Publié il y a 3 ans - Mise à jour le 23.10.2020 - thierry-allard - 3 min  - vu 768 fois

FAIT DU SOIR Une nouvelle pasteure à la paroisse de Bagnols/Pont-Saint-Esprit

La pasteure de la paroisse de Bagnols, Pont et Bourg-Saint-Andéol, Laurence Guitton (Photo : Thierry Allard / Objectif Gard)

Laurence Guitton, 58 ans, est la nouvelle pasteure de la paroisse de l’église protestante unie de France de Bagnols, Pont-Saint-Esprit et Bourg-Saint-Andéol (Ardèche). Objectif Gard vous fait les présentations.

Elle a eu, de son propre aveu, « une vocation tardive. » À l’âge où beaucoup pensent à la retraite, Laurence Guitton entame une deuxième carrière, et pas des plus banales. « Je suis pasteure depuis quatre ans. Auparavant j’ai été ingénieure en logistique pendant trente ans », retrace-t-elle. Cette lyonnaise d’origine a toujours été « une paroissienne engagée », chez qui « l’appel était là ».

L’appel, comprendre la vocation pastorale. Seulement voilà, entre son travail et sa vie de mère divorcée de deux enfants, l’appel a dû attendre un peu. Jusqu’à ce que, il y a quelques années, elle apprenne que la faculté de théologie de Genève (Suisse) propose un master dont une partie pouvait être effectuée à distance. « J’ai dit banco, et j’ai fait les trois années de licence à distance, puis une année de master à distance à Strasbourg tout en travaillant. Ça a été lourd, mais je me sentais portée », rembobine-t-elle.

Elle arrête de travailler pour effectuer sa cinquième année en alternance, puis part dans le Jura pour ses années de proposanat, une période probatoire suivie par la commission des ministères, puis passe trois ans à Chabeuil, dans la Drôme. Ce parcours la mène désormais dans nos contrées où elle doit rester « cinq ou six ans ».

Elle prend à Bagnols la succession de deux femmes, l’église protestante unie étant une des seules à ordonner des femmes depuis l’après-guerre. « Le ministère paroissial n’est pas un ministère à part, c’est une des vocations auxquelles nous pouvons être appelées », explique-t-elle, avant de remarquer que « la profession se féminise, avec 40 à 45 % de femmes ».

« L’église doit se réformer »

Sur sa paroisse, la pasteure compte deux temples, un à Bagnols et un à Pont, où se pratique un culte différent du catholicisme. « Le protestantisme est une religion très intime, plus dans la réflexion que dans le rite », explique-t-elle. L’histoire de cette religion, pratiquée clandestinement pendant des siècles du fait des persécutions, est pour beaucoup dans la discrétion quasi proverbiale attribuée aux protestants.

Et pourtant, « il n’est plus tabou d’être protestant. Nous avons une nouvelle à annoncer qui peut parler à beaucoup de personnes », poursuit Laurence Guitton. Une foi « individuelle, qu’on se forge avec sa propre lecture de la Bible, sa pratique, ce qui est central c’est l’Écriture (la Bible, ndlr) et solo scriptura (l’Écriture seule, ndlr). Personne ne sert d’intermédiaire entre nous et Dieu », décrit-elle.

Alors son rôle de pasteur est de « d’annoncer l’évangile, proposer, éclairer la lecture, mais vous avez le droit de ne pas être d’accord avec l’interprétation du pasteur, ce n’est pas un dogme », explique Laurence Guitton. Et la pasteure l’affirme, « il faut faire fonctionner son esprit critique », y compris sur la Bible. Le protestantisme serait-il plus cartésien que la moyenne des religions ? « Peut-être », glisse Laurence Guitton, convaincue que « l’église doit se réformer, ne pas être figée, repenser ce qu’elle dit pour rester au coeur de ce que Dieu a voulu pour elle. »

Et c’est aussi valable pour les textes. « Il faut savoir les relire dans le contexte de l’époque, et les traduire, les actualiser. C’est un des rôles les plus importants du pasteur », estime Laurence Guitton, qui applique cette grille de lecture aux sujets de société contemporains. Car elle le clame haut et fort, « le protestantisme est la religion de la liberté de conscience ». 

Le covid impacte le culte

Cela se pratique lors des cultes du dimanche, avec la prédication autour d’un texte choisi par la pasteure, sans côté rituel très marqué. La Sainte-Cène, le moment où les membres de la communauté partagent le pain et le vin, n’est ainsi pas systématique. « Et en ce moment elle est suspendue à cause du covid, précise la pasteure. Mais nous n’avons pas besoin de ce côté rituel. Le culte est uniquement centré autour de la prédication et d’un temps de prière ».

La crise sanitaire a aussi eu un impact plus grand pour le culte que la suspension de la Sainte-Cène. « Ça a été complexe. J’ai tenu à préparer des cultes que je postais sur le site internet, que j’envoyais par mail, et il y a eu une chaîne de solidarité, des gens les imprimaient chez eux, et j’ai passé beaucoup de coups de téléphone, rembobine la pasteure. Le jour de Pâques j’ai appelé une quarantaine de personnes de la paroisse ». L’idée reste, coûte que coûte, de « faire perdurer le lien fraternel », ajoute-t-elle. Plus globalement, dans des temps difficiles comme ceux que nous traversons, « le rôle du pasteur est d’entretenir l’espérance, estime Laurence Guitton. De dire que ce n’est pas la fin de tout ».

Thierry ALLARD

thierry.allard@objectifgard.com

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