FAIT DU SOIR "C’est un miracle qu’on y arrive encore" : à Cruviers Lascours, la fête malgré tout

Le thème Far West a été respecté par les anciens du village.
- R.F.Depuis vendredi, la fête bat son plein à Cruviers-Lascours. Apéros animés, déguisements de cow-boys, manades et musique électro-populaire : le petit village du Gard a retrouvé l’ambiance chaleureuse et familiale de sa fête votive. Mais à l’heure où la journée de dimanche s’annonce encore festive, la présidente du comité des fêtes et le maire s’interrogent : combien de temps encore ce rendez-vous pourra-t-il tenir face aux contraintes de sécurité et aux coûts d’assurance qui explosent ?
Ce samedi, c’est l’esprit "cow-boy" qui a soufflé sur Cruviers-Lascours. Dès le matin, un déjeuner offert à Lascours a réuni les habitants, avant que les taureaux de la manade du Seden n’animent les rues pour la traditionnelle longe. Puis l’apéro Far West – animé par DJ Guilhem – a donné le ton. « On aime que ce soit festif, familial et bon enfant », raconte Julie Perrau, présidente du comité des fêtes depuis sept ans. L’après-midi, le concours de boules a réuni une vingtaine de doublettes avant une nouvelle bandido, suivie d’un apéro musical.
Le clou de la journée : la soirée "Coyote Girl", avec DJ Guilhem et DJ Bonyto, attendue par tous les jeunes du secteur. Une ambiance électro-populaire typique des fêtes votives du Gard, dans une atmosphère bon enfant.
Vendredi, une ouverture tout public
La fête avait commencé dès vendredi avec une soirée généraliste. « On essaie que tout le monde s’amuse. On a eu une belle affluence, sans aucun problème majeur », souligne Julie Perrau. Mais derrière les sourires, l’organisation a demandé une rigueur de chaque instant : « Avec les nouvelles réglementations, notamment sur les abrivados, c’est devenu un parcours du combattant. »
Des contraintes de plus en plus lourdes
« Le cahier des charges est devenu extrêmement lourd, surtout pour les abrivados », explique Julie Perrau. Barrières sécurisées, panneaux multilingues, affiches précises du parcours : tout est pensé pour minimiser les risques. Car avec les taureaux, le moindre écart peut devenir dramatique. « Ce sont des animaux sauvages. Si chacun est responsable, il n’y a pas de souci. Mais il faut anticiper, sécuriser, baliser », insiste-t-elle.
Côté assurance, c’est aussi un casse-tête. « Heureusement que la mairie a un contrat avec Groupama, sinon ce serait impossible », glisse-t-elle. Le comité paie même un second contrat en parallèle, par précaution, pour pouvoir continuer à exister dans les prochaines années.
Le maire inquiet : « C’est un miracle que ça tienne encore »
Fabien Fiard, maire de Cruviers-Lascours, partage les inquiétudes : « C’est un miracle qu’on arrive encore à organiser des fêtes votives. Les préfets changent, les règles se durcissent, les assurances tirent la sonnette d’alarme... Et pourtant, ce sont des moments essentiels pour nos villages. » Selon lui, la fête votive est l’un des rares événements qui rassemble encore toute la population.
Malgré les tensions, la municipalité joue son rôle. Sécurité, autorisations, présence d’ambulances et même un stand de prévention avec éthylotests, préservatifs et bouchons d’oreilles sont mis en place dans le cadre de la charte de prévention signée avec la préfecture.
Mais l’alerte est claire : « Groupama nous a dit perdre 14 millions d’euros par an sur les assurances des fêtes votives. Une réunion est prévue d’ici la fin d’année avec le préfet. Des décisions pourraient tomber. »
Une tradition en sursis
À Cruviers-Lascours comme ailleurs dans le Gard, les fêtes votives sont des marqueurs d’identité locale. Et si celle de ce week-end a été un succès populaire, elle reste fragile. « Nous, on tient encore grâce à l’engagement des bénévoles et au soutien de la mairie. Mais pour combien de temps ? » s’interroge Julie Perrau.
En attendant, le comité a déjà choisi le thème de l’an prochain. Mais pour que la fête continue, il faudra bien plus que des déguisements de cow-boys et des playlists bien senties : il faudra un vrai soutien aux traditions rurales face aux vents contraires.
Un dimanche pour conclure en beauté
Si la fête touche bientôt à sa fin, il reste encore une belle journée au programme. Dimanche matin, déjeuner au champ de foire, suivi de la nouveauté de cette édition : la roussataïo avec les juments de l’élevage Dou Pattaï. À midi, apéro en musique avant les traditionnels concours de boules et deux bandides en fin de journée, dont une dans le champ avec la manade Lou Simbeu.
Enfin, pour clore cette édition 2025, un « Apéro Paco » est prévu à 22h, accompagné d’une dégustation de vin. Une dernière occasion de rassembler les habitants autour d’un verre et d’un esprit de village, que tous veulent préserver.