols-sur-Cèze pour éviter le rond-point de la route de Lyon ? Cela peut engendrer un peu plus de circulation même s'il faut relativiser. Mais peut-être que quelqu'un est excédé par ce passage, c'est une piste. On n'exclut rien car on a peu d'éléments."

Marie Meunier

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