Publié il y a 3 ans - Mise à jour le 09.10.2020 - thierry-allard - 3 min  - vu 1061 fois

FAIT DU SOIR L’association Accueil d’urgence en Uzège se retrouve à la rue

La trésorière, Martine Grillet, et le président de l'association Accueil d'urgence en Uzège, Guy Checinski (Photo : Thierry Allard / Objectif Gard)

Cruelle ironie du sort : l’association Accueil d’urgence en Uzège, qui fait comme son nom l’indique dans l’hébergement temporaire de personnes en difficultés, se retrouve elle-même sans lieu d’accueil depuis la fin septembre.

Le déclic a eu lieu en 2015, suite à la mort d’une personne sans-abri à Uzès. « Nous nous sommes réunis, diverses personnes, la paroisse catholique, l’entraide protestante, Amnesty international et la Ligue des droits de l’Homme, et nous avons cherché un hébergement d’urgence », rejoue le président de l’association, Guy Checinski.

La paroisse propose un premier local, puis une salle accompagnée d’un studio, permettant de loger jusqu’à six personnes en même temps. Une association est créée en 2016, Accueil d’urgence en Uzège, et se met à fonctionner dix mois sur douze, avec une pause estivale. « Nous avons vu le public changer au fil des années. Maintenant nous n’avons pratiquement plus que des familles, des femmes isolées avec ou sans enfant, des personnes âgées, des personnes en grande détresse sociale, en recherche de logement », décrit le président de l’association. Certains travailleurs de passage ont aussi recouru aux services de l’association.

Le principe est simple : le logement est disponible pour la nuit, de 18 heures à 9 heures. « Les gens doivent nous prouver leur identité et nous leur demandons d’effectuer des démarches pour trouver un travail. Nous les aidons, mais nous voulons qu’ils continuent leurs démarches », souligne la trésorière de l’association, Martine Grillet. Une des membres de l’association, assistante sociale de profession, les accompagne.

« Au début, l’hébergement n’était que pour une nuit, mais nous avons vu que nous nous adressions de plus en plus aux femmes seules avec un enfant scolarisé, donc nous avons modifié le règlement », poursuit-elle. En 2019, l’association a hébergé 25 personnes dont trois enfants, pour un total de 576 nuitées. En 2020, année particulière du fait du coronavirus, huit personnes ont été hébergées pour un total de 415 nuitées.

Dans l’impasse

Seulement voilà, le presbytère doit maintenant subir de gros travaux. « Il faut refaire la toiture, les logements, consolider le plancher », pose le maire d’Uzès, Jean-Luc Chapon, qui estime qu’il y en a « au moins pour un an » de travaux. De ce fait, la paroisse a besoin durant ce laps de temps des logements mis à disposition de l’association, qui a dû rendre les clés. L’association a été mise au courant à la mi-septembre, sans beaucoup de temps pour se retourner, donc. « Dès qu’on a su on a commencé à bouger », affirme le président de l’association.

Il contacte donc la mairie et la Communauté de communes du Pays d’Uzès (CCPU). « Fabrice Verdier (président de la CCPU et premier adjoint au maire d’Uzès, ndlr) nous a reçu, mais il nous a dit qu’il ne pouvait rien faire », explique Guy Checinski. Quant au maire d’Uzès, l’association l’a contacté fin septembre sans obtenir de réponse. « Nous aurions souhaité au moins être reçus pour pouvoir disposer d’un logement dont nous pouvons assurer la gestion au quotidien », explique le président, qui affirme par ailleurs que la mairie a déjà envoyé des gens vers l’association.

Contacté, le maire d’Uzès nous a affirmé ne pas avoir « de logement d’urgence. À chaque fois que nous avons quelqu’un, la mairie lui paye la nuit d’hôtel et le repas du soir avant qu’il reparte dans une plus grande ville où il y a des logements d’urgence. » Jean-Luc Chapon se dit « pas au courant » d’éventuelles sollicitations de la mairie envers Accueil d’urgence en Uzège, tout en rappelant que certaines personnes accueillies sont restées bien plus qu’une nuitée : « La dernière personne est restée quatre mois. La mairie est là pour palier mais pour une ou deux nuits, pas plusieurs semaines. »

Bref, l’Accueil d’urgence en Uzège se retrouve dans l’impasse, et ce alors que l’hiver arrive. « Et la situation économique ne s’arrange pas, ce qui nous fait un peu peur », note Martine Grillet. « Nous étions déjà utiles avant, et on risque de l’être encore plus dans l’avenir », souffle Guy Checinski. Alors, en désespoir de cause, l’association lance un appel à toute personne disposant ou ayant connaissance d’un logement disponible qui pourrait lui permettre de continuer son activité. Contact au 07 83 34 80 62 ou accueildurgenceuzege@gmail.com.

Thierry ALLARD

thierry.allard@objectifgard.com

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