FAIT DU JOUR SPÉCIAL HALLOWEEN Une soirée en immersion avec des chercheurs de paranormal

Croyez-vous aux fantômes et aux esprits ? Cécile et Alexandre Brunet-Charbelet, oui. Depuis quatre ans, ce couple de Théziers explore les week-ends des maisons, des châteaux ou autres lieux en quête de phénomènes surnaturels. "La curiosité étant plus intéressante que la peur". Surnommés "les Warren", ils ont monté leur association "Chercheurs de paranormal" il y a quatre mois et ont fédéré autour d'eux tout un groupe de personnes qui les accompagnent en enquête. Nous les avons suivis, une nuit, quelques jours avant Halloween, à l'ermitage de Collias où se situe aussi la chapelle Notre-Dame de Laval.
Une fois la voiture garée au bord du Gardon, le matériel enfourné dans les sacs à dos, nous commençons notre marche vers l'ermitage de Collias. Il est 18h30, la nuit est tombée. Nous sommes rapidement obligés d'allumer les lampes pour poursuivre notre périple. Tout est silencieux hormis quelques bruissements dans les feuillages. Sûrement le vent ou peut-être des oiseaux. Après plusieurs kilomètres dans le noir et 40 minutes de marche, nous apercevons enfin à travers le faisceau de nos torches l'escalier en pierre menant à la chapelle Notre-Dame de Laval. Plus personne n'a de réseau sur son téléphone portable.
La porte en bois donnant sur l'édifice religieux est ouverte. Seulement guidés par nos lampes, on découvre le décor dans lequel nous allons tenter d'entrer en communication avec des esprits. Une vierge Marie est posée sur l'autel, pas loin, on distingue aussi des portraits photos d'inconnus. Au plafond, on voit une partie préservée d'une voûte ornementale. À plusieurs reprises, des chauves-souris s'engouffrent par la fenêtre et volètent dans la pièce, avant de ressortir illico. Bien emmitouflés dans nos vestes, on ressent tout de même les courants d'air froid s'infiltrant par l'entrée. Niveau ambiance, on y est. Reste à savoir si ce lieu est hanté.
Alexandre et Cécile nous préviennent : "Il se peut qu'il ne se passe rien. Qu'on passe deux heures à juste entendre le vent souffler. Ce n'est pas du Spielberg, il n'y aura pas d'effets spectaculaires, c'est plus du subtil et du ressenti." Pour détecter des présences, le groupe de chercheurs de paranormal dispose de plusieurs appareils. D'abord les pods : ce sont des détecteurs électro-magnétiques qui émettent un son et s'allument lorsqu'ils sont touchés, captant les changements de température. Ensuite, il y a la Spirit box : un appareil ressemblant à un transistor mais qui fait un balayage continu d'ondes. "On entend pas toujours les sons à l'oreille, il faut enregistrer et réécouter après souvent", explique Alexandre.
Une fois tout le matériel installé, nous nous reculons tous vers la porte. L'enquête commence. L'équipe allume la caméra. D'habitude, ils diffusent en direct leurs expéditions sur leur page Facebook mais le réseau nous a fait faux bond pour cette nuit... Alexandre prend la parole : "Nous sommes dans une chapelle datant du XIIe siècle, un ancien temple païen. Énormément de vécu et de passage, à savoir si c'est chargé en esprits, nous allons le découvrir ensemble."
Une "enquête très difficile"
Il s'adresse ensuite aux esprits comme à une assemblée et leur explique comment les appareils fonctionnent et comment ils peuvent entrer en communication avec nous, êtres bien vivants. "Si des personnes veulent se manifester, elles peuvent le faire, merci", commence-t-il. Un pod se met à sonner. D'autres sonneront à plusieurs reprises, parfois par à-coups, d'autres fois en continu. Pendant ce temps là, les autres membres du groupe laissent pendre leur pendule. Un autre prend des photos pour essayer de déceler des formes blanches dans la nuit. Assise sur sa chaise pliante, Cécile alias "l'Antenne" se concentre pour essayer de rentrer en contact avec des personnes d'un autre temps.
Alexandre décide d'allumer la Spirit box pour tenter d'entendre des voix sur les ondes. Il faut croire que les esprits ont décidé de rester silencieux. On n'obtiendra rien de probant avec cet appareil. Reste à analyser l'enregistrement après. Le ballon et l'œuf Kinder posés au sol n'ont pas bougé non plus d'un millimètre. Nous décidons de poser les appareils dans la grotte aménagée, située au-dessus de la chapelle. Là encore, quelques pods sonneront. Au bout de plus d'une heure d'enquête, l'heure est au bilan.
Chacun exprime son ressenti face caméra : "Enquête très difficile pour ma part. D'habitude la Spirit box nous aide énormément à communiquer. Est-ce qu'on les dérange ? Est-ce qu'ils étaient en plein activité ? Mais y a du monde, y a du vécu mais c'est très ancien. Si c'est des esprits de l'an 30, est-ce qu'ils arrivent à comprendre ce qu'on dit ?", interroge Alexandre. Pas sûr que ces questions trouveront des réponses un jour... Reste à faire maintenant le chemin inverse pour regagner la voiture et rentrer avant le couvre-feu. Si l'expérience était unique, le scepticisme est encore bien présent pour notre part. C'est peut-être ce mystère qui est plaisant. Le fait qu'on ne sera jamais totalement certain de ce qu'on a vu.
Marie Meunier
Vidéo à regarder ici.
L'association gardoise "Chercheurs de paranormal" se rend à la demande de particuliers dans des maisons "habitées par des esprits" ou dans des lieux chargés d'histoire. Aucune participation financière n'est demandée. Toutes leurs enquêtes sont généralement filmées et retransmises en direct sur Facebook. Leur page est suivie par plus de 23 000 personnes sur les réseaux sociaux. Alexandre et Cécile ainsi que plusieurs membres de leur groupe se sont rendus par exemple au château de Portes dans les Cévennes, à la maison hantée de Loupian (Hérault), au château de Boisseron (Hérault), dans le bois de Brocéliande... Ils se sont même rendus à la mairie de Marignane à la demande du maire car plusieurs employés et notamment de femmes de ménage ont subi des choses étranges. Au point que certains ne voulaient plus y travailler. Ils font au total une trentaine de sorties par an, partant souvent avec la "Ghost mobile", leur camping-car aménagé quand le lieu est éloigné.