« Je ne suis pas là pour mentir ou minimiser, j’accepterais ma pénitence, quelle qu’elle soit », lance le prévenu. Nabil comparait depuis hier devant la Cour criminelle du Gard pour avoir causé la mort de son ami en lui assénant de multiples coups-de-poing et de pieds, à l’occasion d’une soirée de beuverie, aux Salles-du-Gardon, le 21 avril 2024. Dans le cadre de son réquisitoire, Dominique Sié, avocat général, a demandé à la Cour de condamner l’accusé à la peine de 10 ans de réclusion criminelle.
Revenant sur la personnalité croisées des deux protagonistes dans cette affaire, Agathe De Batz, avocate de la défense décrit « deux hommes capables du bon, comme du moins bon ». À l’occasion de sa plaidoirie, la jeune, mais brillante avocate fait état d’un « réflexe primitif de violence », expliqué par la période d’errance dans la rue de l’accusé, en tant que sans domicile fixe. Du point de vue des soins, nécessaire pour un homme capable d’une telle violence, elle explique : « Il a réussi à se prendre en main seul. Il a une hygiène de vie militaire, se lève tôt et fait du sport ». Elle rappelle également l’exemplarité du comportement de l’accusée au cours de ses vingt mois de détention provisoire, malgré une agression qu’il a subie en promenade. Frappé à une dizaine de reprises par un autre détenu, au moyen d’une boite de conserve, l’homme d’une cinquantaine d’années « n’a fait que se défendre », souligne son conseil, dans le but de démontrer la maîtrise nouvelle des émotions de son client.
« Je ne ferais pas appel »
Ayant la parole en dernier, l’accusé a tenu à avoir un mot pour la famille de la victime, pour qui cette soirée du 21 avril 2024 a été un moment de déchirement. Il s’est d’abord adressé à la grand-mère de la victime, présente lors de la violente altercation entre les deux hommes en état d’ivresse. « Aucune grand-mère ne doit enterrer son petit-fils », lance-t-il à son attention. « C’était une bonne personne, il était avenant, gentil, généreux… Il ne méritait pas de perdre la vie », ajoute-t-il. Des mots qu’il a prononcés avec émotion avant de conclure : « Je ne ferai pas appel. J’espère que ma peine pourra soulager la douleur de la famille. Je suis prêt à payer ».
À l’issue des délibérations, la Cour a déclaré Nabil coupable de violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner, avec la circonstance aggravante qu’il se trouvait en état d’ivresse manifeste au moment des faits. L’intention de donner la mort à la victime n’a alors pas été retenue par la Cour, estimant que les coups portés, malgré leur multiplicité, n’ont pas eu vocation à entraîner le décès du trentenaire. Il a donc été condamné à 10 ans de réclusion criminelle, assorti d’une période d’inéligibilité de 10 ans. Nabil va donc poursuivre sa détention à la maison d'arrêt de Nîmes.