Publié il y a 4 mois - Mise à jour le 02.08.2024 - François Desmeures - 4 min  - vu 510 fois

FAIT DU SOIR Déjà champion d'Europe, le Mageois Axel s'envole pour le Texas disputer les mondiaux de cross-fit®

Axel est déjà champion d'Europe

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Axel Bellot est athlète de cross-fit® et ne ménage pas ses efforts, malgré son handicap, pour se placer au sommet de sa discipline. Épaulé par des parents pratiquants, il se rendra en septembre, au Texas, pour disputer les championnats du monde. Avec une difficulté majeure : ne pas savoir exactement sur quelle épreuve il sera jugé, ce qui n'autorise, donc, pas les impasses dans la préparation. Axel s'entraîne tous les jours au Cross-fit® de Nîmes, avant de s'envoler vers son rêve. 

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À coeur vaillant, rien d'impossible. Utilisée par le bien nommé Jacques Coeur, la devise pourrait s'appliquer à Axel, champion d'Europe de cross-fit® des porteurs de handicap et en passe d'aller glaner un titre mondial au Texas, alors que cela ne fait même pas dix ans qu'il pratique. Mais, communiqué par son frère, le virus de la discipline ne pouvait que s'installer confortablement dans le corps aux muscles saillants d'Axel. 

La famille est installée aux Mages. Avec un père ancien militaire, ancien rugbyman et globalement amateur de sport, et une mère qui ne rechigne visiblement pas à l'effort face aux poids des épreuves, "c'est mon frère qui m'a fait découvrir le cross-fit®, explique Axel, en 2015. Un sport santé et bien-être, mais qui a bien évolué." Jusqu'à apparaître, aujourd'hui, comme une série d'épreuves pour vous amener au bout de vous-mêmes. "L'entraînement est calqué sur celui des forces spéciales américaines", précise Frédéric, le père d'Axel, qui connaît bien le secteur. "Et j'y ai pris goût", abonde Axel. 

"Un sport individuel qui se pratique en collectif"

Frédéric Bellot, père d'Axel, à propos du cross-fit®

Lui aussi est passé par le rugby. Pratiquer la batterie lui a même renforcé les bras. Mais au-delà de l'effort que le cross-fit® réclame, "c'est la cohésion et l'entraide qui m'ont plu". "C'est un sport individuel qui se pratique en collectif", ajoute son père. Et, quand on est passé par le rugby, on ne dévalorise pas la portée de ce mot. D'autant que l'effort demandé est important, alors autant le partager avec des oreilles compréhensives. 

Deux heures par jour, cinq jours sur sept

Au Cross-fit® de Nîmes, les athlètes sont entre 12 et 15 par groupe. Axel s'entraîne deux heures par jour, cinq jours sur sept, selon une programmation personnalisée élaborée par un coach toulousain. Avec une préférence "pour les mouvements de gymnastique, comme les tractions, marcher sur les mains, le poirier, et tout ça..." Et avec de grandes ambitions, "être dans les trois premiers mondiaux au Texas", alors qu'il a été champion d'Europe, l'an dernier, à Barcelone. 

Axel Bellot, chez lui, avec son père, Frédéric • François Desmeures

Mais là où ça se corse, c'est que l'athlète ne connaît pas les épreuves sur lesquelles il sera évalué avant le début de la compétition, "c'est imposé", résume Axel. Le cross-fit® s'articule en trois grosses disciplines : exercices autour de l'haltérophilie, gymnastique et activités cardio (vélos, rameurs ou air-runner, par exemple). Axel privilégie la gym, "mais natation et haltéro, ça va plutôt bien", se rassure-t-il. 

Car Axel doit aussi lutter contre lui-même pour faire aboutir ses rêves. Son handicap ne saute pas aux yeux, mais il souffre d'une légère neuropathie et de troubles DYS assez marqués, expliquent ses parents. "Ce qui gêne la coordination et la motricité", ajoute Nathalie Bellot. Quant à la neuropathie, elle lui crée des adhérences dans le dos, qui compliquent les mouvements. 

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Ils sont une dizaine de Français à partir avec Axel, dont certains amputés ou en fauteuil roulant. Du 19 au 22 septembre, ils iront poursuivre leur rêve dans la chaleur torride de San-Antonio, à travers douze épreuves en quatre jours. Un aboutissement... que les parents paient au prix fort, eux qui ne peuvent accompagner leur fils faute de moyens suffisants. Axel a déjà trouvé un partenaire équipement, la marque Bro, basée à Vitrolles. En plus de son habillement, elle finance l'hébergement de l'athlète sur place, du 14 au 25 septembre. Pour assurer le reste de l'investissement, Nathalie et Frédéric Bellot ont ouvert une cagnotte sur le site Hello Asso (*). 

Un rêve olympique pour Los Angeles 2028

Très présents, les parents d'Axel ont insisté pour qu'il dispose, en plus d'un coach dédié au volet sportif, d'un coach mental et d'un diététicien. Et ont monté une association, Des Bulles dans les nuages, qui vise à "l'inclusion des personnes en situation de handicap dans le milieu sportif". D'ailleurs, six des athlètes français qui partent sont déjà passés par l'association. Si Nathalie et Frédéric s'entraînent tous deux au Fitness park d'Alès, ils gardent dans un coin de leur tête "le projet de monter une salle de cross-training aux Mages". Le terme n'est pas une erreur, cross-fit® est une marque déposée, donc, et l'utiliser oblige à verser une redevance. Un projet qui faciliterait la pratique des personnes en situation de handicap. 

Frédéric est déjà coach sportif, Axel est en cours de formation. Le projet professionnel rejoint ainsi la passion commune. D'ailleurs, les projets en manquent pas dans la famille, où la projection est la règle : les 19 et 20 octobre prochains, les parents organisent une compétition à Toulouse, en faisant travailler en duo un athlète valide et un autre handicapé. De son côté, Axel garde deux échéances en tête : des championnats du monde de cross-fit® qui pourraient se tenir en Europe en 2026 (la France compte le deuxième contingent de pratiquants après les États-Unis). Et, surtout, un rêve : se perfectionner au lancer du poids pour entrer dans les sélections des Jeux paralympiques de Los Angeles, en 2028. Il ne lui reste qu'à penser à l'aspect sportif, il sera toujours temps de monter une cagnotte plus tard. 

(*) Pour ceux qui souhaitent participer, la cagnotte est à retrouver ici

François Desmeures

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