FAIT DU SOIR Le préfet en visite au Pin, dans la ruralité dynamique

Ce mercredi matin, lors de la visite du préfet du Gard Jérôme Bonet au Pin
- Thierry AllardLe préfet du Gard était en visite au Pin, petit village de près de 500 habitants niché entre Bagnols et Uzès. L’occasion pour le village de présenter ses différents projets, mais aussi son modèle, qui voit un cinquième de ses habitants s’impliquer dans la vie communale.
Le préfet Jérôme Bonet, ancien grand flic, reste « un préfet débutant », rappelle-t-il en préambule de sa visite au Pin. Alors « j’ai besoin de me nourrir d’un certain nombre de choses pour avoir une approche des sujets la plus pragmatique possible », poursuit-il pour expliquer cette visite dans un village rural comme Le Pin. Pas n’importe quel village, puisque Le Pin, malgré sa petite taille, regorge de projets.
« Nous sommes une commune calme mais dynamique », revendique le maire Patrick Palisse. Car Le Pin, malgré sa situation privilégiée, à un quart d’heure de Bagnols comme d’Uzès, ne se vit pas comme un village dortoir. Son modèle de gouvernance le démontre : des commissions ont été mises en place pour traiter de différents sujets de la vie communale, commissions dans lesquelles on retrouve des élus comme des citoyens lambda.
Par ce biais, « la population s’implique beaucoup dans l’action municipale, une centaine de personnes non élues participent aux commissions », souligne le maire. Sur un village de moins de 500 habitants, ça donne une jolie proportion de citoyens engagés, et ça se retrouve dans les animations, « pratiquement une par semaine de maintenant à septembre », précise Patrick Palisse, mais aussi dans les projets.
Éclairage public, projet rural et poules
Des projets menés avec deux priorités : « l’environnement et le développement du village », pose le maire. Sur l’environnement, Le Pin a été précurseure dans l’extinction de l’éclairage public la nuit, mise en place dès 2014, « à un moment où on ne parlait pas encore d’économies d’énergie », glisse l’élu. Le Pin deviendra la première commune du Gard labellisée Village étoilé, la mesure ayant été prise pour protéger la biodiversité. Dans le même temps, la mairie passe l’éclairage en LED, « on l’a fait nous mêmes », précise le maire, gagnant au passage « près de 90 % de la consommation électrique. » Depuis, Patrick Palisse a conseillé de nombreuses communes du territoire, mais pas que, qui voulaient suivre l’exemple du village. Économies d’énergie toujours, Le Pin a désormais terminé la rénovation énergétique de tous ses bâtiments communaux.
Autre projet ambitieux, le projet rural développé en 2023 et 2024 à l’aide de deux jeunes femmes en service civique, qui a permis de réensemencer des terres en friche ou encore de disposer des abreuvoirs pour les animaux sauvages. Dans ce cadre, la commune a travaillé avec l’école pour réintroduire le lapin de garenne sur la commune, où il avait disparu. Elle a aussi lancé la réalisation d’un atlas de la biodiversité communale, un projet qui s’étendra sur trois ans.
Le Pin a aussi innové, en donnant des poules à ses habitants qui en feraient la demande. « Nous le faisons depuis 5 ans, la moitié des foyers du village sont équipés », précise le maire. De quoi diminuer le volume des ordures ménagères. Autre initiative originale, la commune vend à prix coûtant des produits d’hygiène bio fabriqués dans la Drôme.
« Nous avons investi 1,2 million d’euros »
Côté développement du village, la commune a soutenu la création d’une brocante restaurant, a créé une épicerie, un logement social, un four à pain construit « à 100 % par des bénévoles », précise le maire, a rénové sa place, racheté un bâtiment pour y installer un bistrot de pays « qui marche très bien », glisse-t-il, racheté des granges pour en mettre une en location et installer son atelier municipal dans l’autre, ou encore racheté un ancien garage automobile pour le mettre à disposition d’un jeune agriculteur.
Bref, « nous avons fait énormément de choses avec un budget de fonctionnement de 300 000 euros par an, nous avons investi 1,2 million d’euros ces dernières années », affirme Patrick Palisse, sans augmenter la dette. Il faut dire que le village est un spécialiste de la chasse aux subventions, certains projets étant soutenus jusqu’à la limite légale de 80 %. Un beau score pour une commune engagée dans « la démarche projets » prônée par le préfet, qui encourage les communes « à venir nous saisir le plus tôt possible pour lever les freins bien en amont », face à la profusion de normes.
Et Le Pin ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Parmi les projets en cours ou à venir, on retrouve la rénovation du chemin qui lie Le Pin à Cavillargues. « C’est un petit chemin qui permet de diviser le temps de trajet par deux par rapport à la départementale, mais il s’est dégradé car il n’a pas été refait depuis 20 ou 30 ans », pose le maire, qui voudrait en profiter pour y réserver une voie dédiée aux déplacements doux. Il y en a pour 160 000 euros. La commune compte aussi rénover la toiture de son église, et lancer « une politique d’acquisition des biens sans maître », présente Patrick Palisse. Le village a passé une convention avec la SAFER pour identifier lesdits biens sur la commune. « Nous en avons déjà acquis un en zone constructible », précise le maire.
Un discours « très novateur » du préfet
Car la commune, qui a vu sa population multipliée par cinq en quarante ans, fait face à une difficulté : « nous n’avons plus de terrain pour construire », expose le maire d’une commune qui présente la particularité de ne compter aucun logement vacant. Deux lotissements sont en projet, mais sont au point mort, les promoteurs considérant que les terrains fléchés sont trop petits. « Le permis de construire va bientôt devenir obsolète, et si on le perd, il y a des grandes chances qu’on ne puisse plus l’avoir, car nous sommes en zone à aléa fort pour le feu », développe Patrick Palisse. De quoi entraver le développement du village, qui voit l’effectif de l’école qu’il partage avec Saint-Pons-la-Calm diminuer à la rentrée prochaine.
Un sujet de préoccupation auquel le préfet a été sensibilisé, et sur lequel il fera une annonce : celle à venir d’un « dire » de l’État, un document qui expose clairement les attentes de l’État, sur l’interprétation des porter à connaissance de l’État sur les risques. Ces porter à connaissance, qui précisent les cadres législatif et réglementaire à respecter dans leurs projets concernant les différents risques, comme les feux de forêts ou les inondations, inquiètent les élus qui les voient comme des entraves à leurs projets d’urbanisme. « Nous avons les trois quarts de notre territoire condamnés par des porter à connaissance », abonde Patrick Palisse.
L’idée du préfet est de « revenir à la lettre du porter à connaissance, l’objet n’est pas de faire un contrôle de légalité ou d’obliger à lancer des études, explique Jérome Bonet. Il y a beaucoup de risques dans ce département, je ne veux pas qu’on en rajoute, il faut qu’on fasse confiance à ceux qui délivrent les autorisations d’urbanisme. » « C’est très novateur comme discours », saluera le maire, même si le préfet précisera que « ça ne va pas tout d’un coup devenir ‘open bar’. »