Nîmes fait partie de ces « cités » qui constituent une grande alliance d’acteurs éducatifs dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville que sont les parents. Elle concerne aussi les services de l'État, les collectivités, les associations ou encore les habitants.
Créé il y a cinq ans pour les quartiers Pissevin et Valdegour, le label « Cité éducative » a été renouvelé pour trois ans en novembre 2024 et étendu aux quartiers prioritaires de l'est de Nîmes (se sont donc ajoutés le Chemin-bas d'Avignon/Clos d'Orville et Mas-de-Mingue).
Trois grands objectifs sont priorisés et le travail se poursuit. Conforter le rôle de l'école, promouvoir la continuité éducative et ouvrir ce monde au champ des possibles.
Au cœur du dispositif, le collège Jules-Verne est un exemple. Pour son principal, Julien Gourdouze, en poste depuis septembre dernier, « Nous avons pu contractualiser un poste, il reste encore des choses à accomplir, les enjeux sont déjà présents mais les quatre collèges concernés sont dans ce même bon état d’esprit. »
Mathias Nieps, secrétaire général adjoint de la préfecture du Gard et sous-préfet en charge de la politique de la ville, porte aussi cette réalité. Un an après la nouvelle signature qui a lancé un contrat de trois ans, l’action se met en place. « Avec la Caisse d’allocations familiales, nous formons un trinôme à l’échelle du département car le futur des enfants n’est pas qu’à l’école, nous devons décloisonner ce monde. Ces enjeux nous permettent de concevoir les crédits débloqués pour l’avenir. L’euro investi en 2024, servira en 2025, 2026, 2027… Nous travaillons sur le long cours. Cités éducatives, c’est la cerise sur le gâteau parce que cela s’ajoute au reste et cela renforce les choses en y mettant du lien. »
Les partenaires ont coconstruit un projet local de renforcement des coopérations des acteurs, un plan d'action et un plan de financement partagé pour les trois années de labellisation, organisé autour de six axes thématiques.
Favoriser le développement langagier des plus jeunes. Promouvoir la santé mentale. Diffuser les valeurs de la République et la citoyenneté. Renforcer l'aller-vers pour inscrire les jeunes dans une activité physique régulière. Améliorer l'orientation et l'insertion socio-professionnelle des adolescents et jeunes adultes et, enfin, faire de la cité éducative l'outil de synthèse et de renforcement de l'action partenariale au bénéfice des jeunes vivant en QPV.
Parlons plus en détails de la santé mentale. La santé mentale est « un état de bien-être qui permet à chacun de réaliser son potentiel, de faire face aux difficultés normales de la vie, de travailler avec succès et de manière productive, et d’être en mesure d’apporter une contribution à la communauté. »
Grande cause nationale pour l'année 2025 (également pour 2026), la santé mentale est un enjeu qui se présente avec une acuité particulière dans les quartiers prioritaires, confrontés à des économiques t sociales importantes. Deux projets ont été lancés dans le cadre de Cités éducatives pour contribuer aux réponses à apporter à cet enjeu.
La Maison des Adolescents du Gard et la Ville de Nîmes ont joué le jeu de la formation aux « premiers secours en santé mentale » ou visant à favoriser le bien-être et le vivre-ensemble en développant les compétences psychosociales des enfants et des adolescents en milieu scolaire.
En tout ? Ils sont plus de 100 à avoir participé et à en savoir plus sur la gestion de la santé mentale et sur le parcours qui va avec une prise en charge. « Je me sens un peu comme une sentinelle » avoue un formé.
« La Ville de Nîmes s’est engagée car la santé mentale et la santé psychosociale concernent tout le monde même si les cités éducatives sont axées sur les 0-25 ans. À ce titre nous agissons au premier degré, à l’école. C’est un enjeu, nous le savons, donc il faut le prendre en compte le plus tôt possible » ajoute Véronique Gardeur-Bancel, adjointe en charge de l’éducation et de la petite enfance.
On pense aussi au travail fait mais à faire, concernant le sport et les pratiques sportives, surtout des jeunes filles. L’alerte est également constante sur d’autres sujets comme les conduites à risques qui mènent à des situations dramatiques comme le trafic de drogue ou la prostitution.
Sur les trois années, la préfecture du Gard mobilise 750 000 euros, la ville de Nîmes 75 000 euros et l'Éducation nationale 45 000 euros. Le Conseil départemental du Gard a également souhaité encourager cette démarche en mobilisant 10 000 euros supplémentaires.
Pour le Directeur académique des services de l’éducation nationale, Christophe Mauny, « La nouvelle version de cette cité éducative représente beaucoup d’élève et donc nous y attachons de l’importance. Une école, un collège ou un lycée sont de vrais laboratoires sur lesquels nous devons nous appuyer pour étendre cette politique, cette action. Pour la santé mentale, c’est un choix de la Ville et de l’État, nous nous dotons d’outils pour articuler nos actions, les envies sont communes, enjeux aussi. »
Au regard de son rôle structurant en matière d'accompagnement à la parentalité et de son expertise sur la petite enfance, la Caf du Gard rejoindra la Cité éducative de Nîmes à compter de l'année scolaire 2025-2026. Aux côtés des autres partenaires, elle participera à la définition et au financement des projets.
L’objectif de la Maison des Adolescents du Gard à Nîmes est de permettre à l’adolescent de devenir acteur de son projet et de favoriser plus globalement le bien-être des jeunes et de leurs proches.
« Les élus doivent s’approprier la question de la santé mentale car il faut investir cette question dans l’espace public mais il faut commencer par l’identification et construire une circularité dans nos actions » brosse le directeur de la MDA du Gard, Philippe Rigoulot.
Lui ? Il prend les choses comme elles se présentent. « Le but est de créer les conditions pour que les jeunes des quartiers viennent chez nous, c’est un enjeu. On travaille autour de la représentation mais nous avons deux difficultés. » Quand on forme, la formation doit être la même partout. Comme quand on informe d’ailleurs ! Même pour des publics très différents. Il faut aussi gérer ces formations à travers le temp et les évolutions de la société pour rester à la page et être efficace et pertinent.
La psychologie est un champ d’études très large avec différente approches et l’humain est encore plus varié. L’adaptation à tous les niveaux est le maître-mot. « Nous voulons redonner aux jeunes le pouvoir d’agir. Ils décident, nous suggérons. Le but est aussi d’identifier les signaux plus ou moins faibles qui doivent nous alerter. La formation est donc standardisée pour que tous les secouristes puissent avoir le même contenu » expliquent des formés.
Au collège Jules-Verne, « le Pôle d'appui à la scolarité est lié avec dix autres écoles et nous pouvons les mettre en liens avec l’Agence régionale de santé pour mieux prendre en compte certains interstices. Cela fait le lien entre les dispositifs et les ressources » explique Julien Gourdouze.