Publié il y a 2 ans - Mise à jour le 29.05.2022 - anthony-maurin - 4 min  - vu 390 fois

GARD Avec "Cassistanbul" Philippe Gaillot livre sa musique

Guitare prête à jouer (Photo Vincent Bartoli).

"Cassistanbul", le dernier album en date de Philippe Gaillot (Photo Anthony Maurin).

Changement de label, Covid time, et Philippe choisit de remanier certains titres enregistrés en préparant la deuxième partie pourtant déjà moulée dans la même veine que la première. Comme on n’est jamais mieux servi que par soi-même et que Philippe Gaillot est un cador en la matière, il crée son label (That Sound Records).

Là encore, pas de production épicière, il veut bien faire les choses. Mais depuis quatre ans, il réécoute son "double album" dont seule la première partie est sortie.

Ce titre est étonnant, pourquoi Cassistanbul, "C’est parti d’un gag avec mon ami musicien Gérard Couderc, d’une histoire de filles je crois… Un pseudo rencard en gare de Cassis mais je ne sais même pas s’il y en a une ! C’est aussi le nom d’un titre de l’album, assez long, qui a une intro très planante et dont la tourne rythmique fait penser à un train."

Mais dans cette nouveauté composée de dix titres, le fil rouge est complexe à débusquer. Hormis les couleurs du musicien, les directions sont variées. On voit une unité car rien n’est décousu mais difficile d’y voir plus clair. Bon, pourquoi essayer ?

Il a envie de peaufiner les choses, parfois deux décennies après leur enregistrement ! Le premier titre de l’album, Doo da, utilise des sonorités de scat vocal. Le deuxième, Cassistanbul. Le troisième, Lady Stroyed, a une belle histoire avec Mike Stern. "Nous sommes à Pompignan dans mon studio, en 1999, et Mike Stern avait écouté Lady Stroyed (NDLR album), il connaissait autre chose de moi et connaissait maintenant la musique qui me touchait, le jazz fusion, un peu comme lui. J’ai repris ça car ça m’a toujours éclaté de retoucher les matières. J’ai un studio, je ne sors pas tant d’albums que ça… Ça vient quand ça vient, je fais ce que j’ai envie de faire, au moins musicalement !"

Philippe Gaillot (Photo Anthony Maurin).

Des additifs qui, très honnêtement, ne font qu’embellir la chose et qui ne se voient pas, notamment sur la chanson For Emma qui évoque sa fille. Mike Stern a joué sur deux titres de ces deux albums comme Jacky Terrasson, Stéphane Belmondo, Irving Acao, Linley Marthe, Dominique Di Piazza…

Oui, Philippe Gaillot a utilisé des titres certes inédits mais dont deux, un sur chaque album sont vieux de 23 ans et qui n’ont pourtant pas pris une ride ! Ils n'étaient pas finis mais audibles. Ce n’est qu’après un excès de composition aux claviers qu’il décide de les remettre en piste et se retrouve avec 16 titres qu’il dispatche en deux albums. Il les place si intelligemment que nul ne s’interrogera sur leur ancienneté.

Ces deux albums forment un tout. Comme autres invités de ces deux albums, Jacky Terrasson qui enregistre tous ses albums à Pompignan et dont Philippe Gaillot a repris une partie d’un de ses thèmes Little red ribbon. Le seul à ne pas être une composition 100 % Gaillot.

(Photo Vincent Bartoli).

Revenons à l’album Cassistanbul. Dans cette nouvelle partie de l’album, Pour la petite histoire, les titres Soriba et Scarborough Fair, sont issus d’un enregistrement live réalisé au Nîmes Jazz Festival 2010. Le premier est un hommage à Soriba Kouyaté dont Philippe a produit et arrangé ses trois albums parus sur le label allemand ACT Music. Le second est une sorte d’adaptation d’une ballade traditionnelle du XVIIe siècle rendue célèbre par le duo Simon & Garfunkel. "Je me suis inspiré Circle in the Round, un double album de Miles Davis quand il reprend très lentement un titre de David Crosby intitulé Guinevere . J’adorais l’ambiance et l’idée d’y mettre du sitar avec cette même démarche."

Autre hommage à Jimi Hendrix avec Remember the voodoo child, "Beaucoup de gens aiment ce morceau assez moderne. Hendrix m’a beaucoup inspiré. Irving Acao joue dessus avec Linley Marthe. J’en suis très content !"

Pour sa fille et avec la chanson For Emma, c’est un chorus de trompette made in Stéphane Belmondo qui vous arrachera le cœur. "Yoann Schmidt a bien bossé dessus aussi. Ma fille, mon unique fille que j’adore, elle m’a vu jouer la première fois à Nîmes en 2010, j’étais très ému, elle aussi." Et dans sa voiture, Emma a un CD de son père ! Le musicien en est flatté. "Soit elle l’écoute soit elle le fait écouter mais elle connaît bien les morceaux !"

Quentin Boursy, Philippe Panel, Emmanuel Beer, Claude Bey et bien plus encore se sont prêtés au jeu de participer à cet album. Titre intriguant sur cet album, Bahia de la Figuière. Le nom d’une pouliche offerte à sa fille. "J’ai failli ne pas le mettre mais je l’assume ! C’est aussi moi. J’ai eu envie de faire ça, je voulais un riff de cuivres, une guitare forte qui arrive à hennir. C’est notre Van Halen français, Thierry Pontet qui joue. Ce son sort du truc mais en même temps ça se marie très bien !" Philippe Gaillot sait ce qu’il veut, il met un cadre mais si on lui soumet une idée intéressante, il s’adapte, évidemment.

L’importance du dernier titre prend son sens avec African Trip. "C’est la résonance de l’album. Il ne faut pas surprendre, il faut essayer de coller avec l’album. Je ne pouvais pas mettre Bahia de la Figuière par exemple."

L’album est difficile à définir. Du jazz fusion, bien sûr, de la pop, du rock parfois mais il est sans aucun doute intemporel. En tout cas, cet album, c’est celui de Philippe Gaillot, celles et ceux qui l’écouteront s’en souviendront. "Il est très moderne, novateur, très varié et empli d’influences grâce à mon parcours, je ne suis pas tout jeune non plus ! Le studio m’a aussi fait rencontrer des gens incroyables… J’en suis fier, c’est ma vie, ces souvenirs pétillent dans ma tête encore aujourd’hui. J’ai beaucoup de chance, je ne suis pas responsable de tout, j’en suis conscient."

La pochette de l'album (Photo Vincent Bartoli).

Anthony Maurin

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