Publié il y a 3 ans - Mise à jour le 06.04.2021 - corentin-migoule - 3 min  - vu 1302 fois

GARD Les syndicats opposés à la "destruction de la fonction publique"

Les manifestants devant la préfecture (photo Norman Jardin)

Pour justifier la faiblesse de la mobilisation, Alain Martin a ironisé : "On respecte les consignes sanitaires en évitant les grands rassemblements (rires)." (Photo Corentin Migoule)

Près de 80 ans après la création du statut des fonctionnaires, une transformation profonde de la fonction publique se profile avec la loi du 6 août 2019 qui prévoit notamment "un retour aux 1 607 heures." Plusieurs syndicats y sont farouchement opposés et ont manifesté un peu partout dans le Gard ce mardi.

Les Alésiens le savaient sans doute déjà, mais Alain Martin, figure emblématique de l'Union locale CGT d'Alès, a le sens de la formule, quitte à franchir les limites du "politiquement correct" : "Les talibans détruisent les statues, Macron détruit les statuts", a-t-il notamment indiqué ce mardi matin, devant la sous-préfecture, alors que la CGT organisait une matinée de mobilisation visant à exprimer son rejet de la loi de transformation de la fonction publique, rebaptisée pour l'occasion "loi de destruction de la fonction publique."

À travers cette grande réforme, le gouvernement Macron voit l'opportunité de bâtir la fonction publique du XXIe siècle, "plus agile, plus ouverte et plus attractive, avec des services publics plus efficaces et au plus près des territoires." Or la CGT identifie un premier point de désaccord avec l'article 47 de la loi qui prévoit qu'un agent de la collectivité réalise 1 607 heures de travail par an. "Une arnaque" selon Martine Sagit, secrétaire de l'Union locale alésienne, qui explique que l'État a calculé "sur une moyenne de 30 ans, 228 jours de travail annuels, multiplié par sept heures au quotidien, soit 1 596 heures avant d'arrondir à 1 600, ce qui équivaut déjà à quatre heures gratuites qui viennent s'ajouter aux sept heures pour la journée de solidarité."

Le calcul de la CGT aboutit à un résultat tout autre : 1 554 heures de travail annuel, "soit 53 heures de temps de travail non rémunéré en comparaison aux 1 607 heures qui font travailler les fonctionnaires gratuitement", étaye Martine Sagit qui dit "non au vol des congés payés que certains se sont battus pour avoir en 1936." À l'inverse de cette hausse du temps de travail, Martine Sagit, voix de la CGT pour cette manifestation matinale qui n'a réuni qu'une dizaine de militants, réclame "10 % de temps de travail en moins" afin de permettre aux salariés "d'avoir du temps libéré pour leur parentalité, leurs loisirs et leurs engagements sociaux", ainsi que 10 % de salaire en plus "tout de suite" et 10 % d'effectif supplémentaire.

Ce matin, lors de la manifestation à Bagnols (Photo : Thierry Allard / Objectif Gard)

À Bagnols aussi, on était loin de l'affluence des grands jours ce matin devant le monument aux morts. Sur place, on admet qu'on attendait "un peu plus de collègues", dixit Mohammed Hammani de la FSU, représenté ce matin comme la CGT et SUD. Suffisant toutefois pour dénoncer l'exécutif "qui poursuit une politique libérale destructrice sous le prétexte fallacieux de la simplification et de la modernisation de la fonction publique, pour supprimer des postes", affirmera-t-il.

Et le syndicaliste de rappeler les revendications de l'intersyndicale, au premier rang desquelles l'abrogation de la loi dite de transformation de la fonction publique, l'arrêt des suppressions de postes dans la fonction publique et au contraire un plan pluriannuel de recrutement, ou encore "la revalorisation significative des traitements, salaires, pensions et retraites" des fonctionnaires.

Les manifestants profiteront de cette journée d'action pour évoquer la prochaine journée de mobilisation demain pour le secteur du médicosocial. "Dans la santé et l'éducation on reste dans une logique de rentabilité incompréhensible, ils ne tirent pas les conclusions de la crise sanitaire", lancera la déléguée syndicale de SUD Solidaires. Des piquets de grève sont prévus pour les trois prochains jours, dont un à l'IME la Barandonne, à Pont-Saint-Esprit, demain.

Bref, "on n'a pas fini de se voir, et il ne faudra pas louper le 1er mai, covid ou pas, il va falloir serrer les rangs", conclura Charles-Henri Roché, de la CGT éducation.

À Nîmes, l'appel à la mobilisation n'a pas suscité non plus un grand engouement. Il n'étaient que 13 adultes à s'être retrouvés devant les grilles de la Préfecture du Gard. Drapeaux de diverses organisations syndicales qui flottaient au vent, les participants réclamaient ici aussi "L'abrogation de la loi portant transformation de la fonction publique". Mais aussi l'arrêt de surpression d'emploi et le dégel immédiat de la valeur du point d'indice. C'est sur ce dernier point que Emmanuel Bois, le secrétaire général de FSU du Gard (Fédération syndicale unitaire) a insisté : "Dans l'éducation, les heures supplémentaires sont sous-payées. Les fonctionnaires l'acceptent parce qu'il sont investis d'une mission. Mais il faut que cela change. Le plus petit indice est inférieur au smic." 

En présence de Denis Lanoy, le secrétaire de la section Parti communiste français de Nîmes, le rassemblement réclamait "La défense et le renforcement du statut général des fonctionnaires fondé sur des principes d'égalité, d'indépendance et de responsabilité. La mise en œuvre d'un service public impartial"

Corentin Migoule (à Alès), Norman Jardin (à Nîmes) et Thierry Allard (à Bagnols)

Corentin Migoule

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