Un jour de mémoire et de recueillement, qui englobe les soldats morts au front, mais aussi la communauté des Pieds-noirs.
À Alès
Devant la stèle du souvenir des anciens combattants, au cimetière d’Alès, Patrick Ver Eecke, président du bureau alésien du Souvenir Français, a rappelé le sacrifice de ceux qui ont donné leur vie pour la patrie. Il a insisté sur le devoir de mémoire et sur la responsabilité de chaque citoyen à préserver les valeurs de liberté et de paix pour lesquelles ces héros sont tombés. Plusieurs gerbes de fleurs ont ensuite été déposées, notamment par Roger Bogdanski, président de l’Union Locale des Anciens Combattants et victime de guerre, des jeunes du Service National Universel, et par le maire d’Alès, Christophe Rivenq, accompagné d’élus municipaux.
La cérémonie s’est poursuivie devant le mémorial du puits de Celas et de Saint-Hilaire, récemment restauré grâce à l’action du Souvenir Français. Michel Veyret, vice-président du bureau alésien, a rappelé l’histoire de ce lieu tragique, où furent retrouvés en 1944 les corps de résistants victimes de la barbarie nazie. Christophe Rivenq a pris la parole pour souligner l’importance de transmettre la mémoire de ces événements, affirmant que « la liberté reste à défendre » et que « le devoir de mémoire, c’est de la faire vivre ». Le maire a salué la mobilisation des associations et des bénévoles qui ont redonné à ce mémorial sa dignité.
Le sous-préfet d’Alès, Émile Sumbo, a également prononcé un discours fort, rappelant que « chaque pierre restaurée, chaque nom ravivé et chaque drapeau déployé sont un message adressé aux générations futures ». Il a rendu hommage aux résistants français mais aussi aux étrangers engagés pour la liberté, comme Lisa Ost et Hedwige Ramel Robbens, deux Allemandes anti-nazies honorées ce jour-là. Il a salué la jeunesse présente, soulignant que « la mémoire ne vit pas que dans les pierres, mais dans les cœurs et les gestes ».
La matinée s’est achevée au cimetière de Tamaris, avec de nouveaux dépôts de gerbes sur les tombes des anciens combattants et des indigents, afin que nul ne soit oublié. En ce jour de Toussaint, élus, anciens combattants, associations patriotiques et habitants se sont rassemblés dans une même volonté : faire vivre le souvenir de celles et ceux qui ont donné leur vie pour la France, et rappeler que la paix et la liberté demeurent des conquêtes à préserver.
À Bagnols
La cérémonie s’est déroulée au cimetière communal, et a démarré par un hommage aux Pieds-noirs, « ces femmes et ces hommes nés sur la terre d’Algérie où ils ont bâti leur vie, ils ont aimée profondément cette terre où ils ont connu la joie, le travail, la fraternité, puis la douleur du départ, l’exil, la perte », notamment des sépultures de leurs familles, rappelle le président des Anciens combattants de Bagnols Jean-Claude Mougenot. « En 1962, ils ont tout laissé derrière eux, déracinés mais dignes », poursuit Jean-Claude Mougenot, avant d’évoquer « une volonté de vérité et de réconciliation. »
Le maire Jean-Yves Chapelet prendra ensuite la parole pour évoquer ses prédécesseurs, parfois lointains, à l’hôtel de ville : Théodore Lacombe, Joseph Arène, Louis Charrier, Henri Jeanjean, Emile Bertin-Boissin ou encore Pierre Boulot, qui reposent tous dans le cimetière communal, et sur la tombe desquels il a ensuite déposé un bouquet. « Ils ont consacré une part de leur vie à la vie des autres », salue le maire, avant de rendre hommage à son adjoint récemment disparu Raymond Masse, « qui faisait partie de ces visages du quotidien qui incarnent ce que la République a de plus humain. »
Puis la cérémonie s’est dirigée vers le carré militaire du cimetière, géré par le Souvenir français, dont le représentant local Christian Baume saluera la mémoire des morts pour la France : « il n’y a pas de plus grand sacrifice. » Des hommes, « mais aussi de nombreuses femmes, tombés pour un idéal », celui de la nation, dont le sacrifice « a contribué à forger ce lien invisible mais essentiel » entre les citoyens.
Alors « à nous d’être des combattants de la mémoire pour qu’elle ne soit jamais souillée par les révisionnismes », lance Christian Baume, avant de rendre lui aussi un hommage appuyé à Raymond Masse, « un homme de valeur, d’une profonde humanité, d’une grande gentillesse. »
Jean-Yves Chapelet réagit
Dans un communiqué, le maire de Bagnols s’en prend à l’élu d’opposition et candidat déclaré aux municipales Jérôme Jackel et à Philippe Broche, candidat pressenti : « Présents à la cérémonie, Jérôme Jackel et Philippe Broche n’ont pas eu la décence de suivre le cortège. Malgré l’invitation de la Ville, ils ont décliné l’hommage rendu aux maires qui, avant moi, ont servi Bagnols-sur-Cèze.
Un choix singulier, de la part de l’un déjà élu et de l’autre en quête de mandat. Comme si le respect de notre histoire pouvait s’effacer au nom d’un calcul de circonstance.
Refuser de saluer ceux qui ont bâti avant nous, c’est oublier que la République n’est pas un ring mais une chaîne : chaque maillon y compte, surtout celui du souvenir. »