Publié il y a 6 h - Mise à jour le 15.07.2025 - Propos recueillis par Abdel Samari - 9 min  - vu 4330 fois

FAIT DU JOUR Jean-Paul Fournier, maire de Nîmes : "On a le potentiel pour mener à la victoire de Franck Proust"

Le maire de Nîmes dans son bureau.

- Photo Abdel Samari

"On va s’en sortir. J’y crois. On a le potentiel. On a les femmes et les hommes pour mener à la victoire de Franck Proust."

Le maire de Nîmes dans son bureau. • Photo Abdel Samari

Le maire de Nîmes entame son dernier été à la tête de la Ville. Sur le départ pour quelques semaines de vacances, il s'exprime dans les colonnes d'Objectif Gard, comme traditionnellement, pour dresser quelques perspectives à venir. L'occasion surtout d'évoquer les prochaines municipales et son candidat Franck Proust.

Objectif Gard : Comment trouvez-vous les premiers pas en campagne de Franck Proust ?

Jean-Paul Fournier : Il voit beaucoup de monde. Les Nîmois que je rencontre reconnaissent qu'il fait du travail, qu'il est très présent. D’ailleurs, je ne sais pas comment il fait, mais il fait tout. Il en fait un peu trop, je trouve.

Comment se passe votre relation de travail avec Franck Proust, votre nouveau premier adjoint ?

Ça se passe bien. Il est très coopératif. Et puis, il a toujours été fidèle. Il m'a toujours écouté. Il est attentif à mes choix. Regardez Nîmes Olympique. Il a bien travaillé comme j’aurais pu le faire. La relation avec les étaliers des Halles s’est apaisée. Il a réussi à trouver les compromis nécessaires.

On n’est pas Crésus

Jean-Paul Fournier

Sur le dossier NO, le passage devant la DNCG aujourd’hui est crucial. Vous êtes en phase avec l’engagement pris par la Ville de louer les équipements sportifs puis de les acheter dans un second temps ?

C'est une solution. Si l’on veut relancer le club, il faut qu'il y ait un centre de formation. Sans ce centre de formation, ça ne va pas fonctionner.

Y a-t-il une possibilité, selon vous, de rendre définitif le stade des Antonins, qui est pour l'instant provisoire jusqu'en 2032 ?

En principe, oui. Je crois qu'on pourra le rendre définitif. Ça peut nous soulager pour le stade des Costières. On pourrait ensuite, pourquoi pas, envisager la création d’une nouvelle zone d’entreprises. Visible de l'autoroute, cela pourrait attirer des investisseurs. Il faut y réfléchir.

L’investissement financier auprès du Nîmes Olympique, dans un contexte financier compliqué, pourrait nécessiter une baisse des subventions pour l’USAM et le RCN ?

Effectivement, on ne peut pas tout faire, on n’est pas Crésus. Rien n’est décidé pour l’instant. Et vous savez mon attachement au hand. Sans compter que le club marche bien. Mais enfin, ce n'est pas suffisant pour dire qu'on va tout payer. On verra pour l'année prochaine.

Ne me parlez pas de malheur.

Jean-Paul Fournier

Bruno Retailleau, le ministre de l’Intérieur, était dans votre bureau il y a quelques semaines. Il a fait des annonces de renfort de police. Face au contexte nîmois avec encore un mort au Mas de Mingue il y a quelques jours, il y a urgence non ?

Exactement. Il a fait des annonces, des promesses pour Nîmes, en termes de sécurité. D'abord, il a accordé que les CRS demeurent ici. C’est très important, ils sont sur le terrain. Même si cela n'empêche pas les fusillades, j’en ai bien conscience. Et je peux vous dire que cela me meurtrit, même s’il s’agit plus d’un problème national que local. On doit faire ce poste de police commun, police nationale-police municipale. Nous lui avons fait notre proposition de destination du site pour l’accueil de ce poste. On attend le retour.

Vous avez confiance en lui ?

Oui. C'est quelqu'un qui ne donne pas sa parole n'importe où, et n'importe comment. Il réussit pas mal et je l’apprécie beaucoup. Je vois quand je l'appelle, il me répond ou me rappelle très rapidement. Franchement... Il est très attaché à Nîmes.

Il est peut-être d'autant plus attaché que Nîmes est l'une des dernières grandes villes tenues par la droite et qu’elle pourrait basculer en mars prochain...

Ne me parlez pas de malheur.

 

Un accord possible entre Proust et Plantier ?

Vous en êtes où avec Julien Plantier ? Vous l'avez vu dernièrement ?

Je crois que l’on s'est tout dit. Dans la mesure où il décide d'y aller. Il semble vouloir tenter le coup. Qu’il prenne des claques et il verra... Après, il réfléchira, mais ce sera trop tard. Moi, j'espère qu'il entendra le message de plusieurs personnes qui lui disent de se ranger derrière Franck Proust. Cela ne l’empêche pas de négocier quelque chose avec lui.

Vous pensez que c'est possible ?

En politique, tout est possible, il ne faut jamais rien refuser. Il se rend compte quand même qu'il est parti, il n’a personne derrière, il pédale dans la semoule. Qu'est-ce qu'ils font lui et ses quelques élus ? Des réunions où ils sont quatre ou cinq, six au maximum...

Avec le recul, pourquoi vous pensez qu'il s'est lancé dans cette aventure électorale ?

Il était persuadé de gagner, de faire reculer les proches. Je ne vois rien d’autres. Je lui ai dit : tu pars trop tôt. Ensuite, arrête-toi avec tes élus car tu es en train de créer les conditions de la division. Alors après, chacun veut être maire. C'est compliqué quand tout le monde veut être maire. On lui a proposé de rester premier adjoint. Franck Proust lui a assuré qu’il ne ferait qu’un seul mandat. Mais il n’a rien entendu de nos propositions…

Julien Plantier n’est pas Yvan Lachaud

Jean-Paul Fournier

Julien Plantier et Franck Proust peuvent-ils s’entendre. Ou est-ce trop tard ?

Je pense qu’ils ont tort l’un et l’autre. Franck Proust doit prendre le temps de discuter avec lui. Il ne pourra pas tout faire. L’Agglo et la Ville, c’est beaucoup. Il pourrait proposer à Julien Plantier une vice-présidence et le poste de premier adjoint.

Après le conseil municipal de samedi dernier et le vote contre la majorité municipale du groupe Nîmes avenir, est-ce que vous avez encore espoir d'une union possible entre Proust et Plantier ?

Julien Plantier n’est pas Yvan Lachaud. Enfin, je ne crois pas. Si c’est bien cadré, qui fait quoi à la Ville et à l’Agglo, cela peut marcher. Moi, je l’ai fait avec Franck Proust et cela fonctionne.

Vous êtes inquiet si l'accord n'a pas lieu ?

Non. On va s’en sortir. J’y crois. On a le potentiel. On a les femmes et les hommes pour mener à la victoire de Franck Proust.

Les projets pour Nîmes après 2026

Si vous aviez un conseil à donner à Franck Proust, votre candidat pour votre succession, ce serait lequel ?

D'abord, il faut qu'il soit proche des gens. Il est déjà proche, mais il faut qu'il attire les gens vers lui. Et puis, je lui dirais d’aller à l'essentiel.

Et en termes de projet, quelle serait votre priorité ?

Le conservatoire de musique. C’est un gros projet et je sais que Franck Proust le mènera bien. Il faut renouveler le théâtre Bernadette-Lafont. Même si l’on a le Palais des Congrès, Paloma et les arènes l’été. Ce n’est pas une priorité, mais il faut une réhabilitation complète. Ce théâtre est vieillissant. Il a été fait sous Jean Bousquet. Puis, je pense au parc Jacques-Chirac. Enfin, il faut tout donner pour nos quartiers. Parce que franchement, ce qui se passe en ce moment avec l'ANRU, c'est une bonne chose, mais c'est très long. Alors si on pouvait l'activer un petit peu, qu'on voit enfin que le quartier a changé. Il y a quelques jours, j'étais à Pissevin par exemple. Il y a des choses qui ont changé, mais ça ne se voit pas tellement encore. Changer le quartier, c’est changer aussi un petit peu l'âme du quartier. C'est dingue que ce soit si long.

Le temps de la campagne, c'est aussi le temps des critiques des opposants. Vincent Bouget ou encore Julien Plantier reprochent à la municipalité sortante le manque de démocratie locale. De gouverner avec son clan uniquement. Que répondez-vous ?

Vincent Bouget et Julien Plantier sont un peu sur la même ligne. Je leur dis qu'ils se trompent. Il faut prendre l'avis, mais ensuite, il faut décider. Ça plaît, ça ne plaît pas, mais la décision est toujours prise dans l’intérêt des Nîmois. Et quand c'est fait, en général c'est apprécié. Quand on a un projet, on le montre, on le fait voir, on écoute les critiques. Regardez, pour le parc Jacques-Chirac, j'ai écouté les critiques. Normalement, il devait y avoir des constructions sur le secteur. Les gens étaient contre, j'ai considéré que cette opposition était juste, donc je ne l’ai pas fait. Vouloir écouter tout le monde, c’est un peu démagogique. J’ajoute que nous avons mis en place des conseils de quartiers. Avec une enveloppe de projets de 100 000 euros par conseil, qui fait cela ?

La réussite de la fin de ce mandat, c’est le renouveau du cœur de ville. Entre l’inscription Unesco de la Maison carrée et le point d’orgue, l’arrivée des Galeries Lafayette à l’automne. Vous êtes fier ?

Des belles enseignes qui s'ouvrent, il y a Fragonard notamment, les Galeries Lafayette qui vont arriver à l'automne. Il faut dire qu'on a mis le paquet quand même. On a refait des places, on a refait des rues. On est récompensé avec un taux de vacances entre 9 et 10, alors qu’au niveau national, le taux est de 15 %. Mais il est important de rappeler que cela fait dix ans que l’on se bat pour les Galeries Lafayette. C'est un bel aboutissement.

Jean-Paul Boré : Pourquoi pas !

Jean-Paul Fournier

Qui vous fait le plus peur pour les prochaines municipales : le leader communiste Vincent Bouget ou le député RN Yoann Gilet ?

Si c’est Yoann Gilet, ça peut faire mal. Vincent Bouget sans LFI, ça ne va pas représenter autant que ce qu'il croit. Et il va falloir se mettre d’accord avec le Parti socialiste, les Écologistes, etc. Il n'y aura pas de place pour tout le monde… Quand ils vont dresser cette liste, ça va être compliqué. Au début, tout le monde est bien, tout le monde est gentil, ils sont tous d'accord entre eux. Enfin moi, je ne comprends pas que le PS puisse laisser cette ville encore une fois aux communistes. Après Jourdan, Clary, maintenant Bouget. C’est quand la dernière fois que les socialistes ont été à la tête de Nîmes ? Ils sont toujours passés sous les fourches caudines des communistes. Alors qu'ils ne partagent pas grand-chose. Encore une fois, ils n’auront que des miettes. Sans compter que cela m'étonnerait beaucoup que les socialistes votent avec LFI au second tour. Ils devraient commencer par écouter les discours de Bouget. Ce type pense comme les Insoumis.

Franck Proust, premier adjoint et président de Nîmes métropole • Photo Romain Cura

Un mot sur la future liste de Franck Proust. Il veut laisser de la place à une nouvelle génération. Est-ce que vous êtes d'accord avec lui ?

Il faut changer. Il faut du renouvellement. Tous les anciens doivent laisser la place pour des jeunes. 25 ans, ce n’est pas rien. Il y a des jeunes qui n’ont connu que Fournier. Un quart de siècle, c’est beaucoup. Dans le renouveau, il faut quelque chose qui plaise. Des gens qui ont envie de bosser. De la société civile, pas forcément de chez Les Républicains, même s’il faut quand même qu'il y ait une majorité de LR. Regardez, la dernière fois, je n'ai pas mis de logo. J'ai gagné. Dans mon équipe, il y a des gens de gauche. Emmanuel Carrière est le bon exemple. Il fait un boulot sensationnel.

Il y a deux noms qui reviennent avec insistance pour rejoindre Franck Proust. Jean-Paul Boré, par exemple. Vous en pensez quoi ?

Pourquoi pas ! Moi, je lui conseille. S'il veut venir, s'il a quelque chose à dire et à défendre.

Et Françoise Dumas ?

Je dirais plutôt oui, mais après, qu'est-ce qu'elle apporte ? Je ne sais pas ce qu'elle représente.

Est-ce qu’une alliance avec Valérie Rouverand est possible ?

Ah non.

Même entre les deux tours ?

Elle fera moins de 5. Et vous pouvez l'écrire.

Face au RN et l’union de la Gauche, comment votre candidat Franck Proust peut s’en sortir ?

Au soir du premier tour, même si ce sera difficile, il faudra rester unis avec ceux qui étaient au rendez-vous durant la campagne. Les autres compteront les points.

Climatisation, réservation des cantines et les animations de l'été

Quelques questions d’actualité pour terminer cet échange. La climatisation dans les écoles dans la ville la plus chaude de France. Pourquoi ne pas l’avoir fait ?

D'abord, ça coûte très cher. On ne peut pas le faire dans les 86 écoles, ce n'est pas possible. Il faudrait plus de 22 millions d'euros. Il y a des classes aux refuges déjà. Je pense que les prochaines années, il faudrait davantage regarder la question du réaménagement des horaires. Comme en Espagne, où les enfants vont à l'école beaucoup plus tôt.

La réservation des repas dans les cantines scolaires. Vous avez trouvé une solution pérenne pour la prochaine rentrée ?

Le système de réservation pour les parents était complexe. Mais la complexité aussi, ce sont ces parents récalcitrants qui ne réservaient pas la cantine. Il y a un gaspillage énorme. Heureusement, ils sont rentrés dans les clous. Cela étant, je l’ai dit aux équipes concernées, il faut arrêter d'emmerder les gens. S'il faut avoir un bac pour arriver à remplir une feuille de cantine, ce n’est pas possible. Donc, on a simplifié. Ça va un peu mieux. On a mis en place un accueil pour les gens qui n'ont pas Internet, où qui ne savent pas lire, qui ont besoin d’accompagnement. Depuis un mois et demi, on n'a plus de remontées.

L’été à Nîmes rime avec concerts dans les arènes, les jeudis de Nîmes et le célèbre feu d’artifice hier soir. Est-ce que vous êtes heureux de cette programmation ?

Les concerts marchent bien. Il y a du monde comme chaque année. Et il y en a pour tout le monde. Moi, je vais voir Ibrahim Maalouf par exemple que j’aime beaucoup. À Nîmes, il y a aussi les Jeudis de Nîmes durant tout l’été. Le 21e festival « Une réalisatrice dans la ville » avec Catherine Corsini cette année. Et il ne faut pas oublier les spectacles du mois d'août dans les arènes. Avec le danseur et chorégraphe Arthur Cadre qui proposera des représentations inédites. Enfin, les courses libres à la fin du mois. Un mot aussi, c'est important pour les amateurs de musique classique avec les Rencontres musicales de Nîmes fin août.

Vous partez en vacances cette année ?

Oui, en famille comme chaque fois, puis chez des amis sur la Côte d’Azur. Je vais me reposer parce qu’à la rentrée, je vais m'investir pas mal pour la campagne de Franck Proust. C'est le meilleur candidat.

Propos recueillis par Abdel Samari

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