LE 7H50 d'Alain Chelloul, directeur de la CPAM : "On aurait pu ralentir la propagation du virus"
Depuis le déconfinement, la CPAM (Caisse primaire d'assurance maladie) de chaque département a désormais une mission de "contact tracing" qui consiste à appeler les cas diagnostiqués covid-19 et tous ceux qui ont été en contact avec le patient. Alain Chelloul, directeur de l'antenne gardoise, nous explique cette procédure qui aurait été sans doute efficace si elle avait été mise en place au moment de l'arrivée de l'épidémie.
Objectif Gard : Quel a été le rôle de la CPAM pendant cette pandémie ?
Alain Chelloul : Pendant la crise, notre rôle a consisté à ce que les Gardois touchent les prestations sociales auxquelles ils avaient droit et que notre activité se poursuive. Le deuxième volet est de participer à la prévention de la reprise du virus depuis la sortie du confinement. Dans chaque CPAM de chaque département une plateforme a été mise en place. Il s'agit d'un nouveau dispositif qui appuie le déconfinement.
Concrètement comment cela se passe-t-il ?
Chaque fois qu'un médecin traitant du Gard diagnostique un patient atteint par le covid-19, il nous en informe en saisissant ses coordonnées dans une application. Ces coordonnées nous remontent et à partir du moment où nous en avons connaissance, dans les quatre heures qui suivent, nous contactons la personne malade. La finalité c'est de savoir si elle a été en contact avec des personnes de sa famille ou en dehors et qu'elle nous communique leurs coordonnées. Une fois que nous avons la liste de toutes les personnes, nous prenons contact avec elles dans les 24h.
"Nous avons géré 270 contacts"
Au téléphone, quelles consignes passez-vous ?
On prescrit aux personnes un test biologique remboursé à 100%, des masques et on leur demande de s'isoler jusqu'à ce qu'elles aient connaissance du diagnostic. Si pendant cette période d'isolement qu'on leur recommande, elles ont besoin d'un arrêt de travail, ce sont les médecins conseil de l'assurance maladie qui les prescrivent.
Est-ce que cela représente une tâche immense à accomplir ?
On a eu de la chance parce que dans le Gard, l'épidémie a été marquée puis elle a baissé. Aujourd'hui le virus circule mais faiblement. L'équipe que j'ai affecté sur cette activité de "contact tracing" peut gérer quotidiennement jusqu'à 600 contacts. L'activité n'a pas été très importante : entre le 13 mai et le 5 juin nous avons traité 128 cas confirmés et nous avons géré 270 contacts. Le confinement a très bien marché et a permis de casser la propagation du virus. Maintenant, on est dans une démarche préventive et notre rôle c'est d'assurer la veille d'une éventuelle reprise du virus. Si d'aventure on constatait une remontée, on pourrait prendre des mesures très ciblées et très locales pour casser à nouveau la propagation.
Vous avez donc un vrai rôle à jouer pour tendre vers l'éradication de ce virus...
Soyons clairs ! La France et aucun pays ne pourront se reconfiner comme ça a été le cas. Donc pour éviter ça on a mis en place ces plateformes et elles sont interconnectées. Si on les avaient eu au moment du rassemblement évangéliste qui s'est déroulé dans le Grand Est, toutes les caisses auraient pu saisir les cas contact et leur demander de se placer à l'isolement. Donc, on aurait pu considérablement ralentir la propagation du virus.
Pourquoi ça n'a pas été fait ?
Parce que ça n'était pas en place et que la seule organisation qui pouvait mettre en place ce type de programme c'est l'assurance maladie. Elle sait gérer des questions de gros volume. En cas de crise, nous pouvons mobiliser jusqu'à 80 personnes à la CPAM du Gard. La plateforme fonctionne actuellement sept jours sur sept, de 8h à 19h, avec dix agents en moyenne par jour pour une trentaine d'appels. On a pu s'organiser rapidement avec des personnes habituées à gérer des appels et à être en relation avec les médecins. Les compétences sont chez nous.
Jusqu'à quand va continuer ce dispositif ?
Cette mission est prévue par la loi d'urgence sanitaire donc jusqu'à ce que le Gouvernement nous demande d'arrêter. Et je ne pense pas que notre activité va cesser en la matière.
Propos recueillis par Corentin Corger
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